Yousra Amrani
04 Novembre 2025
À 17:25
Représentants du gouvernement, du secteur privé et investisseurs s'étaient tous donné rendez-vous pour l'ouverture de la troisième édition de la
Journée nationale de l'industrie, dont les travaux se sont ouverts lundi dernier à Rabat. Tous les acteurs de l'écosystème industriel avaient accordé leurs violons et affichaient une ambition commune : hisser le Maroc au rang de plateforme industrielle de premier plan, résolument tournée vers la
souveraineté et
l'innovation. La cérémonie d'ouverture a mis ainsi en lumière une «volonté commune d'accélérer la transformation industrielle du Royaume», un cap stratégique tracé par la Vision Royale, qui semble désormais porter ses fruits.
Un bilan éloquent et une dynamique confirmée
Le Chef du gouvernement,
Aziz Akhannouch, a planté ainsi le décor en détaillant un bilan économique robuste, émaillé de chiffres significatifs. Les indicateurs parlent d'eux-mêmes :
la valeur ajoutée des industries de transformation est passée à
3,3% en 2024, affichant une croissance régulière. Plus impressionnant encore, le secteur a vu les exportations industrielles s'envoler pour atteindre 389 milliards de dirhams, représentant désormais 87% des exportations totales du Royaume.
«La marque
Made in Morocco est devenue un levier pour ancrer la place du Maroc en tant que plateforme compétitive dans l'industrie mondiale et les chaînes de production à haute technologie et à forte valeur ajoutée. Cette vitalité économique constitue également un puissant moteur pour l'investissement, a-t-il affirmé, précisant que plus de
35% des investissements directs étrangers (IDE) sont désormais captés par le secteur industriel.
Les fondations d'un édifice industriel moderne
Le Chef du gouvernement a tenu à souligner que cette performance remarquable n'était pas le fruit du hasard, mais le résultat d'une stratégie délibérée. M. Akhannouch a rappelé à cet égard l'impulsion continue de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, qui «a toujours dirigé et orienté un ensemble de stratégies industrielles accompagnées par des infrastructures de pointe». Le Chef de l’Exécutif a ensuite égrené les grands chantiers structurants qui ont jalonné cette transformation : Tanger Med, plus de 1.600 km d'autoroutes, la création de 150 zones industrielles et la mobilisation de 40.000 hectares de foncier industriel. Des projets récents, comme le complexe industriel de moteurs d'avions à Casablanca ou l'extension du train à grande vitesse vers Marrakech, viennent consolider et enrichir cet écosystème en pleine expansion.
La nouvelle frontière : souveraineté, innovation et capital humain
Mais l’ambition du Royaume ne s'arrête pas à ce bilan déjà substantiel. Au-delà des réalisations passées, la feuille de route future s'articule résolument autour de plusieurs priorités stratégiques. Dans ce sens, le ministre de l'Industrie et du commerce, Ryad Mezzour, a insisté sur la nouvelle phase de développement engagée, marquée par une transition numérique inéluctable. Pour lui, cette transition représente «une opportunité stratégique et non une menace pour l'emploi», une révolution comparable dans son impact à celle qu'a connue l'humanité avec l'invention de l'imprimerie il y a plusieurs siècles. Il a appelé à percevoir cette révolution technologique comme «un levier pour la croissance», capable de requalifier les compétences et d'améliorer significativement la qualité de la production nationale.
«Nous sommes conscients de l'importance cruciale de la requalification des ressources humaines pour pouvoir relever ce défi. C'est pourquoi nous considérons que la formation professionnelle est au cœur de cette transition», a-t-il déclaré, rappelant que le gouvernement s'engage ainsi à poursuivre le développement des compétences pour répondre aux besoins des secteurs à haute valeur ajoutée, formant ainsi «une nouvelle génération de professionnels et d'industriels», aptes à porter le Maroc industriel de demain.
Les défis à relever : financement et simplification
Une vision entièrement partagée par le secteur privé, représenté par Chakib Alj, président de la CGEM. Selon ce responsable, la priorité devra être accordée à la qualification des ressources humaines, parallèlement au développement du volet de la recherche et de l'innovation. Ainsi, tout en saluant les «réalisations issues d'un long parcours de réformes» porté par la Vision Royale, M. Alj a souligné les défis persistants, notamment celui crucial de l'accès au financement. «Le financement de l'industrie reste une condition sine qua non pour la durabilité de cette dynamique. Dans ce sens, les banques ont un rôle renforcé à jouer afin de fournir des solutions de financement flexibles et innovantes», a-t-il plaidé.
Autre chantier prioritaire évoqué : la simplification administrative. M. Alj a pointé du doigt le «fossé entre le texte juridique et la pratique», et la complexité des procédures qui dissuadent de nombreux investisseurs, reconnaissant que lui-même pâtit parfois de cette situation. Il a ainsi appelé à une simplification ambitieuse des procédures pour permettre aux investisseurs de se concentrer sur le développement de leurs projets plutôt que sur le dépassement fastidieux d'«obstacles bureaucratiques». Il a également insisté sur la nécessité de diversifier les sources d'énergie et d'encourager les investisseurs à adopter les énergies vertes en proposant des prix abordables, un impératif pour renforcer la compétitivité nationale à l'ère de la production décarbonée.
Une feuille de route partagée pour l'avenir
Cette troisième édition a ainsi acté une maturité nouvelle de l'industrie marocaine. Forte de ses succès récents et consciente des défis à venir, la communauté des affaires et le gouvernement affichent une ambition commune et renouvelée : faire du «Made in Morocco» un standard d'excellence et de compétitivité reconnu, et positionner résolument le Royaume sur la carte des nations industrielles émergentes les plus prometteuses. La feuille de route est tracée ; sa mise en œuvre concertée et déterminée sera la clé pour récolter les fruits de cette ambitieuse transformation et inscrire dans la durée le chapitre marocain de l'industrie du 21e siècle.