18 Février 2025 À 11:37
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La préhistoire du Maghreb occidental a longtemps été sous-estimée en raison du manque de données archéologiques détaillées. Cependant, les fouilles récentes menées à Kach Kouch dans la commune de Oued Laou, province de Tétouan, révèlent un tableau fascinant d’occupations humaines allant de l’âge du Bronze ancien (2200 av. J.-C.) à l’époque phénicienne (600 av. J.-C.). Ces découvertes remettent en question l'idée d’un Maghreb vierge de toute organisation complexe avant l'arrivée des Phéniciens et soulignent le rôle actif des communautés locales dans les échanges méditerranéens.
Ce constat a été publié dans un article scientifique intitulé " Rethinking Late Prehistoric Mediterranean Africa : Architecture, Farming and Materiality at Kach Kouch, Morocco", publiée dans la revue "Antiquity" du mois de février 2025 par co-signé par Hamza Benattia et d'autres auteurs.
Les fouilles ont mis en évidence une agriculture diversifiée dans la région, avec l’introduction progressive de la vigne et de l’olivier, marquant une influence croissante des pratiques méditerranéennes. L’élevage y joue également un rôle clé, notamment des ovins et caprins, ainsi que des porcs et bovins en moindre proportion. L’analyse des macrorestes végétaux et osseux suggère une gestion sophistiquée des ressources naturelles, avec des outils dédiés à la transformation des céréales et à la métallurgie.
L'étude archéologie a également permis de témoigner de l’intégration de la région dans un réseau d’échanges interrégionaux bien avant l’arrivée des Phéniciens. Les découvertes de poteries importées, d’outils métalliques et de structures architecturales hybrides confirment que les populations locales ne se limitaient pas à recevoir passivement des influences extérieures, mais adaptaient et fusionnaient ces pratiques à leur propre culture.
Cette découverte remet en question l’image d’un Maghreb isolé avant la colonisation phénicienne. Kach Kouch prouve que les sociétés locales étaient déjà organisées, sédentaires et impliquées dans des échanges commerciaux et culturels d’envergure. L’abandon du site vers 600 av. J.-C. pourrait être lié à des dynamiques régionales, telles que la création de nouveaux centres urbains plus attractifs et des transformations économiques engendrées par l’expansion phénicienne.
Les données issues de Kach Kouch suggèrent que d’autres sites similaires restent à découvrir au Maroc et en Afrique du nord. Cette étude incite à repenser la chronologie de l’occupation humaine et à approfondir l’exploration des interactions entre les sociétés locales et les civilisations méditerranéennes.