07 Août 2025 À 14:40
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Le Matin: Pourquoi les familles préfèrent-elles généralement la période estivale pour faire circoncire leurs enfants ?
Dr Younes Alichane : C’est une question de contexte socioculturel. Au Maroc, beaucoup de familles choisissent l’été pour plusieurs raisons pratiques et sociales. D’une part, les vacances scolaires permettent aux enfants de rester à la maison le temps de bien récupérer, et d’autre part, les familles sont souvent réunies pendant cette période, ce qui facilite les célébrations. Il s’agit aussi d’un moment symbolique où la circoncision est perçue comme une fête en soi, souvent accompagnée de rassemblements familiaux.
D’un point de vue médical, y a-t-il des avantages à programmer une circoncision en été ?
Médicalement parlant, il n’y a pas d’avantage particulier à faire la circoncision en été. Contrairement à une idée reçue, la saison n’a pas d’impact direct sur la réussite de l’intervention ou la qualité de la cicatrisation. Ce qui compte avant tout, ce sont les conditions d’hygiène, l’environnement médical sécurisé et le suivi postopératoire. Donc non, l'été n'est ni meilleur ni pire qu'une autre saison du point de vue strictement médical.
Quels sont les principaux risques ou complications liés à une circoncision en période de forte chaleur ?
La chaleur peut compliquer les choses si les conditions d’hygiène ne sont pas rigoureusement respectées. En été, la transpiration excessive peut favoriser les infections locales. Si l’enfant est exposé à une chaleur intense, s’il porte des vêtements trop serrés ou s’il est mal nettoyé, cela peut entraîner des complications comme une inflammation, une infection ou un retard de cicatrisation. D’où l’importance d’un encadrement médical sérieux, peu importe la saison.
Quelles précautions doivent absolument être prises après l’intervention, notamment en été ?
Il y a plusieurs précautions essentielles à suivre, surtout en période estivale. D’abord, l’hygiène doit être irréprochable. Il faut nettoyer la zone opérée avec des antiseptiques recommandés par le médecin et éviter tout contact avec de l’eau stagnante. Les bains prolongés sont donc à éviter pendant plusieurs jours. Ensuite, il faut veiller à ce que l’enfant ne soit pas exposé au soleil ou à la chaleur directe. Des vêtements légers, en coton, amples et propres sont recommandés pour éviter les frottements et favoriser la cicatrisation.
Que recommandez-vous aux familles qui envisagent une circoncision dans un cadre non médicalisé ?
C’est un point très important. Malheureusement, au Maroc, beaucoup de circoncisions sont encore pratiquées par des personnes qui ne sont pas formées à cet acte, comme les «7ajjama», dans le cadre de pratiques traditionnelles. Or, la circoncision est un acte chirurgical et, en cas d’accident, les conséquences peuvent être très graves et irréversibles pour l’enfant. Il faut donc absolument que cette intervention soit réalisée dans un cadre médicalisé, avec une équipe d’anesthésie et de réanimation. Nous avons besoin d’un encadrement juridique plus clair et plus strict pour protéger les enfants.
Existe-t-il un âge idéal pour pratiquer une circoncision chez l’enfant ? Pourquoi ?
Il n’y a pas d’âge unique ou «idéal», mais en général, on préfère intervenir entre 1 an et demi et 3 ans. À cet âge, l’enfant est encore jeune, ce qui limite l’impact psychologique, notamment s’il ne garde pas de souvenirs visuels ou émotionnels forts. On pratique l’intervention sous anesthésie générale, ce qui est beaucoup plus confortable et sécurisant pour lui. Parfois, il y a des indications médicales à la naissance, comme un phimosis sévère, et on est amené à intervenir plus tôt. Dans tous les cas, une consultation pré-anesthésique et un bilan sanguin sont indispensables. Et l’intervention doit se faire sous le contrôle d’un anesthésiste-réanimateur qualifié.