LE MATIN
19 Février 2025
À 17:55
Selon le communiqué de presse publié par
l'Union Nationale des Associations oeuvrant dans le domaine du Handicap Mental, "la carte est censée garantir aux
personnes en situation de handicap une reconnaissance officielle et faciliter l’accès à des prestations clés telles que des
soins de santé spécialisés, des
exonérations sur certains frais (transports, équipements, médicaments) ou encore un soutien à
l’insertion professionnelle par le biais de dispositifs d’emploi spécifiques".
Dans de nombreux pays, de tels mécanismes offrent des avantages concrets et tangibles aux bénéficiaires. Au Maroc, en revanche, le décret ne comporte pas de mesures explicites concernant ces bénéfices, limitant ainsi l’impact potentiel du dispositif sur l’amélioration réelle des
conditions de vie des personnes concernées.
Une reconnaissance administrative "sans droits concrets"
Les critiques soulignent que, malgré la
délivrance d’un
document officiel, aucune garantie n’est apportée quant à
l’accès prioritaire aux soins spécialisés. La carte, en l’état actuel, n’offre ni exonération des frais médicaux ni accès facilité aux équipements adaptés indispensables – tels que prothèses ou fauteuils roulants. Par ailleurs, l'absence de mesures concrètes dans le secteur de l’éducation et de l’insertion professionnelle inquiète particulièrement les familles, déjà confrontées aux coûts élevés liés à la prise en charge des besoins spécifiques de leurs proches, affirme la même source.
« Sans l’attribution automatique de prestations concrètes, cette carte risque de n’être qu’un simple papier administratif, sans véritable impact sur la vie quotidienne des personnes handicapées, » souligne le communiqué.
Par ailleurs, l'Union signale la
situation financière des centres spécialisés, qui dépendent des subventions publiques pour fonctionner, qui est également alarmante." Alors que le financement habituel, initialement géré par le Ministère du Développement Social puis par le
Fonds de Cohésion Sociale, fait défaut pour l’année en cours, ces structures se trouvent aujourd’hui au bord de la fermeture. Ce
manque de moyens menace non seulement l’emploi des professionnels – éducateurs, orthophonistes, psychologues et travailleurs sociaux – mais expose également des milliers de
personnes en situation de handicap à un risque accru de délaissement", déplore l'organisation.
Une évaluation opaque et des incertitudes pour 2025
Le décret prévoit la création de
commissions régionales chargées d’évaluer la situation des demandeurs. Toutefois, les
critères d’évaluation restent flous : comment déterminer précisément le niveau de handicap ? Quelles procédures seront mises en place pour contester une décision jugée injuste ? L'Union souligne que "ce manque de transparence ouvre la porte à des
disparités régionales et à un risque d’arbitraire dans l’attribution de la carte. De plus, à l’approche de la
rentrée scolaire 2025, les associations et les familles n’ont toujours reçu aucune information sur le
financement des classes intégrées et des centres spécialisés, créant une incertitude préoccupante quant à la continuité du dispositif".
Face à ces
insuffisances, l'union d’associations demande aux autorités de prendre des
mesures immédiates afin d’assurer que la carte devienne un véritable instrument de changement social et économique. Parmi les recommandations formulées figurent :
- L’attribution automatique de prestations liées à la carte, notamment en matière de soins spécialisés, de transport, et d’accès aux équipements adaptés.
- Le déblocage immédiat des subventions promises aux centres spécialisés, pour garantir leur fonctionnement et la pérennité des services offerts.
- La mise en place d’un financement stable via le système de couverture sociale et médicale, géré par une instance spécialisée dans le dossier du handicap.
- L’instauration d’un mécanisme de transparence totale concernant les critères d’évaluation, assorti d’une procédure d’appel claire pour contester les décisions.
- La création d’un organe spécifique chargé de suivre et de coordonner l’ensemble des politiques publiques relatives au handicap.
Enfin, l'union exige une
réponse officielle et écrite du gouvernement, soulignant que l’avenir de milliers de personnes en situation de handicap – et de nombreux professionnels qui œuvrent à leur accompagnement – est en jeu.