Société

Heure d'été : toujours mal vécue par les citoyens, contestée par les médecins

Maintenue toute l’année, l’heure d’été continue de perturber les Marocains : fatigue persistante, dérèglement de l’horloge biologique, troubles du sommeil. Plus de deux semaines après le retour à GMT+1, les effets sur le bien-être se font toujours sentir. Pour les experts en santé, ce système horaire va à l’encontre du rythme naturel du corps humain et n’est pas sans conséquences sur la santé.

21 Avril 2025 À 16:32

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Plus de deux semaines se sont écoulées depuis le retour à l’heure d’été (GMT+1) à la fin du mois du Ramadan. Pourtant, nombreux sont ceux qui disent ne pas être encore parvenus à s’y adapter. Fatigue chronique, troubles du sommeil, baisse d’attention : les effets du changement d’heure continuent de se faire sentir au quotidien. Ce sentiment général de lassitude traverse toutes les tranches d’âge et alimente un débat récurrent sur le maintien de l’heure d’été au Maroc. Instituée comme heure officielle, cette mesure est chaque année suspendue temporairement durant le mois du Ramadan, avant d’être réinstaurée dès la fin du mois sacré. Un double changement sur un court intervalle de temps qui, selon plusieurs spécialistes, perturbe profondément l’horloge biologique.
Dr Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé, qualifie l’option actuelle comme étant le pire choix du point de vue sanitaire. «Le système adopté au Maroc, à savoir l’heure d’été permanente, ponctuée par deux changements d’heure en l’espace de six semaines, cumule les effets négatifs de l’heure d’été et ceux du manque de temps nécessaire à l’adaptation du corps», explique-t-il. Et d’ajouter que «les impacts sur la santé sont toujours négatifs, en particulier lors du passage à l’heure d’été, alors que l’heure d’hiver est la plus adaptée au corps humain».

L’heure d’hiver toute l’année : le choix le plus sain

D’après les recommandations du Dr Hamdi, le scénario le plus bénéfique pour la santé consisterait à adopter l’heure d’hiver (GMT) de manière permanente, sans aucun changement au cours de l’année. Ce modèle respecte la physiologie humaine, en particulier le fonctionnement de l’horloge biologique, qui se synchronise naturellement avec la lumière du matin. Il identifie deux autres alternatives, moins optimales. Le maintien de l'heure d’été toute l’année sans changement : une option qui entraînerait une perte chronique d’une heure de sommeil, notamment en hiver, où l’obscurité matinale retarde l’activation du rythme biologique. Ou un changement d’heure deux fois par an (hiver/printemps), mais espacé de 5 à 7 mois. Cette option représenterait un compromis qui limite l’impact sur l’organisme, tout en permettant une certaine flexibilité saisonnière.

Le spécialiste souligne, par ailleurs, que les enfants, les personnes âgées, les adolescents, les travailleurs de nuit ainsi que les personnes souffrant de troubles du sommeil figurent parmi les plus exposés aux effets néfastes de ces transitions horaires. Le Dr Hamdi appelle ainsi à reconsidérer les arguments économiques, sociaux ou énergétiques souvent avancés pour justifier le maintien de l’heure actuelle, et à accorder davantage de poids aux données scientifiques ainsi qu’à l’expertise médicale.
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