Nabila Bakkass
24 Septembre 2024
À 17:34
Alors que le Maroc se prépare à adopter une deuxième
réforme du Code de la famille, après celle de 2004, le principe de
l’équité familiale est plus que jamais d’actualité. Car il s’agit de garantir les droits des individus, en particulier des femmes et des enfants. Mais au-delà des lois, force est de reconnaître que l'engagement de toutes les parties prenantes, notamment des médias, demeure fondamental pour promouvoir et consacrer ce principe. C’est le point de vue que défend
Sidi Ahmed El Alami, journaliste et expert en politiques publiques, lors d’un atelier de formation, tenu le 20 septembre à Casablanca, sur le thème «Les médias et la justice familiale : rôles, influence, éthique».
L’événement a été initié par le
Centre international de diplomatie (ICD), en partenariat avec le
Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA),
l'Agence espagnole de coopération internationale pour le développement (AECID),
l'École nationale de commerce et de gestion de Casablanca (ENCG),
l’Association Jeunes pour Jeunes (AJJ) et
l'Association nationale d'assistance sociale au secteur judiciaire (ANASSJ). L’objectif de cet atelier était de «mettre en lumière l'importance du rôle des médias dans la promotion de la justice et l’équité familiale», comme l’explique la présidente de l’ICD,
Karima Ghanem, dans une déclaration accordée au journal «
Le Matin».
Les médias face aux défis de l’influence
«En mettant en avant des récits inspirants et des
témoignages de femmes qui défendent leurs droits, les médias jouent un rôle clé dans la valorisation de leur combat et dans la déconstruction des stéréotypes», souligne
El Alami. Et d’ajouter que cette responsabilité s'étend au choix réfléchi des titres et des images, qui peuvent profondément influencer les perceptions du public. M. El Alami est convaincu qu’en optant pour des contenus qui illustrent la diversité et la force des femmes, les médias favorisent un dialogue constructif et encouragent des
changements sociaux positifs. Pour lui, l’engagement des médias à présenter des histoires authentiques et respectueuses est essentiel pour construire une société plus égalitaire et juste. L’expert note en outre que les
médias doivent également faire face à l’impact souvent négatif des
influenceurs sur les questions liées à
l’évolution de la femme marocaine. Il explique à cet égard que de nombreuses jeunes filles, en quête de modèles, imitent des comportements superficiels promus par certaines «influenceuses», ce qui peut perturber leur parcours éducatif et leurs aspirations personnelles. «Cette glorification de l’apparence et du
statut social peut les détourner des enjeux essentiels, tels que l'éducation et l'autonomie», met-il en garde. M. Alami tient, toutefois, à souligner que ce constat ne doit pas être généralisé, car certaines
influenceuses utilisent leurs plateformes pour partager des contenus enrichissants et respectueux, abordant des thématiques cruciales comme la
santé mentale et physique. «Ce type de contenu peut réellement inspirer des changements positifs», nuance-t-il.
Nécessité de la conjugaison des efforts de tous
Pour améliorer la situation des femmes et promouvoir une véritable
équité familiale, il est important que les efforts convergent entre différents acteurs de la société. M. Alami estime que les médias, les
éducateurs, les
parents et les influenceurs ont tous un rôle à jouer dans ce sens. «En collaborant pour diffuser des messages positifs et inclusifs, ils peuvent créer un environnement propice à
l'épanouissement des jeunes filles et à une meilleure compréhension des enjeux de la
justice familiale», explique-t-il. Et de préciser que les initiatives de
sensibilisation, les
programmes éducatifs et le soutien communautaire doivent s’unir pour encourager des modèles de réussite authentiques et constructifs. «Ce travail collectif est essentiel pour bâtir une société où chacun peut s'épanouir pleinement, sans être limité par des stéréotypes ou des pressions sociales néfastes», insiste-t-il.
Partant de la nécessité de conjuguer les efforts de tous, un réseau de networking a été créé à l’issue de
l’atelier de formation, rassemblant une trentaine de journalistes mobilisés pour promouvoir le rôle de la femme dans la société. La
présidente de l’ICD, Karima Ghanem, estime qu’il est de plus en plus urgent de doter les journalistes des outils nécessaires pour promouvoir des discours neutres et non discriminatoires. Cela permettra, note-t-elle, de transformer la réalité des femmes et de construire un avenir où des notions comme le respect dans le couple et l’équité familiale ne sont pas seulement des idéaux, mais des réalités quotidiennes.