Nabila Bakkass
01 Septembre 2025
À 15:44
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) vient de tirer la sonnette d’alarme. Les cas de
choléra ne cessent d’augmenter à l’échelle mondiale. Plus de
400.000 contaminations ont été recensées
en 2025, réparties dans
31 pays. Une dynamique inquiétante, portée par des facteurs multiples et souvent liés : conflits armés, déplacements massifs de populations, catastrophes naturelles, mais aussi conséquences du changement climatique. Alors que plusieurs États durcissent leurs dispositifs sanitaires, au
Maroc, aucun communiqué officiel n'a été publié à ce jour par le ministère de la Santé.
Est-ce à dire que le Royaume est à l’abri ? difficile de répondre à cette question par l’affirmative ou la négative. En tous cas, les spécialistes contactés par «Le Matin» se veulent à la fois prudents et rassurants. Pour le Dr Tayeb Hamdi, médecin chercheur en politiques et systèmes de santé, le pays ne présente à ce jour aucun signe d’alerte particulier. L’expert tient à préciser que même en présence d’un cas importé, à lui seul, il ne suffit pas à déclencher une épidémie. Le choléra, explique-t-il, ne se propage que dans des contextes de grande précarité : absence d’accès à l’eau potable, défaillance des systèmes d’assainissement et conditions d’hygiène très dégradées. Ces vulnérabilités sont souvent amplifiées par des épisodes climatiques extrêmes ou des flux migratoires incontrôlés. Or, sur ce point, le Maroc dispose d’atouts notables. Selon lui, le pays se distingue positivement par ses infrastructures sanitaires et ses capacités de réponse.
Un avis que partage également le
Dr Hamza Hajbaoui, médecin urgentiste, qui insiste sur le niveau de préparation du système marocain. «Le risque est heureusement très faible. Nous avons des cellules de veille sanitaire permanentes et un accès aux soins largement plus adapté que dans les pays les plus touchés. Les conditions d’hygiène et la disponibilité de l’eau potable sur l’ensemble du territoire réduisent drastiquement les risques de contamination», explique-t-il. Pour autant, les deux médecins s’accordent sur un point essentiel :
la vigilance doit rester de mise.
Rester vigilant, surtout là où le terrain est le plus fragile
Mais si la situation globale est sous contrôle, certaines failles persistent. Dr Hamdi rappelle qu’en matière de maladies infectieuses, l’expérience montre qu’à chaque fois qu’une épidémie éclate quelque part dans le monde, une augmentation des cas peut survenir ailleurs. D’où la nécessité d’une vigilance à double niveau : à l’international, en surveillant l’évolution des épidémies, et à l’échelle locale, en renforçant les campagnes de sensibilisation, le suivi épidémiologique et les mesures de prévention. Dans cette perspective, il attire l’attention sur certaines zones reculées du Royaume, ou sur celles durement frappées par la sécheresse, qui pourraient présenter des fragilités spécifiques. Ce n’est pas de l’alarmisme, précise-t-il, mais un appel à maintenir un niveau de mobilisation élevé. Dr Hamdi juge essentiel de garantir un accès équitable à une eau potable de qualité, de promouvoir des comportements d’hygiène rigoureux et de faire en sorte que toutes les populations, y compris les plus isolées, puissent bénéficier de conditions sanitaires sûres et dignes.
Une infection discrète, aux conséquences rapides
En parallèle, une connaissance claire des symptômes et des modes de transmission demeure primordiale. Dr Hajbaoui rappelle que les premiers signes du choléra sont une diarrhée abondante, des vomissements et une soif intense – autant de symptômes qui traduisent une déshydratation rapide. Les enfants, ainsi que les personnes fragiles, doivent être surveillés de près. «Une prise en charge rapide, notamment par réhydratation aux urgences, permet d’éviter les complications les plus graves», note-t-il.
S'agissant de la transmission, Dr Hamdi rappelle que le choléra est une maladie bactérienne hydrique, transmise par l’ingestion d’eau ou d’aliments contaminés. Une personne infectée, même asymptomatique, peut excréter la bactérie et contaminer son environnement. C’est précisément cette discrétion de la bactérie qui complique parfois le diagnostic. «Le risque devient réel lorsque de l’eau souillée est utilisée pour laver des aliments, irriguer des cultures ou être consommée directement», note-t-il. À la lumière de cette recrudescence mondiale, le choléra réaffirme son statut de vieille menace toujours d’actualité. Si le Maroc se situe aujourd’hui en dehors de la zone de danger immédiat, l’enjeu est clair : préserver les acquis et ne jamais baisser la garde.