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Les étudiants en médecine et pharmacie ne décolèrent pas

Sept mois après la signature de l’accord du 7 novembre 2024, les étudiants en médecine, pharmacie et médecine dentaire expriment leur inquiétude face à la lenteur de sa mise en œuvre. Conçu pour apaiser la crise universitaire et améliorer les conditions de formation, l’accord avait nourri de fortes attentes. Si certaines avancées sont saluées, plusieurs engagements majeurs restent en suspens. Dans un nouveau communiqué, la Commission nationale des étudiants alerte sur les retards persistants et le flou entourant les prochaines étapes.

25 Juillet 2025 À 16:30

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Sept mois après la signature de l’accord du 7 novembre 2024, censé mettre fin à l’un des plus longs mouvement étudiant qu’ait connu le secteur de la santé au Maroc, la Commission nationale des étudiants en médecine, médecine dentaire et pharmacie est de nouveau montée au créneau. Dans un communiqué publié récemment, elle alerte sur la lenteur de la mise en œuvre de certains engagements pris par le gouvernement, tout en appelant à une accélération urgente des mesures promises.

Un accord historique... mais partiellement appliqué

L’accord du 7 novembre avait été présenté comme un compromis décisif, mettant un terme à une grève nationale entamée en septembre 2023. Le ministère de l’Enseignement supérieur et celui de la Santé avaient alors reconnu plusieurs revendications clés, dont la révision du système de formation, l’augmentation des indemnités de stage, la contractualisation des internes et résidents, ainsi que l’harmonisation des filières. Pourtant, selon la Commission nationale, bon nombre de ces engagements tardent à se traduire concrètement sur le terrain.

Des promesses sans suite concrète ?

Au cœur des préoccupations figure la non-publication du décret relatif à l’augmentation des indemnités de stage, pourtant annoncée avec effet rétroactif à janvier 2025. La Commission déplore le silence persistant des autorités à ce sujet, soulignant l’impact direct de ce retard sur les étudiants concernés, notamment ceux des promotions 2023–2024 et 2022–2023. Autre point d’achoppement : la contractualisation des internes et résidents sur une période de trois ans, un dispositif salué dans son principe mais qui reste, à ce jour, inégalement appliqué. Les représentants étudiants insistent pour que cette mesure soit étendue à toutes les promotions concernées, sans discrimination, afin d'éviter une fracture entre cohortes.

Quelques avancées à saluer malgré tout

Tout en restant vigilante, la Commission nationale reconnaît certaines avancées obtenues grâce à la mobilisation. Elle cite notamment l’intégration de la promotion 2023–2024 dans la réforme des études médicales en sept années, désormais actée par un arrêté publié au Bulletin officiel du 23 juillet 2025. Un point qui avait cristallisé les tensions à l’origine de la grève de l’automne dernier. Dans le même esprit, le dossier de la réforme de la filière pharmacie semble avoir franchi une étape importante, avec la publication du nouveau cahier des normes pédagogiques, intégrant plusieurs recommandations formulées par les étudiants. Des groupes de travail ont été mobilisés pour définir les contours du troisième cycle, dont les modalités doivent encore être officialisées.

Le ministère de la Santé appelé à trancher

Sur le front de la santé, la Commission évoque des discussions avancées avec le ministère, notamment concernant le projet de décret fixant la durée du contrat pour les internes et résidents. Selon ses informations, le texte est prêt mais suspendu à un arbitrage final avant sa transmission au secrétariat général du gouvernement. Là encore, l’impatience gagne les rangs étudiants, qui redoutent que les lenteurs administratives finissent par vider l’accord de sa substance.

Une vigilance de rigueur face aux promesses différées

Dans un ton ferme mais mesuré, la Commission rappelle que le dialogue ne peut porter ses fruits que s’il débouche sur des actes concrets. Elle s’inquiète d’une mise en œuvre au compte-gouttes, susceptible de ranimer les tensions que l’accord du 7 novembre devait justement apaiser. Elle appelle donc les ministères concernés à faire preuve de responsabilité, à respecter les délais fixés et à éviter toute manœuvre dilatoire. Dans une conjoncture marquée par un malaise croissant chez les jeunes professionnels, le respect des engagements pris devient un test de crédibilité pour le gouvernement. Faute de réponses claires et rapides, la trêve sociale obtenue en novembre pourrait bien ne pas durer.
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