. Dans ce contexte, et afin de garantir la
des joueurs, des officiels, des supporters et des visiteurs, un dispositif médical d’envergure a été déployé. À cet effet, plus de 500
. La mobilisation s’étend à l’ensemble du
, y compris le secteur privé. Concrètement, cette organisation couvre toutes les villes hôtes –
– et fonctionne simultanément sur plusieurs sites, grâce à une logistique conçue pour garantir des interventions rapides et efficaces en toutes circonstances. Il convient de préciser que ces dispositifs relèvent de ce que l’on désigne comme la «médicalisation de l’événement sportif». L’objectif est d’assurer la prise en charge immédiate des urgences et des soins directement liés à la compétition, tout en garantissant un accompagnement continu des publics présents sur les sites. Une approche d’ailleurs saluée par l’ensemble des experts nationaux et internationaux.
Toutefois, force est de reconnaître que cette dimension, aussi indispensable soit-elle, ne peut à elle seule relever l’ensemble des défis sanitaires posés par la CAN. Car un tel événement implique «des rassemblements massifs et des flux internationaux importants, ce qui accroît les risques sanitaires, notamment l’importation de maladies infectieuses, l’émergence de foyers épidémiques ou la réapparition de pathologies déjà présentes sur le territoire», explique Dr
Tayeb Hamdi, médecin-chercheur en politiques et systèmes de santé publique. Face à ces risques, un autre volet s’impose alors comme complémentaire : la protection de la santé publique. Selon Dr Hamdi, cette dimension constitue un pilier fondamental, reposant sur la prévention et la détection précoce des signaux sanitaires. Dans cette perspective, le médecin souligne que les deux volets – la médicalisation de l’événement et la protection de la santé publique – forment ce que l’on appelle la «santé événementielle».
Un dispositif de veille renforcé à l’échelle nationale
Pour assurer la protection de la santé publique, le ministère de la Santé et de la protection sociale a mis en place un dispositif de veille et de surveillance épidémiologique renforcée, dont «Le Matin» a consulté une copie. Son objectif est de détecter précocement tout signal de menace potentielle ou avérée pour la santé publique, durant une période allant de J-7 avant le début de la compétition jusqu’à un mois après sa clôture, soit du 14 décembre 2025 au 18 février 2026. Ce dispositif s’appuie sur le renforcement du système existant et s’articule autour de trois axes complémentaires :
• Le premier concerne la surveillance active renforcée des maladies à déclaration obligatoire, parmi lesquelles figurent le choléra, le paludisme, les méningites, les hépatites virales ou encore certaines infections respiratoires sévères. Déployée dans les structures de santé publiques et privées, cette surveillance vise à garantir une détection rapide et une investigation immédiate de tout cas suspect.
• Le deuxième axe repose sur la surveillance syndromique, particulièrement adaptée aux rassemblements de masse. Elle permet d’identifier précocement des signaux faibles, avant même la confirmation biologique. Sont notamment surveillés les syndromes grippaux, les diarrhées aiguës, les fièvres avec éruptions cutanées, les syndromes méningés ou encore les fièvres hémorragiques. Cette approche offre un temps d’avance précieux pour déclencher des mesures de riposte ciblées.
• Enfin, le dispositif intègre une veille épidémiologique communautaire, fondée sur le signalement de tout événement sanitaire inhabituel au sein de la population : cas groupés, décès inexpliqués, symptômes rares ou phénomènes environnementaux à impact sanitaire. Les centres de veille sont renforcés dans les villes hôtes et satellites, en coordination avec les autorités locales, afin d’assurer une couverture aussi large que possible.
Le ministère précise toutefois que ces approches renforcées ne remplacent en aucun cas le système de surveillance épidémiologique de routine, dont les activités sont maintenues en continu. Le dispositif concerne les six villes abritant la CAN – Casablanca, Rabat, Agadir, Fès, Tanger et Marrakech – ainsi que plusieurs villes satellites susceptibles d’accueillir des supporters, notamment Salé, Témara, El Jadida, Asilah et Inezgane.
La digitalisation, pilier de la santé événementielle
Un autre pilier essentiel du dispositif réside dans la digitalisation, qui vient compléter les activités de surveillance traditionnelles. La collecte des données s’effectue désormais à travers un système d’information digitalisé, permettant un suivi plus rapide et plus précis. Pour Dr Tayeb Hamdi, cet outil est devenu incontournable en matière de santé événementielle : «Les outils numériques permettent une remontée instantanée des données, une analyse en temps réel et une prise de décision anticipée. Ils facilitent également la coordination entre les différents acteurs – établissements de soins, autorités sanitaires, équipes d’intervention – et renforcent la coopération interinstitutionnelle», explique-t-il. Et d’ajouter qu’au-delà de la CAN 2025, cette digitalisation représente un héritage durable. «Les données collectées offriront une base scientifique précieuse pour le Maroc, mais aussi pour les instances sportives continentales et internationales, ainsi que pour les chercheurs. Elles contribueront à faire progresser les standards de la santé événementielle à l’échelle internationale», note-t-il, soulignant ainsi l’importance de ces outils bien au-delà de l’événement lui-même.
La CAN 2025 : un test grandeur nature pour l’avenir
Pour Dr Tayeb Hamdi, la réussite de ce protocole dépend non seulement de l’implication des professionnels de santé, mais aussi de celle des citoyens. Il appelle à rester à l’écoute de son corps, à observer les changements inhabituels et à ne pas hésiter à consulter, rappelant que chaque signal, aussi minime puisse-t-il paraître, est important et doit être signalé. Par ailleurs, l’expert note que la protection de la santé publique durant cette période constitue un indicateur stratégique. «Si le Maroc parvient à assurer correctement la couverture sanitaire de la CAN 2025, tout en protégeant la santé publique, il maximisera dans le futur sa chance d’accueillir durablement de grands événements internationaux, bien au-delà de 2025», précise notre interlocuteur. Et d’ajouter que sur le plan santé, l’organisation de la CAN 2025 permettra au Maroc de gagner à plusieurs niveaux, à savoir :
• Acquérir l’expertise et l’expérience nécessaires en matière de prise en charge sanitaire des événements sportifs, ainsi que d’autres manifestations nationales ou internationales.
• Positionner le Maroc comme une plateforme régionale de référence, capable d’intervenir dans d’autres pays à travers des mécanismes de coopération ou d’investissement.
• Renforcer la formation des professionnels de santé et des personnels auxiliaires dans le domaine de la santé événementielle.
• Optimiser et fluidifier les parcours de prise en charge lors des événements de grande affluence ou en situation de catastrophes naturelles.
• Encourager la pratique du sport, contribuant ainsi à la réduction de la prévalence des maladies chroniques telles que le surpoids, le diabète, l’hypertension artérielle, les accidents vasculaires cérébraux (AVC) et certains cancers.