Grippe saisonnière : le pic dans un mois, restez vigilants !
La grippe saisonnière au Maroc pourrait connaître une accélération à partir de cette semaine. Le pic étant prévu pour la fin du mois de janvier et l’apaisement de la situation vers mi-février. C’est ce que prévoit Dr Tayeb Hamdi, médecin chercheur en politiques et systèmes de santé. Joint par «Le Matin», il appelle à plus de vigilance et surtout à la vaccination pour faire face à la grippe saisonnière qui tue entre 300.000 et 650.000 personnes dans le monde chaque année.
Nabila Bakkass
26 Décembre 2023
À 16:37
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Le retour en force de la grippe saisonnière se fait craindre. Il suffit de faire un tour sur les réseaux sociaux pour constater à quel point les Marocains s’inquiètent. Des enfants obligés de rester à la maison, des personnes âgées hospitalisées ou encore des femmes enceintes touchées par le virus dans l’incapacité de prendre le traitement de fond. Une crainte alimentée par l’annonce de certains pays, comme la France, qui ont déclaré officiellement l’épidémie de grippe. Faut-il s’attendre au pire cette année ?
Joint par «Le Matin», Dr Tayeb Hamdi, médecin chercheur en politiques et systèmes de santé, se veut à la fois rassurant et réaliste : «la grippe saisonnière est une infection respiratoire aiguë courante partout dans le monde», explique-t-il avant de préciser que le virus connaît chaque année des mutations et c’est ce qui déclenche ce que l’on appelle une épidémie. Le médecin indique que nous vivons chaque année des épidémies de grippe qui se caractérisent par une accélération accrue du virus, mais la gravité dépend de la souche en circulation.
Grippe saisonnière ou syndrome grippaux, quelle différence ?
Interrogé sur l’état des lieux au Maroc, Dr Hamdi attire l’attention sur l’importance de faire la différence entre la grippe saisonnière et les syndromes grippaux. «La plupart des Marocains pensent avoir la grippe et optent pour l’automédication alors qu’ils peuvent passer à côté d’une autre maladie comme la Covid-19», note-t-il. Et d’ajouter que l’apparition des syndromes grippaux comme le nez qui coule ou la toux ne signifie pas que l’on a attrapé le virus saisonnier. Ces syndromes sont communs entre les différents virus, y compris celui de la Covid-19. Pour clarifier ses propos, Dr Hamdi explique que le Maroc est doté d’un système de surveillance basé sur deux éléments. D’abord, la surveillance clinique ambulatoire qui se fait au niveau des 412 centres de santé du pays. Ceux-ci déclarent les différents types de syndromes grippaux qu’ils reçoivent au quotidien. Ensuite, la surveillance virologique effectuée à travers 10 sites sentinelles du syndrome de la grippe et des infections respiratoires aiguës et sévères. La surveillance se fait également via un réseau de cabinets de médecins privés à travers un prélèvement qui permet de détecter le type de virus dont souffre le patient. «D’après le dernier bulletin du ministère de la Santé et de la protection sociale, l’indicateur des syndromes grippaux était en augmentation depuis le début du mois de septembre, mais aucun cas de grippe n’a été diagnostiqué via la surveillance virologique», note Dr Hamdi. En effet, ajoute-t-il, 15,4% des cas détectés étaient liés aux VRS (virus respiratoire syncytial), surtout chez les enfants, et 4,74% des cas à la Covid-19. Dr Hamdi précise : le fait que le virus saisonnier n’ait pas été détecté ne signifie pas qu’il n’existe pas. Interrogé sur les scénarios à prévoir, notre interlocuteur estime qu’il y aura une accélération de l’épidémie de grippe à partir de la semaine en cours (depuis lundi 25 décembre en fait). «Le pic est prévu vers la fin du mois de janvier. L’apaisement de la situation aurait lieu vers mi-février», déclare le médecin chercheur.
Grippe saisonnière : Mieux vaut prévenir que guérir !
«Il faut arrêter de dire que la grippe saisonnière est une maladie bénigne !» alerte Dr Hamdi. Si certaines personnes en guérissent parfois même sans traitement, d’autres développent des formes graves de la maladie. «300.000 à 650.000 personnes dans le monde meurent chaque année à cause de la grippe saisonnière», note-t-il avant d’appeler les Marocains à rester vigilants, surtout lorsqu’il s’agit de personnes vulnérables comme les personnes âgées, les enfants, les femmes enceintes ou encore les personnes ayant des maladies graves.
Dr Hamdi souligne que des symptômes comme la fièvre, les céphalées, la toux, les maux de gorge, l’écoulement nasal ou encore les douleurs musculaires et articulaires doivent être pris en charge aussitôt que possible. «La vigilance est de mise, d’autant qu’il s’agit d’une maladie très infectieuse avec un taux d’infection annuel se situant entre 20 et 30% chez les jeunes et 5 et 10%
chez les adultes».
Qu’en est-il de la vaccination contre la grippe saisonnière ? Dr Hamdi rappelle que celle-ci est toujours possible, même si on est au mois de décembre. «La vaccination est une priorité pour les personnes vulnérables et les professionnels de santé. Elle est toujours bénéfique et conseillée pour les jeunes en bonne de santé à partir de six mois», recommande-t-il. Notre spécialiste réitère enfin son appel pour le respect de certaines mesures barrières et à leur tête la distanciation et l’aération des espaces clos pour éviter la transmission de tout type de virus. Pour lui, se protéger et protéger son entourage constituent une responsabilité individuelle.