Yousra Amrani
19 Novembre 2024
À 17:30
À peine nommé à la tête du ministère de la Santé et de la protection sociale,
Amine Tahraoui se retrouve confronté à une
crise sociale majeure. Le secteur est plongé dans une phase de turbulences, marquée par une série de
grèves, appelées à se multiplier dans les prochains jours. Malgré l'annonce récente par la
Coordination des syndicats du secteur de la santé de la fin de la crise liée au projet de loi de Finances 2025, après l'acceptation par le
gouvernement de la question de la «centralisation des salaires», les tensions persistent. Les
médecins du secteur public réclament toujours des garanties supplémentaires, notamment la consultation du texte réglementaire encadrant cette mesure.
Une mobilisation sans précédent
Le Syndicat indépendant des médecins du secteur public a dévoilé dimanche un plan d’action comprenant une grève nationale de trois jours, prévue les mardi, mercredi et jeudi de cette semaine dans les établissements de santé publics, à l’exception des services d’urgences et de réanimation. Le communiqué de l’organisation syndicale parle également d’intensification des actions de protestation au cours des trois prochaines semaines : grèves, «semaine de la colère» et sit-in dans toutes les régions. Ces actions visent à dénoncer l’accord de juillet 2024, que le syndicat assimile à un «marché de dupes». Celui-ci estime qu’il s’agit d’une «erreur» qui a aggravé la situation dans le secteur de la santé en consolidant les causes du mécontentement et en portant atteinte aux droits des travailleurs, particulièrement ceux des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes.
Les médecins internes et résidents en renfort
Et pour ne rien arranger, la Commission nationale des médecins internes et résidents a annoncé elle aussi une grève nationale ces mercredi et jeudi. Cette mobilisation intervient en réponse à l’absence de réaction des ministères concernés aux demandes de ces professionnels qui exigent l’ouverture d’un dialogue sérieux autour de leurs revendications. Ali Farsi, coordinateur national de la commission, justifie cette démarche : «Nous avons décidé d’organiser trois grèves par semaine. Cette semaine, nous avons choisi le mardi, car lundi a coïncidé avec la Fête de l’Indépendance. Cela permet de minimiser l’impact sur les hôpitaux tout en maintenant la prise en charge dans les services vitaux. Cependant, nous tenons le gouvernement et les ministères pour responsables de cette impasse. Nous avons demandé un dialogue avant d’entamer les grèves, mais aucune réponse ne nous est parvenue».
Cette crise ainsi que celles des autres professionnels met en lumière les défis structurels du secteur de la santé. Entre tensions et attentes sociales, la tâche du nouveau ministre Amine Tahraoui ne sera pas aisée. De sa capacité à gérer ces dossiers brûlants dépendra en grande partie l’avenir de la mise en œuvre du chantier de généralisation de la couverture médicale.