Intervenant lors d’un point de presse organisé lundi à Rabat,
Nasser Boulaajoul a souligné que ce programme exceptionnel vise à réduire le
nombre d’accidents et
de victimes sur
les routes marocaines durant la période estivale, en s’appuyant sur un dispositif renforcé sur le terrain. En effet, ce programme estival 2025 s’inscrit dans un contexte préoccupant. Sur les cinq premiers mois de l’année, le Royaume a enregistré 62.870 accidents corporels, causant 1.624 morts, 4.095 blessés graves et 83.313 blessés légers. Ces chiffres marquent une hausse de +20,9 % des décès par rapport à la même période de 2024, elle-même déjà marquée par une aggravation alarmante (+5,37 % de décès par rapport à 2023). À noter, les régions de Marrakech-Safi (+38,2 %) et de Souss-Massa (+40 %) affichent les plus fortes hausses de la mortalité.
Dans ce contexte, l’Agence nationale de la sécurité routière (NARSA) a mis en place un plan d’intervention structuré autour de trois axes : la lutte contre la vitesse excessive, le contrôle des comportements dangereux, et la sécurisation du transport public.
Parmi les principaux leviers de ce plan :
le renforcement du contrôle de terrain, via l’utilisation combinée de
radars portables,
fixes et
autonomes, ainsi que l’
inspection des véhicules de transport public, aussi bien dans les gares qu’aux destinations touristiques. Les tronçons classés comme « dangereux » ou « très dangereux » feront l’objet d’interventions ciblées. Un comité de veille estivale sera également mis en place pour assurer
le suivi opérationnel et actualiser en temps réel la cartographie des « points noirs » à partir des données relatives aux accidents.
Deux publics particulièrement ciblés cet été : les
conducteurs de deux-roues motorisés et les
piétons. Les statistiques montrent que les utilisateurs de motos constituent 33,87 % des morts sur les routes en 2024, une proportion en forte hausse par rapport à 2015. Le taux de gravité est multiplié par 6 pour les motocyclistes ne portant pas de casque. Quant aux piétons, ils représentent près de 30 % des décès durant la saison estivale.
Face à cela, les autorités ont déployé plusieurs dispositifs :
- Des radars mobiles et fixes dans 620 zones jugées à haut risque ;
- Des brigades mobiles de contrôle intensifié dans 13 grandes villes ;
- Des vérifications techniques sur les autocars interurbains et les véhicules à deux ou trois roues ;
- Des opérations de sensibilisation sur les aires de repos, gares routières et ports.
L'objectif affiché est double : sauver des vies et renforcer la culture de la sécurité routière.
Sur le volet
sensibilisation, des
caravanes éducatives, baptisées
Villages de la sécurité routière, parcourront huit grandes villes du Royaume durant juillet et août. Elles proposeront des ateliers interactifs, des démonstrations, des simulations d’accidents, ainsi que des espaces pédagogiques pour les enfants et les jeunes.
Du côté réglementaire, plusieurs mesures seront mises en œuvre, dont
la suspension du transfert de propriété des véhicules en cas d’amendes impayées pour infractions graves.
NARSA prévoit également un
contrôle technique obligatoire pour les motocycles de plus de 50 cc, ainsi que le déploiement de
caméras intelligentes en milieu urbain pour la constatation automatique des infractions.
Une application stricte de la circulaire de
la Présidence du ministère public viendra en appui pour réprimer certaines infractions spécifiques, selon le DG de l’Agence.
Ce programme, comme l'a rappelé Boulaajoul, s’inscrit dans une vision intégrée, articulée autour de quatre axes :
prévention, veille, répression et
sensibilisation. Il inclut également des mécanismes d’
évaluation de l’impact sur le terrain, destinés à alimenter la prise de décision par des données actualisées.
Une détérioration confirmée par les derniers chiffres
Cette stratégie d’urgence s’explique par la gravité des chiffres récemment publiés par la NARSA. En marge de la présentation du programme, Nasser Boulaajoul, DG de l’Agence, a dévoilé un bilan routier alarmant.
En
2024,
4.024 personnes ont perdu la vie sur les routes marocaines, soit une hausse de
5,37% par rapport à l’année précédente. Le nombre de
blessés graves s’est également envolé, atteignant
14.718 cas (+25,95%), tandis que
les accidents corporels ont totalisé
143.272 cas, marquant une augmentation de 16,22%.
La tendance s’est nettement détériorée au cours
des cinq premiers mois de 2025 :
1.624 décès ont déjà été recensés, soit
une hausse de
20,9%, accompagnés de
4.095 blessés graves (+21,3%).
Du côté des profils à risque,
les piétons concentrent 27,3% des décès enregistrés, tandis que
les motocyclistes en absorbent près de
46,9%, confirmant leur forte exposition.
Cette tendance haussière se reflète également dans la ventilation régionale. Certaines zones accusent des pics préoccupants, à l’image de
Dakhla-Oued Eddahab qui enregistre une hausse de
62,5% du nombre de tués, suivie de
Sous-Massa (+40%),
Marrakech-Safi (+38,2%) et
Tanger-Tétouan-Al Hoceima (+27,8%). À contre-courant de cette dynamique nationale, Guelmim-Oued Noun affiche
une baisse notable de
20% du nombre de tués, alors même que la région connaît
une hausse de 13,7% du volume global d’accidents corporels.
Permis de conduire : près de 1.500 permis annulés pour perte totale de points
La question du permis à points devient centrale dans la politique de répression routière. Au premier semestre 2025, plus de 2 millions de permis ont fait l’objet d’un retrait de points, et 1.482 permis ont été purement et simplement annulés. Une alerte sérieuse sur la persistance des infractions graves.