Nizar Baraka dénonce publiquement la cherté de la vie, un coup à la coalition de la majorité ?
À l’heure où le pouvoir d’achat des Marocains est mis à rude épreuve, la question de la cherté de la vie s’impose comme un enjeu politique majeur. Les partis de différentes obédiences ne peuvent de ce fait s’empêcher de surfer sur la vague pour se mettre en posture du défenseur de la veuve et de l’orphelin. Dénonçant tour à tour la hausse vertigineuse des prix, la spéculation ou encore l’inaction du gouvernement, ils entendent ainsi gagner en popularité à l’approche des élections de 2026. Mais cette démarche paraît logique pour les formations de l’opposition, pour celles de la majorité, elle dénote une certaine incohérence. Nizar Baraka, secrétaire général du Parti de l’Istiqlal, une des composantes de la coalition gouvernementale, s’est livré à cette acrobatie. Samedi dernier, il a dénoncé la hausse du coût de la vie, mais tout en dédouanant l’Exécutif dont il fait partie.
Yousra Amrani
16 Février 2025
À 18:00
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Samedi dernier, en meeting à Ouled Frej, dans la province d’El Jadida, à l’occasion du lancement officiel du programme «2025, année du bénévolat», Nizar Baraka a vivement critiqué la spéculation sur les prix des moutons et de la viande rouge, accusant certains acteurs du marché de profiter des subventions publiques sans en faire bénéficier les citoyens. Devant une foule nombreuse de sympathisants et d’adhérents, le secrétaire général du Parti de l’Istiqlal a donné libre cours à sa verve oratoire en s’indignant de certaines pratiques qui mettent le pouvoir d’achat des citoyens à rude épreuve. «Lors du dernier Aïd Al-Adha, nous avons autorisé l’importation de moutons et de viande en apportant une aide de 500 dirhams par tête. Pourtant, certains les ont fait entrer au Maroc à 2.000 dirhams pour les revendre à 4.000 ! », a-t-il dénoncé sous les applaudissements nourris de l’assistance.
Le secrétaire général du Parti de l’Istiqlal a même adressé un message aux professionnels du secteur : «Nous sommes au mois de Chaâbane, Craignez Allah ! Arrêtez de vous enrichir sur le dos des Marocains et réduisez vos profits». À l’adresse des acteurs de la filière avicole, il a tenu le même discours sermonneur, estimant que la hausse des prix du poulet résulte elle aussi de marges excessives indûment engrangées : «Les consommateurs se sont tournés vers le poulet, ce qui a entraîné une augmentation des prix de cette denrée. Nous demandons donc aux producteurs de revoir leurs marges pour rendre les prix plus accessibles !», a-t-il lancé.
Un double discours entre critique et justification
En tenant ce discours, Nizar Baraka ne risque-t-il pas de fâcher ses alliés au sein de la coalition gouvernementale, déjà mise à mal par des sorties médiatiques musclées faites par certaines de ses figures emblématiques. Certes, il a pris soin de mettre en avant les efforts de l’Exécutif pour juguler la poussée inflationniste, mais parler de la cherté de la vie dans ce contexte peut être interprété comme la volonté de se désolidariser d’avec la majorité. Une chose est sûre, les propos de M. Baraka relancent encore une fois la question de la cohésion des composantes de l’équipe gouvernementale moins de trois semaines après la réunion de l’instance de la présidence de la majorité sous la présidence de Aziz Akhannouch, président du Rassemblement national des indépendants (RNI).