Hicham Oukerzaz
24 Octobre 2023
À 19:10
Le
PLF 2024 déçoit. C’est ce que déclarent
Rachid Hamouni et
Driss Sentissi, respectivement présidents des groupes parlementaires du
PPS et du
MP. Selon ces deux figures de l’opposition parlementaire, le
gouvernement a encore une fois prouvé son incapacité à apporter des réponses aux citoyens pour lutter contre la hausse du
coût de la vie et a raté une autre occasion d'engager une
réforme fiscale globale et équitable.
Soutien au pouvoir d'achat : la conception du gouvernement en dessous des attentes selon le PPS
Le
PLF 2024 se présente, aux yeux du président du groupe parlementaire du progrès et socialisme, Rachid Hamouni, dans un contexte où le
Maroc est appelé à relever de grands défis, tels que la généralisation de la
protection sociale, l'octroi d'
aides directes aux familles démunies et pour l'
acquisition de logements, ainsi que l'entame des préparatifs pour la réussite de l'organisation de la
Coupe du monde 2030. Ce PLF intervient également dans une passe compliquée, marquée par les répercussions du
tremblement de terre d'Al Haouz, le
stress hydrique et les fortes fluctuations sur la scène internationale. Néanmoins, souligne M. Hamouni dans une déclaration au «Matin», le
gouvernement invoque ces circonstances, non pas pour faire preuve de plus d'innovation et de diligence dans la recherche de solutions, mais pour prétexter son incapacité à le faire, et c'est là que se situe toute la nuance.
De fait, poursuit M. Hamouni, personne ne saurait se positionner en défaveur des grandes orientations annoncées dans ce PLF, mais notre désaccord avec le gouvernement tient à la nature des mesures prévues pour la mise en œuvre de ces orientations. Une première lecture du PLF fait apparaître quelques aspects positifs, tels que le maintien des
équilibres macro-économiques. Cependant, la conception gouvernementale du
soutien au pouvoir d'achat des citoyens et de la lutte contre la cherté de la vie et la
hausse des prix n'est pas suffisamment visible, affirme le président du groupe parlementaire du progrès et socialisme. En témoigne, argue-t-il, le fait que le gouvernement n'a pas osé entreprendre une
réforme fiscale globale et équitable, puisqu'il n'a pas cherché à revoir les tranches de l'
impôt sur le revenu (IR), ce qui fait plonger socialement la classe moyenne, ni à soumettre à l'impôt les grandes fortunes improductives, ou à taxer comme il se doit les acteurs des secteurs des
carburants ou des
télécoms, au vu des profits colossaux qu'ils ont engrangés.
La suppression de la TVA sur les médicaments profitera plutôt aux caisses de sécurité sociale
Et d'ajouter que les mesures touchant à la TVA vont faire l'objet de vifs débats, compte tenu du décalage entre le discours du gouvernement en faveur de la consolidation des fondements de l'État social et sa volonté d'augmenter la TVA sur l'eau, l'électricité et l'assainissement liquide. De même, en ce qui concerne l'exonération de la TVA sur les médicaments, cette mesure, bien que bienvenue, ne bénéficiera pas directement au citoyen, mais plutôt aux caisses de prévoyance et de sécurité sociale.
Par ailleurs, note M. Hamouni, le gouvernement, qui est arrivé à mi-mandat, parle plus qu'il n’agit sur des questions de réformes structurelles, telles que la réforme des entreprises et établissements publics, la réforme des caisses de retraite qui sont au bord de la faillite, le dialogue social et l'augmentation des salaires, la généralisation de la numérisation, le soutien à l'entreprise citoyenne, la création d'emplois décents en nombre suffisant, la lutte contre la rente et bien d'autres réformes repoussées, sans oublier les recommandations du nouveau modèle de développement qui sont passées à la trappe.
Et M. Hamouni de conclure que l'efficacité des mesures gouvernementales se mesure à leur impact sur le citoyen, «or voici que se prolongent la colère des enseignants, le ressentiment des petits et moyens entrepreneurs, le sentiment de mésestime chez les petits agriculteurs, la déperdition scolaire et universitaire ou encore la mauvaise réputation des services publics hospitaliers».
Pour le MP, le financement de projets sociaux et de développement exige de la créativité
Pour sa part, Driss Sentissi, président du groupe Haraki, estime que le gouvernement a fait le choix de passer par la voie fiscale pour financer les projets sociaux et de développement. Mais, considère-t-il, pour assurer ce financement, le gouvernement doit consentir davantage d'efforts et se montrer plus créatif. Par ailleurs, M. Sentissi est d'avis que les mesures concernant la TVA ne favoriseront pas l'amélioration du pouvoir d'achat des citoyens, dans la mesure où, s'il y a une exonération pour certains produits comme les médicaments, il y a un relèvement de la TVA par exemple pour l'eau et l'assainissement de 7 à 10% (+1% sur trois ans jusqu'en 2026), de même que pour le sucre, le transport de passagers et de marchandises, etc. Ces mesures prennent en effet en compte l'équilibre financier et négligent l'équilibre social, qui passe par l'élargissement de l'offre d'emploi et l'amélioration des conditions matérielles et sociales des citoyens, dit le président du groupe Haraki.
L'équilibre financier au mépris de l'équilibre social, déplore le MP
Évoquant les propositions du groupe Haraki, M. Sentissi affirme que le MP défendra toutes mesure visant l'amélioration des conditions de vie des citoyens marocains et la réduction des disparités territoriales et sociales. De même, le groupe Haraki plaidera en faveur de l'équité fiscale et de la revue de l'impôt sur le revenu, qui reste inchangé depuis 2010, ce qui le rend aujourd’hui particulièrement inéquitable à l'égard de la classe moyenne. En outre, le groupe Haraki, suivant son président, appellera à accorder une attention particulière aux zones montagneuses et à tirer les leçons du séisme d'Al Haouz.
Quant au chantier de la protection sociale, le groupe MP, nous affirme M. Sentissi, lui assurera un soutien sans faille, étant donné qu'il s'agit d'un Chantier Royal historique, tout comme il approuvera toutes les mesures visant à créer des emplois, à améliorer le climat des affaires, à encourager l'investissement et tout ce qui a trait au développement du capital humain, notamment en matière d'éducation, de santé et d'habitat.