Noura Mzaghrani
09 Février 2024
À 10:59
Depuis quelques jours, des centaines d'images intimes classées par dossiers nominatifs circulent parmi les internautes. Pour en savoir plus sur cette affaire qui impliquerait de nombreuses filles marocaines, nous avons contacté
Amine Raghib, spécialiste du numérique et de la
cybersécurité, qui nous a fait part de sa consternation face à cette "situation alarmante". Il raconte avoir été contacté par une jeune femme en détresse après la découverte de ses propres
photos, initialement prises sur
Snapchat pour usage privé, mais désormais diffusées à travers divers groupes sur les réseaux sociaux, ainsi que sur des
plateformes de messagerie telles que
Telegram.
Raghib a indiqué avoir identifié deux liens qui hébergeaient un grand nombre de contenus à caractère sexuel, comprenant notamment des photos compromettantes et vidéos de Snapchat, des packs de photos vendus sur des sites pornographiques, ainsi que des enregistrements de caméras de surveillance installées dans des appartements de location journalière.
"Ce qui m’a particulièrement surpris, a indiqué Raghib, c'est que ces liens étaient organisés et classés par ordre alphabétique et contenaient des images et des vidéos de femmes. Mais si certains de ces dossiers sont expressément mis en vente par les concernées, d'autres sont des
victimes de piratage de leurs comptes". Il a, ensuite, constaté que ces liens ont été retirés deux heures à peine après un live qu'il avait fait pour mettre en garde contre cette fuite de photos. Selon lui, les responsables de cette fuite, qu'il pense être des marocains, ont réagi à son alerte en supprimant ces liens. Et de noter que de nouveaux liens sont actuellement en circulation avec un contenu moins volumineux mais tout aussi choquant.
Ce scandale des
fuites de photos a non seulement provoqué une onde de choc au sein des internautes, mais soulève également des questions sur la
protection de la vie privée et la
sécurité numérique.
Diffusion des photos sans consentement : Que dit la loi ?
Face à ce scandale, un
avocat du barreau de Casablanca a précisé que « les victimes peuvent déposer une plainte chez le procureur du Roi pour diffamation ». Cette plainte s'inscrit dans le cadre des dispositions de
l’article 447-2 du Code pénal qui punit la
diffamation et la diffusion ou la
distribution d'informations relatives à la vie privée des gens sans leur consentement, a-t-il expliqué, notant que les plaintes permettront d'ouvrir une
enquête pour élucider les tenants et les aboutissants de cette affaire. Cependant, un défi majeur se présente, a-t-il poursuivi, car « la
plainte est, normalement, dirigée contre une personne ou un groupe inconnu, ou contre le compte où les images ont été découvertes et il sera difficile de savoir qui est derrière ces comptes, comme ce fut le cas de l'affaire de Hamza Mon bb ».
A ce jour, on ne sait pas si l'une des victimes a effectivement déposé une plainte à ce sujet pour permettre de mener l'enquête sur les tenants et aboutissants de cette affaire.