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PLF 2026 : la vision et les priorités expliquées par Meriem Rmili

Le Projet de Loi de Finances 2026 dessine un horizon où continuité stratégique et réajustement social se rencontrent. Selon Meriem Rmili, députée et membre du bureau politique du Rassemblement national des indépendants (RNI), le PLF 2026 alloue des moyens sans précédent à la santé et à l’éducation, propulse l’investissement public à des niveaux inédits et pose les jalons de réformes structurelles ambitieuses. Tout en soulignant que les effets de ces réformes se feront sentir sur le long terme, l’invitée de « L’Info en Face », diffusée sur Matin TV le 17 novembre 2025, s’est employée à expliquer les choix, priorités et arbitrages qui structurent ce projet de loi.

22 Novembre 2025 À 10:50

D’emblée, Meriem Rmili, députée et membre du bureau politique du Rassemblement national des indépendants (RNI), plante le cadre : le PLF 2026 s’inscrit pleinement dans la mise en œuvre du nouveau modèle de développement, dans la droite ligne des orientations Royales et de la trajectoire définie par le gouvernement. Mais, souligne-t-elle, si ce projet s’inscrit dans la continuité, il n’en marque pas moins une rupture, « non pas par simple opportunisme, mais par rectification nécessaire ». L’État engage désormais des moyens d’une ampleur inédite vers les secteurs sociaux, répondant ainsi aux attentes des citoyens tout en traduisant les priorités fixées par le Souverain.

Santé et éducation : un investissement stratégique

À la tête des priorités, Meriem Rmili, députée et membre du bureau politique du Rassemblement national des indépendants (RNI), rappelle que le PLF dépasse largement le cadre d’un simple exercice budgétaire. « Il ne s’agit pas d’une réponse conjoncturelle, mais d’une rectification historique », souligne-t-elle, précisant que près de 140 milliards de dirhams sont alloués aux secteurs de la santé et de l’éducation, dont près de 100 milliards pour la santé et un peu plus de 40 milliards pour l’éducation. Selon elle, cet effort a été construit progressivement depuis 2021 et rendu possible par une augmentation graduelle des recettes publiques, « près de 100 milliards supplémentaires entre 2021 et 2026 ».

En matière de santé, elle rappelle que le budget couvre l’infrastructure, l’équipement et la masse salariale, tout en reconnaissant que l’apport financier seul ne suffira pas à combler le déficit chronique en compétences (médecins, infirmiers et sage-femmes). Et d’insister : « Injecter des milliards ne suffit pas, il faut aussi agir structurellement ». Pour ce faire, plusieurs leviers sont activés : la revalorisation salariale de la fonction publique, inscrite dans le cadre du dialogue social, élève le salaire moyen à 10 600 dirhams et représente un coût de 48 milliards pour l’État ; la création de 27 000 postes budgétaires, dont une part substantielle est destinée au secteur de la santé ; ainsi que la construction de CHU régionaux et la mise en place de facultés de médecine locales, destinées à former et fidéliser les praticiens dans leurs régions. À cela s’ajoute un assouplissement des seuils d’accès aux études médicales, « on peut désormais accéder aux études de médecine avec 12 de moyenne contre 16 auparavant », explique-t-elle, illustrant l’élargissement du vivier de futurs médecins. Mme Rmili admet qu’ « il n’y a aucune garantie » immédiate, mais affirme que le gouvernement connaît désormais les dysfonctionnements du passé et agit pour générer des effets durables. Dans la continuité de ce chantier social, Meriem Rmili souligne que le secteur éducatif exige patience et constance. Elle insiste sur le fait que l’allocation budgétaire massive ne peut être évaluée uniquement à l’aune d’effets immédiats.

Investissement public : 380 Milliards de Dirhams

Parmi les piliers majeurs du PLF 2026, Meriem Rmili met en avant l’investissement public, porté à un niveau inédit de 380 milliards de dirhams. Selon elle, « un dirham investi par l’État doit en générer deux voire trois dans le privé », traduisant une logique d’entraînement conçue pour stimuler l’ensemble de l’économie nationale. Elle reconnaît que, par le passé, le rendement de ces investissements a parfois été limité, imputable notamment à l’absence d’une stratégie claire et cohérente. Aujourd’hui, précise-t-elle, cette lacune est corrigée grâce à la charte de l’investissement et aux dispositifs spécifiques destinés à soutenir les très petites et petites entreprises (TPME).

En parallèle, la députée insiste sur le caractère structurant des grands chantiers — ports, lignes ferroviaires, transition énergétique, zones industrielles — qui ne se réduisent pas à des projets ponctuels. « Ces investissements ne servent pas seulement à répondre à des échéances comme la CAN ou la co-organisation du Mondial 2030, ils créent des fondations durables pour l’économie et les citoyens », affirme-t-elle, soulignant le rôle stratégique et à long terme de cette enveloppe publique.

Abordant ensuite la question du financement des infrastructures sportives liées au Mondial 2030, Meriem Rmili apporte une précision essentielle : « Le financement des stades ne relève pas du Projet de Loi de Finances 2026, il s’agit d’un texte spécifique qui sort du cadre strict du budget ». Elle rappelle que toute discussion relative au sport doit être considérée dans le cadre de ce texte général, et non à travers le prisme du PLF, afin de ne pas confondre les priorités budgétaires et les projets ponctuels.

Fiscalité, compétitivité et droits de douane : trouver l’équilibre

Le débat fiscal a occupé une place centrale dans l’échange avec Meriem Rmili. A cet égard, cette dernière rappelle que « la réforme de la fiscalité nationale, initiée depuis les Assises de 2019, vise à harmoniser le taux de l’IS à 20 % dans les conditions fixées par l’exécutif, afin de réduire la pression sur le capital ». Cependant, elle souligne que « l’imposition du travail reste élevée pour certains segments, ce qui appelle à une vigilance continue ». Selon elle, la stabilité fiscale constitue un levier essentiel pour la confiance des investisseurs : tout ajustement intempestif des taux pourrait, avertit-elle, « saper la crédibilité des plans d’affaires et freiner l’initiative privée ».

Elle attire par ailleurs l’attention sur la fiscalité locale et celle portant sur les facteurs de production, tels que l’énergie et divers coûts associés, qui « exercent une pression réelle sur les entreprises ». Sur la question des droits de douane, Mme Rmili rappelle que la convergence vers trois taux — environ 2,5 %, 17,5 % et 30 % — « s’inscrit dans une logique de préférence nationale et de souveraineté industrielle ». Dans ce même esprit, elle reconnaît néanmoins que certaines surtaxes sur des biens de consommation, comme les smartphones ou l’électroménager, « suscitent un certain inconfort et nécessitent une évaluation d’impact plus lisible », appelant à un équilibre prudent entre compétitivité, protection industrielle et pouvoir d’achat des citoyens.

Protection sociale et santé : réponses immédiates et chantiers à consolider

Pour répondre aux attentes sociales les plus pressantes, Meriem Rmili rappelle l’ampleur des dispositifs déjà en place. À ses yeux, ces mécanismes constituent des réponses tangibles au quotidien des citoyens, même si elle reconnaît que « certaines difficultés persistent, liées à des cas administratifs particuliers ».

S’agissant de l’assurance maladie généralisée, elle se félicite de « l’adhésion massive, avec près de 22 millions d’inscrits bénéficiaires », tout en appelant à la vigilance : « le climat de confiance et la fonctionnalité des remboursements restent perfectibles ». Dans ce sens, elle met en avant les défis qui persistent, notamment le recours fréquent au privé et le reste à charge élevé pour les familles, « des réalités que les réformes doivent corriger afin de renforcer l’efficacité et l’équité du système ».

Ainsi, insiste-t-elle, les dispositifs sociaux existants apportent des bénéfices immédiats, mais doivent s’inscrire dans une stratégie plus large, cohérente et durable, pour traduire les ambitions du PLF 2026 en améliorations concrètes et durables pour les citoyens.

Emploi : créations, destructions et temporalité de la reprise

Sur la question de l’emploi, Meriem Rmili soutient que les dispositifs d’insertion ont permis à de nombreux jeunes de décrocher leur premier emploi, mais que les besoins restent immenses : 900 000 emplois ont été créés, mais autant détruits, notamment dans les secteurs touchés par la sécheresse, et si le taux de chômage national reste stable autour de 13,1 %, il frôle 36% chez les jeunes. Pour elle, « la transformation du marché du travail ne se fait pas en un jour ». Elle insiste : les projets industriels et les investissements, bien qu’essentiels, nécessitent du temps pour produire des emplois durables et structurer véritablement les chaînes de valeur. « Aujourd’hui, on ne veut plus de court terme, nous construisons à moyen et long terme » conclut-elle.
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