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Cancer de la prostate : l’état des lieux, les défis et les solutions (Dr Myriam Nciri)

Le cancer de la prostate constitue une menace majeure pour la santé des hommes au Maroc, particulièrement chez les personnes âgées. La sensibilisation à cette maladie reste insuffisante, ce qui freine la détection précoce et l’accès aux soins. Partant de là, l’association Dar Zhor vient d’organiser un webinaire pour attirer l’attention sur l’importance du dépistage et de la prévention. À cette occasion, sa présidente fondatrice, Dre Myriam Nciri, a accordé un entretien au quotidien «Le Matin», dans lequel elle a évoqué les défis liés à la sensibilisation, les obstacles inhérents à la prise en charge des patients et les actions urgentes à mener pour mieux lutter contre cette maladie.

Dr Myriam Nciri
Dr Myriam Nciri
Le Matin : Quel est l’état actuel de la prévalence du cancer de la prostate au Maroc ?

Dre Myriam Nciri : Le cancer de la prostate représente une pathologie majeure au Maroc, touchant principalement les hommes âgés. Malgré les efforts du système de santé, des défis persistent en matière de dépistage, de traitement et de soutien psychologique. Selon l’Observatoire mondial du cancer (GCO), le cancer de la prostate est le deuxième cancer le plus fréquent chez l’homme au Maroc après celui du poumon, avec une incidence de 16,1% et 4.935 cas en 2022. Le registre des cancers de Casablanca indique qu’il représente environ 12% des nouveaux cas de cancers masculins, se classant en troisième position après ceux du poumon et de la vessie.



Quels sont les principaux facteurs de risque du cancer de la prostate au Maroc ?


Les principaux facteurs de risque du cancer de la prostate au Maroc incluent l’âge, les antécédents familiaux et certains modes de vie. L’âge avancé est le facteur majeur, la maladie étant rare avant 50 ans, mais fréquemment diagnostiquée après 65 ans. Les hommes ayant des antécédents familiaux de cancer de la prostate ont un risque plus élevé, et certaines mutations génétiques augmentent ce risque. Une alimentation riche en graisses animales et pauvre en fruits et légumes, l’obésité et un mode de vie sédentaire sont également des facteurs associés.

Quelles sont les stratégies de prévention du cancer de la prostate mises en place au Maroc ?

La sensibilisation à la prévention du cancer de la prostate est encore limitée au Maroc. Des campagnes ponctuelles et des actions menées par des sociétés savantes, des ONG et des associations comme Dar Zhor existent, mais elles demeurent insuffisantes. Un besoin de formation continue pour les professionnels de santé et de campagnes plus régulières est évident pour améliorer la prévention. Le test de l’antigène prostatique spécifique (APS), associé au toucher rectal, est le principal moyen de dépistage. Il est recommandé de le réaliser à partir de 50 ans pour une détection précoce, avec un taux de détection proche de 100%.

Quelles sont les principales difficultés rencontrées par les patients atteints du cancer de la prostate au Maroc s’agissant de l’accès aux soins et du suivi médical ?

Le Maroc offre toutes les options modernes pour le traitement du cancer de la prostate : chirurgie, radiothérapie et traitements hormonaux de dernière génération. Cependant, l’accès à ces traitements reste inégal, avec une forte concentration des infrastructures dans les grandes villes (Casablanca, Rabat, Marrakech). Dans les zones rurales, les patients souffrent d’un manque de spécialistes et d’équipements, ce qui ralentit la prise en charge. La pénurie de radiothérapeutes, d’urologues et d’anatomo-pathologistes est également un obstacle majeur. Le coût des traitements constitue, également, une barrière importante, même pour ceux bénéficiant d’une couverture sociale. La stigmatisation liée au cancer, la méconnaissance des options thérapeutiques et les peurs sociales (notamment la perte de virilité) compliquent l’adhésion aux traitements. En outre, le manque de sensibilisation préalable à la maladie empêche de nombreux patients de chercher un traitement à temps. Les hommes ressentent souvent un choc à l’annonce du diagnostic, suivi de déni. De même, l’acceptation des traitements reste faible dans certaines régions conservatrices, où la radiothérapie est mieux acceptée que la chirurgie.
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