Hajjar El Haïti
14 Novembre 2023
À 10:43
La Journée mondiale du diabète, célébrée le 14 novembre, est l’occasion de sensibiliser à l’impact de cette maladie chronique sur la santé. C’est également une opportunité pour souligner l’importance de la prévention du diabète, qui constitue toujours une préoccupation majeure dans plusieurs pays.
D’après les projections de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), cette pathologie deviendra la principale cause de mortalité d’ici 2030. La Fédération internationale du diabète affirme que 537 millions de personnes en seraient atteintes dans le monde, soit un adulte sur dix âgés de 20 à 79 ans. En 2019, le diabète était la cause directe de 1,5 million de décès et 48% de l’ensemble des décès dus au diabète sont survenus avant l’âge de 70 ans.
Au Maroc, plus de 2,7 millions de personnes âgées de plus de 18 ans vivent avec le diabète, dont 49% méconnaissent leur maladie et 2,4 millions sont prédiabétiques. Selon le ministère de la Santé et la protection sociale, le nombre de personnes touchées par cette maladie ne cesse d’augmenter.
Plus de 20.000 enfants sont diabétiques au Maroc
«Chaque année, entre 90.000 et 100.000 nouveaux cas sont enregistrés. Cela est dû essentiellement à l’augmentation de l’espérance de vie – donc le vieillissement de la population – et le mode de vie adopté actuellement par les Marocains avec tous ses facteurs de risque, à savoir l’alimentation déséquilibrée et malsaine, la sédentarité et l’inactivité physique, le tabagisme, le surpoids et l’obésité», déclare au «Matin» Fatima Zohra Mouzouni, chef du Service des maladies métaboliques et endocriniennes au ministère de la Santé. Et d’ajouter que «la fréquence élevée du surpoids et de l’obésité chez les enfants ainsi que l’exposition à des facteurs d’environnement plus particulièrement chez les enfants génétiquement prédisposés sont des facteurs de risque essentiels pour l’apparition du diabète chez l’enfant. Il faut savoir que plus de 20.000 enfants sont touchés par cette maladie au Maroc». Pr Mouzouni souligne que le diabète chez l’enfant est particulièrement compliqué, à commencer par le mode de révélation, généralement brutal suite à une acidocétose, en plus du danger de l’hypoglycémie, l’interférence avec les maladies fébriles intercurrentes, sans oublier l’immaturité de l’enfant pour gérer sa maladie, d’où le rôle primordial de la famille et de son environnement. Il est à noter que le ministère de la Santé a inscrit le diabète comme une priorité dans son Plan Santé 2025 et dans la Stratégie nationale de prévention et de contrôle des maladies non transmissibles 2019-2029, en déployant plusieurs efforts selon une approche multisectorielle.
L’importance de l’auto-surveillance
Pr Mouzouni rappelle que la prise en charge des diabétiques se fait essentiellement au niveau des établissements de soins de santé primaires avec dispensation des médicaments antidiabétiques (insuline et comprimés). «Dans ces établissements, les professionnels de la santé assurent également le suivi métabolique des patients et les initient à l’éducation thérapeutique pour les aider à mieux gérer leur maladie», explique-t-elle. «Les maladies non transmissibles, en général, et le diabète, en particulier, nécessitent une action multisectorielle et multidisciplinaire. Le ministère déploie tous ses efforts avec ses partenaires pour assurer l’accès aux soins aux personnes vivant avec cette maladie».
Pr Mouzouni insiste aussi sur l’importance de la prévention et l’adoption des bonnes habitudes pour éviter les complications. «Le diabète, particulièrement le diabète de type 2, peut être prévenu par l’adoption d’un mode de vie sain, donc une alimentation saine et équilibrée, une activité physique régulière adaptée, en évitant le tabac et en luttant contre le surpoids et l’obésité», affirme la responsable. «La deuxième approche préventive adoptée par notre département c’est le renforcement du dépistage chez les personnes à haut risque pour une prise en charge précoce afin d’éviter ou de retarder les complications graves du diabète. Il faut rappeler qu’une prise en charge correcte consiste à consulter son médecin de manière régulière et suivre ses conseils, avoir un mode vie sain et veiller sur l’autosurveillance de la maladie».
À souligner, enfin, que
des médicaments contre le diabète sont pour l’heure en rupture de stock dans les pharmacies, ce qui complique une prise en charge correcte chez de nombreux patients.