Hôpitaux au Maroc : un gouffre de 45.000 lits à combler
Le déficit de 45.000 lits hospitaliers, aggravé par les fermetures annuelles de cliniques, met en lumière les défis structurels auxquels le Maroc est confronté. Lors du Forum national de la santé, les acteurs du secteur ont exploré des pistes pour renforcer les infrastructures et améliorer l’accès aux soins pour tous.
Hajjar El Haïti
02 Décembre 2024
À 18:43
Avec un manque estimé à 45.000 lits hospitaliers, le système de santé marocain fait face à une pénurie d’infrastructures qui freine l’accès équitable aux soins pour une grande partie de la population. Le professeur Redouane Semlali, président de l’Association nationale des cliniques privées (ANCP), a rappelé l’ampleur de ce déficit lors de la 9e édition du Forum national de la santé, tenue le samedi 30 novembre à Taghazout. «Le secteur privé, malgré ses efforts constants, ne dispose actuellement que de 20.000 lits. Un chiffre insuffisant pour combler les besoins croissants d’une population en expansion et confrontée à des pathologies de plus en plus complexes», a-t-il souligné.
Des fermetures qui freinent l’expansion
Alors qu’environ 30 nouvelles cliniques ouvrent chaque année, une dizaine d’autres sont contraintes de fermer leurs portes, témoignant des difficultés structurelles et financières auxquelles elles font face. «Cette réalité compromet les efforts visant à augmenter les capacités d’accueil hospitalières et met en lumière la nécessité d’un soutien renforcé pour le développement du secteur privé, qui joue un rôle clé dans la prise en charge des citoyens», a déclaré Pr Semlali. Ce dernier a également mis en avant l’impact du vieillissement de la population marocaine sur les besoins en soins. «En matière de cancers, nous constatons une tendance préoccupante.
En effet, 130 nouveaux cas pour 100.000 habitants par an sont enregistrés chez les jeunes, tandis que ce chiffre atteint 900 cas chez les personnes âgées. Ces données montrent clairement l’urgence d’élaborer une stratégie de santé capable de répondre efficacement à l’augmentation des maladies chroniques et des pathologies liées au vieillissement de la population», a déclaré le président de l’ANCP. «Le secteur privé, qui prend en charge un citoyen sur deux, se veut un partenaire stratégique pour améliorer le système de santé national. Nous sommes engagés à moraliser le secteur et à renforcer l’éthique de la profession, tout en contribuant à la gouvernance. Cependant, le secteur public doit rester le moteur principal du système, et seule une collaboration efficace entre les deux entités permettra de relever les défis actuels», a-t-il ajouté.
Vers un système de santé plus résilient
De son côté, Dr Abdelghani Dghaymer, représentant le ministère de la Santé et de la protection sociale, a salué, lors du forum, l’importance de cette rencontre annuelle. Il a rappelé que les réformes en cours, notamment la généralisation de la couverture santé obligatoire et la mise en place des groupements sanitaires territoriaux, constituaient des avancées majeures pour garantir l’accès aux soins pour tous.
Par ailleurs, des ateliers ont exploré des sujets clés tels que l’économie de la santé, la numérisation des services médicaux et le financement des soins. Ces discussions ont été couronnées par la signature d’une convention visant à développer la digitalisation dans le secteur de la santé privé, entre le professeur Semlali et l’ancien ministre de la Santé, Anas Doukkali.
Cette 9e édition du Forum national de la santé, qui a réuni des experts, professionnels et décideurs du domaine pour discuter des défis et des perspectives d’amélioration du système de santé marocain, a permis de mettre en lumière non seulement les défis colossaux auxquels le secteur est confronté, mais également les solutions possibles.