Nation

Santé publique : le ministère dépêche des commissions d’inspection face à la grogne

Le ministère de la Santé et de la Protection sociale a dépêché cette semaine des commissions d’inspection dans plusieurs hôpitaux et centres de santé du Royaume. Objectif : évaluer le fonctionnement des établissements publics dans un contexte marqué par des protestations croissantes des patients et des professionnels.

28 Septembre 2025 À 14:00

Your browser doesn't support HTML5 audio

Selon des sources citées par Assahra Al Maghribia, ces commissions incluent des représentants de l’administration centrale ainsi que des délégations régionales et provinciales. Elles interviennent dans le cadre de ce que certains qualifient de « mouvement de la santé », caractérisé depuis plusieurs jours par des protestations continues de patients et de leurs familles, réclamant une amélioration de l’accueil, de la prise en charge et des conditions de travail dans le secteur.

Les équipes dépêchées ont tenu des réunions avec les professionnels de santé pour recueillir leurs doléances, notamment liées au manque criant de ressources humaines, à la vétusté des infrastructures et à la surcharge de travail. Elles ont également inspecté les services d’accueil, les soins de base et les urgences, afin de diagnostiquer les défaillances et d’identifier les besoins réels de chaque établissement.

Une tentative d’apaisement et de proximité, les syndicats restent sur la réserve

Pour le ministère, cette initiative vise à contenir la colère des usagers en proposant des solutions immédiates et concrètes. Elle marque un changement d’approche : privilégier la communication directe sur le terrain et la concertation collective, plutôt que les seules correspondances administratives. L’objectif affiché est de rétablir la confiance entre l’administration et les professionnels d’une part, et entre les citoyens et l’hôpital public d’autre part.

Les syndicats restent prudents. Plusieurs sources craignent que ces inspections ne soient « conjoncturelles », liées à la pression de la rue, et redoutent qu’elles ne se limitent à des opérations ponctuelles sans réformes structurelles. Ils appellent à des mesures tangibles : amélioration de l’accueil des patients, réduction des délais de diagnostic et d’intervention, réparation des équipements en panne, renforcement du personnel et respect de la dignité des malades.

Pour Mustapha Jaa, secrétaire général du Syndicat indépendant des infirmiers, la crise du système de santé est « structurelle et complexe ». Elle ne saurait être résolue en désignant des responsables ou en se limitant aux protestations. Le déficit en ressources humaines dépasse les 30.000 professionnels, obligeant médecins et infirmiers à travailler dans des conditions éprouvantes, au détriment de la qualité des soins. Il rappelle aussi que le Maroc consacre environ 7 % de son budget national à la santé, loin des 12 % recommandés par l’OMS, ce qui se traduit par un manque criant d’équipements et de fournitures médicales.

Jaa plaide enfin pour considérer la santé comme une responsabilité nationale et souveraine, nécessitant la mobilisation de l’ensemble des acteurs : gouvernement, gestionnaires, professionnels, citoyens et secteur privé. À l’image de la gestion de la pandémie de Covid-19, il estime qu’une volonté politique forte, une planification stratégique et une coopération réelle entre toutes les parties prenantes sont indispensables pour réussir la réforme engagée dans le cadre du chantier royal de généralisation de la protection sociale.
Copyright Groupe le Matin © 2025