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Transport par taxis : les scénarios de réforme en cours d’élaboration

C’est un signal politique clair adressé à un secteur longtemps géré par ajustements successifs. Le lundi 22 décembre 2025, à la Chambre des représentants, le ministre de l’Intérieur a annoncé l’ouverture d’une étude stratégique approfondie sur le transport par taxis, appelée à fonder une réforme de structure. L’objectif affiché est de traiter à la racine les déséquilibres organisationnels qui affectent un service omniprésent dans le quotidien des citoyens, mais fragilisé par ses propres mécanismes.

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Longtemps relégué à une gestion pragmatique, parfois improvisée, le secteur des taxis concentre pourtant des enjeux majeurs de mobilité, de service public et d’équilibre social. Derrière la familiarité de ce mode de transport se superposent des fragilités anciennes, nourries par un cadre juridique contraint, des pratiques hétérogènes et des attentes citoyennes en constante évolution. En réponse à une question orale sur sa mise à niveau, le ministre de l’Intérieur a tenu à cadrer le débat : pas de réforme improvisée, mais une refonte fondée sur le diagnostic, l’analyse comparée et la concertation avec les acteurs concernés. Une méthode assumée, a-t-il expliqué, pour rééquilibrer un secteur fragile sans en bousculer les fondements sociaux.


Contrôles et sanctions : un signal clair

Les données communiquées par le ministre donnent la mesure des dérives observées sur le terrain. Au cours de l’année 2025, près de 5.000 infractions ont été constatées à l’encontre de chauffeurs de taxis, toutes catégories confondues, entraînant le retrait temporaire ou définitif de plus de 1.500 permis de confiance. Au-delà de leur portée statistique, ces chiffres traduisent une volonté assumée de réaffirmer l’autorité de la règle. Pour Abdelouafi Laftit, ces mesures ne relèvent pas d’une logique punitive isolée, mais d’un rappel de principe: la qualité du service rendu aux citoyens ne peut être dissociée du respect des normes et des obligations professionnelles.

Un secteur qui doit évoluer avec son époque

Dans le prolongement de son intervention, le ministre a tenu à souligner un principe qu’il juge déterminant : le secteur des taxis ne saurait durablement demeurer en retrait des mutations profondes qui redessinent aujourd’hui les champs du transport et des services. Son organisation comme sa régulation, a-t-il insisté, doivent gagner en cohérence et en homogénéité sur l’ensemble du territoire national, dans l’intérêt à la fois des professionnels du secteur et des usagers. À défaut, a averti le ministre, le maintien du statu quo ne ferait qu’exacerber des tensions déjà perceptibles sur le terrain et fragiliser davantage un service de proximité essentiel.

Une Étude stratégique pour faire entendre la parole de méthode

À cet égard, le ministère de l’Intérieur a engagé, dès le début de l’année 2025, une étude stratégique approfondie, conçue comme un préalable méthodique à toute réforme d’ampleur du secteur des taxis. L’objectif, tel que l’a exposé le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, est d’identifier avec précision les dysfonctionnements qui affectent ce mode de transport et d’explorer des solutions à même d’en corriger les limites structurelles. M. Laftit a tenu à préciser que les phases de diagnostic approfondi et d’analyse des expériences internationales sont désormais achevées, le chantier étant entré dans une phase plus délicate : celle de l’élaboration de scénarios de réforme. Ces propositions, a-t-il insisté, seront portées à la connaissance des intervenants du secteur avant toute mise en œuvre, dans une logique de concertation et afin d’éviter toute rupture brutale.

Un poids social qui commande la prudence

Avec un parc estimé à près de 77.200 taxis – 44.650 taxis de première catégorie et 32.550 taxis de deuxième catégorie – et un effectif avoisinant les 180.000 chauffeurs, le secteur des taxis occupe une place singulière dans le tissu économique et social du pays. Cette réalité, a souligné le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, appelle une conduite mesurée de la réforme : il s’agit d’engager les transformations nécessaires, sans perdre de vue les implications humaines et territoriales qu’emportent inévitablement les décisions à venir.

Des réformes engagées, mais encore inachevées

Dans la continuité des orientations tracées, le ministre a tenu à souligner les actions déjà entreprises par les autorités provinciales, conduites en étroite coordination avec les services centraux du ministère de l’Intérieur. Inscrites dans le cadre d’une feuille de route intégrée, ces mesures ont permis d’actualiser les décisions réglementaires, de renforcer l’encadrement des autorisations et de consolider les mécanismes de contrôle du secteur. Dans le même mouvement, l’exploitation des taxis a été recentrée sur les chauffeurs professionnels, afin de contenir les dérives liées aux délégations insuffisamment maîtrisées et de rétablir une chaîne de responsabilité plus lisible au sein du secteur.

Modernisation du parc : un acquis désormais établi

Parmi les avancées les plus tangibles mises en avant par le ministre figure la modernisation du parc des taxis. Porté par le programme de soutien au renouvellement, ce chantier a permis de renouveler près de 80% de la flotte nationale, réduisant ainsi l’âge moyen des véhicules de 25 ans à 8 ans. Cette dynamique, a toutefois rappelé le ministre de l’Intérieur, M. Laftit, connaît un temps d’arrêt depuis la fin de l’année 2021, dans l’attente de nouvelles orientations appelées à découler de l’étude stratégique en cours.

Former, moderniser, mieux servir

Dans cette approche graduée, le ministre a rappelé que l’amélioration du service rendu ne saurait relever d’un simple durcissement des mécanismes de contrôle. Elle repose d’abord sur le respect effectif des tarifs et des conditions de prestation, mais aussi sur un effort soutenu de formation, destiné à inscrire durablement le professionnalisme au cœur du secteur. À cette exigence s’ajoute la modernisation des outils de gestion et d’information, ainsi que le déploiement progressif de guichets et de plateformes numériques, appelés à accompagner l’évolution des pratiques, même si leur appropriation demeure, à ce stade, inégale.

Des blocages persistants

Sans occulter les progrès enregistrés, Abdelouafi Laftit a tenu à pointer la persistance de fragilités structurelles. Il a notamment évoqué l’insatisfaction persistante d’une partie des usagers quant à la qualité du service, les limites d’un cadre juridique encore perfectible, la multiplicité des intervenants et les tensions qu’elle engendre, ainsi que la lenteur dans l’appropriation des outils numériques. À ces contraintes s’ajoutent, a-t-il souligné, l’expansion du transport non autorisé via des applications et les résistances au changement de certains acteurs attachés aux équilibres existants, autant de facteurs qui continuent de compliquer la mise en œuvre d’une réforme d’ensemble.
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