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500 DH par mois pour chaque enfant orphelin ou abandonné : un nouveau jalon dans la construction de l’Etat social

Longtemps livrés à eux-mêmes à leur sortie des foyers, les enfants orphelins ou abandonnés vont désormais bénéficier d’une aide mensuelle de 500 dirhams, versée sur un compte bloqué jusqu’à leur majorité. Une mesure concrète, inscrite dans le cadre du chantier Royal de soutien social direct, qui redonne espoir à une jeunesse longtemps oubliée par les politiques publiques.

23 Décembre 2025 À 18:52

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À partir de ce mois de décembre 2025, chaque enfant orphelin ou abandonné pris en charge dans un établissement de protection sociale au Maroc recevra 500 dirhams par mois. L’annonce, faite à l’issue du Conseil du gouvernement tenu mardi 23 décembre, marque une avancée majeure dans la mise en œuvre du programme Royal de soutien social direct. Cette allocation sera versée sur un compte personnel ouvert au nom de l’enfant auprès de la Caisse de dépôt et de gestion (CDG). L’argent restera bloqué jusqu’à sa majorité, garantissant un minimum de 10.000 dirhams à retirer une fois l’âge légal atteint. Jusqu’ici, beaucoup de ces jeunes rencontraient de grandes difficultés au moment de quitter les institutions, faute de ressources ou de repères, au seuil de leurs 18 ans. Selon les estimations officielles, un enfant suivi pendant 15 ans pourrait accumuler plus de 100.000 dirhams.

Une réponse ciblée à une vulnérabilité extrême

Cette mesure vise une catégorie souvent ignorée des politiques sociales : les enfants sans soutien familial, confiés aux soins de structures sociales. Orphelins, abandonnés, parfois sans identité juridique claire, ils sont aujourd’hui reconnus comme des bénéficiaires à part entière du système d’aide directe, au même titre que les enfants vivant en famille. Cette mesure s’inscrit par ailleurs dans le cadre du programme Royal de généralisation du soutien social, lancé le 2 décembre 2023, en exécution des Hautes instructions de S.M. le Roi Mohammed VI. Elle répond à l’impératif de garantir l’égalité de traitement entre tous les enfants bénéficiaires d’aides publiques, tout en tenant compte de la vulnérabilité particulière de ceux qui ont grandi sans famille. Le décret, fondé sur l’article 16 de la loi 58-23, reconnaît leur droit à une aide autonome. Il fixe les conditions d’éligibilité, les critères d’attribution et les modalités de gestion de cette allocation spéciale. Toutefois, le décret précise que cette allocation n’est pas cumulable avec d’autres aides destinées à l’enfance vulnérable, notamment les prestations mensuelles liées aux risques de l’enfance ou les aides perçues par les tuteurs d’orphelins de père.

Une gestion centralisée et numérique

C’est l’Agence nationale du soutien social (ANSS) qui supervisera ce nouveau dispositif, en partenariat avec les ministères de l’Intérieur, des Finances et de la Solidarité. Deux plateformes ont été créées à cette fin : l’une au sein de l’ANSS, l’autre sous l’égide du ministère de la Solidarité, via l’institution du Croissant-Rouge marocain. Elles centraliseront les données des enfants concernés, collectées par les directions régionales de l’Entraide nationale, pour assurer un suivi individualisé. Cette approche vise à garantir transparence, traçabilité et équité, en rompant avec les pratiques anciennes souvent opaques ou aléatoires. Ainsi, après l’élargissement de l’AMO, l’adoption du Registre social unifié et la généralisation progressive des allocations familiales, cette aide pour les enfants orphelins ou abandonnés confirme l’ancrage d’une nouvelle politique de solidarité au Maroc.
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