LE MATIN
18 Novembre 2025
À 10:25
Après les
pluies enregistrées ces derniers jours dans plusieurs régions du
Maroc, la répartition des
ressources en eau stockées dans les
barrages varie fortement d’un
bassin hydraulique à l’autre. Alors que certaines régions bénéficient d’un niveau de remplissage relativement satisfaisant, d'autres peinent à constituer des réserves minimales, malgré la saison automnale. Voici un état des lieux, bassin par bassin.
Bouregreg : des réserves solidesAvec 686,7 millions de m³ stockés, ce bassin affiche le taux de remplissage le plus élevé du pays : 63,4 %. Le
barrage Sidi Mohammed Ben Abdellah, infrastructure stratégique pour l’approvisionnement de la région de Rabat-Casablanca, atteint à lui seul 67 % de remplissage, soit 657,9 millions de m³. Les barrages secondaires comme Tamesna (32 %) et Oued El Maleh (23 %) affichent des niveaux plus modestes.
Loukkous : un approvisionnement confortableLe
bassin de Loukkous enregistre 865,6 millions de m³ d’eau, pour un taux de 45,3 %. Plusieurs barrages maintiennent des niveaux satisfaisants, à l’image de Chefchaouen (84 %), Charif El Idrissi (81 %) ou Oued El Makhazine (72 %). Les ouvrages côtiers tels que Smir (61 %) ou Tanger Med (56 %) contribuent aussi à cette stabilité hydrique.
Sebou : le plus grand volume, mais sous la moyenneAvec 2.237,7 millions de m³, le
bassin du Sebou détient le volume le plus important à l’échelle nationale. Toutefois, son taux de remplissage reste limité à 40,2 %. Le
barrage Al Wahda, principal réservoir, contient 1.474 millions de m³ à 41 %. D'autres barrages plus petits présentent des niveaux élevés : Allal El Fassi (97 %), Garde Sebou (91 %), Bouhouda (70 %).
Guir-Ziz-Rhéris : une situation relativement équilibréeLe bassin conserve un taux global de 47,3 %, soit 254,1 millions de m³. Le
barrage Hassan Addakhil en concentre la majorité avec 57 % de remplissage (179,8 millions de m³), alors que Kadoussa plafonne à 33 %.
Tensift : des contrastes selon les ouvragesAvec 99,1 millions de m³ stockés, le bassin du Tensift présente un taux moyen de 43,6 %. Le barrage Sidi Mohammed Ben Slimane Jazouli tire la moyenne vers le haut avec 90 % de remplissage, tandis que Lalla Takerkoust affiche un niveau préoccupant de 14 %.
Draa-Oued Noun : fragilité persistanteLe volume stocké atteint 295,8 millions de m³, correspondant à un taux global de 28,2 %. Le barrage principal, Mansour Dahbi, se maintient à 38 %, tandis que les autres structures dépassent rarement les 25 %.
Moulouya : situation tendue malgré une exceptionCe bassin ne dispose que de 194,7 millions de m³, soit 27,1 % de sa capacité. Le barrage Sur Oued Za constitue un cas isolé avec 100 % de remplissage, mais les autres ouvrages peinent à dépasser les 20 %, mettant sous pression l’irrigation et l’approvisionnement local.
Souss-Massa : un des plus faibles taux au niveau nationalAvec seulement 141,3 millions de m³ (soit 19,3 % de remplissage), la situation reste critique. Le barrage Dkhila atteint 80 %, mais la plupart des retenues — notamment Abdelmoumen, Ahl Souss et Imi El Kheng — enregistrent des taux très bas.
Oum Errabia : un des bassins les plus en difficultéLe taux global de remplissage plafonne à 8,7 %, avec un volume total de 431,8 millions de m³. Si Sidi Idriss (97 %) et Timnoutine (79 %) restent des cas particuliers, les grands barrages structurants comme Bin El Ouidane (14 %) ou Al Massira (seulement 3 % pour 76,6 millions de m³) sont en situation critique.
Une vigilance renforcée à l’approche de l’hiver
Ce panorama confirme la vulnérabilité persistante de plusieurs régions face à la variabilité climatique. Les
taux de remplissage des barrages restent globalement insuffisants pour répondre durablement à la demande agricole, urbaine et industrielle, notamment dans les zones à forte pression démographique ou à vocation irriguée. À l’approche de la saison hivernale, les précipitations à venir seront déterminantes. En parallèle, la stratégie nationale devra poursuivre l’optimisation des usages, accélérer les projets alternatifs comme le dessalement et favoriser une gestion interbassins mieux coordonnée.