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Les pharmaciens dénoncent la décision d'Amine Tahraoui de réviser les prix des médicaments

Les pharmaciens du Maroc ne décolèrent pas. Lundi dernier, le ministre de la Santé, Amine Tahraoui, a annoncé devant la Chambre des représentants une réforme majeure du système de tarification des médicaments et une révision du Code de la pharmacie. Une annonce qui a fait l'effet d'une bombe dans la profession. La Confédération des syndicats des pharmaciens du Maroc (CSPM) a aussitôt réagi, dénonçant «une approche unilatérale» et appelant à une ouverture immédiate du dialogue.

29 Mai 2025 À 18:35

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La profession pharmaceutique marocaine est en ébullition. À l’issue d’une réunion d’urgence, la Confédération des syndicats des pharmaciens du Maroc (CSPM) a vivement dénoncé mardi les «méthodes unilatérales» du ministère de la Santé, après l’annonce surprise d’une réforme majeure du système de tarification des médicaments et du Code de la pharmacie, lors de la séance des questions orales à la Chambre des représentants, lundi.

Un passage en force dénoncé

C’est dans un climat de vive tension que les représentants de la profession ont réagi aux déclarations du ministre. Dans un communiqué adressé à la presse mardi, Mohamed Lahbabi, président de la CSPM, n’a pas caché son indignation : «Nous découvrons dans la presse des projets qui impactent directement notre profession, sans aucune consultation préalable. Cette manière d’agir est inacceptable.»

Visiblement, les professionnels sont bien remontés contre la tutelle. Selon la Confédération, le ministère de la Santé aurait systématiquement ignoré les demandes de rendez-vous des organisations professionnelles depuis plusieurs mois. Pire encore, la réforme en question serait élaborée en catimini, sans tenir compte d’un contexte alarmant : un tiers des officines marocaines seraient aujourd’hui menacées de fermeture.

Un secteur au bord de la rupture

«Les chiffres avancés par la profession donnent le vertige. Entre les retards de remboursement des organismes d’assurance, la hausse des coûts des médicaments et la pression fiscale, de nombreux pharmaciens disent tenir à bout de bras leur établissement. Parler de baisser les tarifs dans ce contexte, c’est tout simplement irresponsable !», souligne une pharmacienne sous couvert d’anonymat. La CSPM quant à elle, met en garde contre les conséquences d’une telle réforme : «C’est toute la chaîne du médicament qui serait déstabilisée, avec à terme un risque réel pour l’accès aux soins des citoyens», insiste le Dr Lahbabi.

Les exigences de la profession

Face à cette situation explosive, la Confédération pose ses conditions. Elle exige du ministère des clarifications immédiates sur le contenu exact du projet de réforme. Elle demande surtout l’ouverture urgente d’un dialogue constructif, rappelant que la Constitution marocaine garantit le droit à la concertation pour toute réforme sectorielle. Par ailleurs, la profession lance un avertissement ferme : en l’absence de réponse satisfaisante, la réaction de la profession pourrait se durcir rapidement. Certains syndicats régionaux évoquent déjà des actions spectaculaires pour se faire entendre. La colère gronde donc dans les officines. Le ministère de la Santé, jusqu’à présent silencieux, se devra d’éteindre ces petits feux qui couvent, au risque de se retrouver devant une crise majeure dans un secteur en proie aux tensions depuis des années. Car poursuivre sa réforme annoncée en faisant fi des doléances des pharmaciens est la meilleurs manière de provoquer un blocage qui pourrait s’avérer coûteux.

Amine Tahraoui annonce le lancement d'un processus de révision approfondie du système de tarification des médicaments

Le ministre de la Santé et de la protection sociale, Amine Tahraoui, a annoncé, lundi à Rabat, lors de la séance des questions orales à la Chambre des représentants, le lancement d'un processus de révision approfondie du système de tarification des médicaments au Maroc. En réponse à une question orale du Groupe haraki portant sur la «Politique nationale des médicaments», le ministre a précisé que cette réforme visait à soulager le pouvoir d’achat des citoyens, encourager l’accès aux médicaments innovants et garantir la pérennité de la couverture sanitaire. Un nouveau modèle de tarification des médicaments est en cours d’élaboration dans un cadre consultatif avec toutes les parties concernées, en vue d'adopter une tarification juste et transparente, assurant l’équité, basée sur des références internationales tout en tenant compte des spécificités nationales, a-t-il fait savoir.

La politique médicamenteuse constitue l'un des piliers fondamentaux de la réforme du système de santé national, sous le Leadership de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, a affirmé le ministre. Et d’ajouter qu’elle repose sur plusieurs axes stratégiques, notamment la création de Agence marocaine des médicaments et des produits de santé (AMMPS), rappelant que cette agence est officiellement opérationnelle depuis la nomination de son directeur général par Sa Majesté le 18 octobre dernier, suivie de la tenue de son premier conseil d'administration.
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