El Alami Kamal
16 Décembre 2024
À 18:42
La conférence, qui s’adressait aux professionnels de divers horizons, s’est articulée autour de trois panels abordant des aspects clés du secteur.
Transversalité et enjeux de souveraineté
Les allocutions introductives ont mis en exergue le rôle crucial et transversal de l’emballage au sein de l’économie nationale. Mounir El Bari, président de la FIFAGE, a positionné la conférence comme un espace d’échange essentiel pour consolider la souveraineté industrielle marocaine. Il a insisté sur la portée multisectorielle de l’emballage, impactant des secteurs stratégiques tels que l’agroalimentaire, la chimie, l’automobile, l’électrique, le pharmaceutique et la pêche, et a souligné son rôle déterminant dans leur compétitivité respective. Il a également insisté sur le fait que l’emballage est un levier important pour l’exportation des produits marocains, faisant de ce secteur un acteur incontournable de l’économie nationale.
Samia Terhzaz, directrice générale déléguée de la CGEM, a quant à elle mis l’accent sur l’impact économique significatif du secteur, générant 7.000 emplois directs et affichant une croissance rapide avec un chiffre d’affaires atteignant plusieurs milliards de dirhams et une production ayant doublé entre 2008 et 2023. Malgré cette croissance fulgurante, elle a pointé du doigt une faiblesse structurelle majeure : le manque de centres de formation spécialisés, freinant le développement des compétences nécessaires à la croissance du secteur. La CGEM, à travers sa commission «capital humain», travaille activement, en partenariat avec la FIFAGE, à combler cette lacune.
Youssef Fadil, directeur général de l’Industrie au ministère du Commerce et de l’industrie, a mis en lumière le sourcing local comme facteur essentiel pour accroître le taux d’intégration industrielle. Il a annoncé une initiative gouvernementale significative : la création du Centre technique pour l’emballage agroalimentaire (CITIA), une structure dédiée à l’accompagnement des entreprises dans leurs efforts d’innovation et de transition vers des pratiques plus durables. Il a également souligné que le Maroc était devenu une plateforme d’investissement et d’exportation attractive, permettant à l’industrie marocaine de contribuer de manière importante à la création de richesse et d’emplois, et a invité les entreprises à profiter des opportunités offertes par le Fonds de soutien à l’innovation, à travers le programme «Tatwir».
Panel 1 : l’emballage au service du «Made in Morocco»
Modéré par Khalid Lahbabi, directeur chez International Paper, ce premier panel a exploré le rôle de l’emballage dans la valorisation des produits marocains sur les marchés locaux et internationaux. Adil Zaïdi, président de la Fédération de l’automobile, a quantifié l’impact du coût de l’emballage sur la compétitivité, soulignant sa variation significative (0 à 20% du prix de revient, pouvant atteindre 40% dans certains cas). Abed Chagar, président de la Fédération de la chimie et de la parachimie, a élargi la discussion en précisant que, dans son secteur, l’emballage dépasse sa fonction première : il préserve la qualité, garantit la durabilité des produits et représente environ 10% des coûts de production. Il a plaidé pour une intégration verticale plus poussée et proposé une initiative audacieuse : la création d’une startup inter-fédérations dédiée à la conception d’emballages innovants et écoresponsables.
Ali El Harti, président de la FENELEC (Fédération nationale de l’électricité, de l’électronique et des télécommunications), a insisté sur l’impact de l’emballage dans son secteur ainsi que la nécessité d’une synergie accrue entre les acteurs industriels pour stimuler l’innovation et renforcer la compétitivité globale des entreprises marocaines grâce à des emballages optimisés. Enfin, Mounir El Bari a conclu en présentant des initiatives concrètes déjà mises en œuvre, telles que le recyclage annuel de 250.000 tonnes de carton et papier et une avancée majeure vers une économie circulaire. Il a également annoncé un partenariat fructueux entre une école d’ingénieurs marocaine et une institution spécialisée à Grenoble pour le développement d’un programme de formation dédié aux métiers de l’emballage, renforçant ainsi les compétences locales.
Panel 2 : l’impression et son implication dans le développement industriel
Ce deuxième panel, modéré par Tarik Lallouch, président du Groupement des industries marocaines (GMI), s’est concentré sur l’impression industrielle et son importance au sein des chaînes de valeur, notamment dans les secteurs agroalimentaires et de la pêche. Kamal El Alami, vice-président du GMI et directeur général adjoint du Groupe Le Matin, a mis en lumière une lacune structurelle significative : l’imprimerie n’est pas reconnue comme une industrie à part entière au Maroc. Ainsi, elle ne bénéficie pas d’un contrat-programme, malgré la lourdeur de ses investissements et sa forte intégration dans la chaîne de valeur industrielle. Il a aussi soulevé la complexité et l’inefficacité des programmes de soutien actuels, caractérisés par des démarches administratives longues et contraignantes. Ceci handicape la captation des opportunités des marchés mondiaux et empêche l’émergence d’acteurs nationaux compétitifs. Ces défis sont faciles à relever, puisque le Maroc dispose d’une infrastructure industrielle et logistique de classe mondiale et le reste n’est qu’une question d’optimisation administrative. Il a aussi évoqué le modèle italien, avec son système de super-amortissement (130%) en faveur des équipements neufs et d’hyper-amortissement (250%) qui encourage les investissements en industrie 4.0. Le modèle italien permet des cycles d’amortissement rapides, booste la performance et récompense la rentabilité.
Mohamed Ali Mechiche Alami, président de DICAPA, a partagé sa «success-story» d’intégration verticale, illustrant les bénéfices de ce modèle en termes de compétitivité (75% de sa production est destinée à l’exportation), tout en reconnaissant les défis de gestion rigoureuse qu’il impose. El Habib Doukkali, vice-président de la FIFAGE, a corroboré l’efficacité du modèle italien, préconisant une transition vers l’industrie 4.0 et 5.0 pour moderniser le secteur et améliorer sa compétitivité à l’échelle internationale. De même, il a précisé que le secteur comptait 12.500 acteurs. Mohamed Ali Oukacha et Hamid Felloun, représentants des secteurs de la pêche et de l’agroalimentaire, ont insisté sur la nécessité de solutions d’emballage innovantes répondant aux normes internationales et améliorant la durabilité des produits.
Panel 3 : recyclage et souveraineté industrielle
Le dernier panel a abordé les enjeux stratégiques du recyclage dans le secteur de l’emballage. Les intervenants ont mis l’accent sur la nécessité de promouvoir une économie circulaire et de renforcer les capacités techniques de gestion des matériaux recyclés. Le panel a conclu en soulignant l’importance de ce volet pour une souveraineté industrielle durable et responsable, conforme aux nouvelles tendances réglementaires mondiales.