Brahim Mokhliss
22 Janvier 2025
À 13:38
Après trois jours d’échanges intenses, l’atelier sur la migration de la main-d’œuvre ayant démarré le 15 janvier à Kigali, s’est clôturé le 17 janvier 2025 sur des engagements forts. Les journalistes africains présents ont réaffirmé leur détermination à bâtir un réseau dynamique et uni, engagé dans la promotion d’une couverture médiatique éthique et inclusive des migrations. Avec des perspectives concrètes, telles que le renforcement de la collaboration transfrontalière, la lutte contre la désinformation et la mise en avant des droits des travailleurs migrants, cet atelier marque une avancée majeure dans la structuration d’un discours médiatique capable de refléter la complexité et la richesse des réalités migratoires en Afrique.
À Kigali, une étape décisive pour transformer le récit migratoire africain
«Le sujet de la migration, tel qu’il est présenté dans les récits dominants, est souvent biaisé et dévalorisant, surtout lorsqu’il concerne l’Afrique», a déclaré Aminata Sanou, vice-présidente du Réseau africain de journalistes sur la migration de la main-d’œuvre. Elle a souligné que «90% des migrations africaines se déroulent au sein du continent», battant en brèche l’image trop souvent véhiculée d’un exode massif vers l’Occident.
Le Réseau des Journalistes africains pour la migration, créé en août 2024 à Dakar, prend ainsi une nouvelle dimension avec cet atelier de Kigali. Il est désormais représenté dans les cinq régions du continent par des journalistes engagés : Jemina Beukess de Namibie pour l’Afrique australe, présidente du réseau, Brahim Mohkliss du Maroc pour l’Afrique du Nord et premier vice-président, Aminata Sanou du Burkina Faso pour l’Afrique de l’Ouest et deuxième vice-présidente, Eric Odour du Kenya pour l’Afrique de l’Est et Hilaire Ham du Cameroun pour l’Afrique centrale.
«Des mesures audacieuses et collaboratives sont nécessaires pour garantir que les droits des travailleurs migrants soient reconnaissables, protégés et promus», a souligné Omar Faruk Osman, président de la FAJ. Il a insisté sur l’importance d’actions médiatiques et syndicales cohérentes pour atteindre ces objectifs.
Des engagements concrets pour l’avenir
En effet, à l’issue de cet atelier de trois jours, les participants se sont engagés à analyser de manière critique les récits relatifs à la migration et à contrer la désinformation. «Le fait de naître en un point A et travailler en un point B ne devrait entraîner la stigmatisation de personne», a rappelé Aminata Sanou, appelant à une transformation profonde du discours médiatique sur la migration.
Les journalistes participants ont pris à l’issue de cette rencontre une série d’engagements concrets pour l’avenir de leur profession. La promotion d’un journalisme éthique et professionnel dans la couverture des questions migratoires s’impose comme une priorité absolue, étroitement liée au renforcement des collaborations transfrontalières entre professionnels des médias. Pour donner plus d’ampleur à cette initiative, ils prévoient également de développer des réseaux nationaux qui viendront compléter et soutenir l’action du réseau régional existant. Ces efforts s’accompagnent d’un engagement fort dans le plaidoyer pour des politiques migratoires plus justes, illustrant ainsi leur volonté d’influencer positivement le débat public sur ces questions cruciales. L’ensemble de ces engagements sera formalisé dans un document officiel que la Fédération des journalistes africains (FAJ) publiera dans les prochains jours. L’initiative s’inscrit dans une dynamique continentale plus large, impliquant la Commission de l’Union africaine et l’Organisation internationale pour les migrations, pour promouvoir une approche plus équitable et informée de la migration de main-d’œuvre à travers l’Afrique.
Des projets concrets pour soutenir l’initiative
Neha Choudhary, responsable technique à l’OIT Afrique, a présenté lors de cet atelier deux projets majeurs qui soutiendront ces efforts : le Programme conjoint sur la migration de la main-d’œuvre (JLMP-Lead) et le programme de Meilleure gestion régionale des migrations (BRMM). «Ces initiatives visent à renforcer la gouvernance de la migration de main-d’œuvre en Afrique, en favorisant une migration sûre, équitable et productive», a-t-elle expliqué. Le JLMP-Lead, doté d’un budget de plus de 2 millions de dollars et s’étendant jusqu’en mars 2025, vise à renforcer la gouvernance des migrations dans une perspective fondée sur les droits humains. Le BRMM, concentré sur l’Afrique de l’Est et la Corne de l’Afrique, dispose quant à lui d’un budget de 6 millions de livres sterling pour améliorer la gestion des migrations dans la région.
Cet atelier marque ainsi une étape décisive dans la transformation du récit médiatique sur la migration en Afrique, ouvrant la voie à une couverture plus équilibrée et respectueuse des réalités migratoires du continent.