Société

Fatigue et multiplication de virus : pourquoi l’automne fragilise notre immunité

Avec la baisse des températures en automne, les rhumes, grippes et autres infections respiratoires refont surface. En cause, un ensemble de facteurs climatiques, nutritionnels et comportementaux… qui perturbent l’équilibre du système immunitaire. Le Dʳ Tayeb Hamdi revient sur les causes de cette fragilisation naturelle et les gestes simples pour y faire face.

14 Octobre 2025 À 15:49

Chaque année, à l’arrivée de l’automne, les consultations médicales augmentent : toux, nez qui coule, fatigue, fièvre... Les infections respiratoires touchent aussi bien les enfants que les adultes. Pour le Dʳ Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé, cette hausse n’a rien de surprenant. Elle s’explique à la fois par un affaiblissement naturel de l’immunité, des conditions climatiques favorables aux virus et une vie plus confinée dans les espaces clos. «Pendant l’automne et l’hiver, on constate partout dans le monde une recrudescence des maladies infectieuses, notamment respiratoires, comme les rhumes, les otites ou encore les infections ORL», explique-t-il.

Une combinaison de facteurs à ne pas négliger

Lorsque les températures commencent à baisser, le corps réagit plus lentement face aux agressions extérieures. «En période de froid, la réponse immunitaire est moins rapide et les éléments de défense sont moins nombreux», précise le Dʳ Hamdi.

L’air froid et sec fragilise, également, les muqueuses, notamment au niveau du nez et de la gorge, premières barrières contre les microbes. Une muqueuse fragilisée laisse plus facilement passer les agents pathogènes vers les poumons.

Autre facteur : le manque de vitamine D, conséquence directe d’une moindre exposition au soleil. Or, cette vitamine joue un rôle essentiel dans le bon fonctionnement du système immunitaire. «Quand il y a moins de soleil, la production de vitamine D chute, ce qui affaiblit nos défenses naturelles», rappelle le Dʳ Hamdi.

À cela s’ajoute une vie plus confinée : avec la baisse des températures, nous passons davantage de temps dans des lieux clos, mal aérés et souvent bondés : écoles, universités, bureaux... «Cette promiscuité et le manque de renouvellement d’air créent un environnement idéal pour la propagation des agents pathogènes», note le médecin.

Par ailleurs, les virus profitent du froid pour survivre plus longtemps dans l’air et sur les surfaces, contrairement à la période estivale où la chaleur les détruit plus rapidement. Résultat : les infections circulent plus aisément d’une personne à l’autre.

Les variations de température entre le jour et la nuit provoquent un stress thermique qui met le corps à l’épreuve. À cela s’ajoutent la fatigue liée à la reprise, le stress professionnel ou scolaire, ainsi qu’un changement d’alimentation. Tous ces éléments affaiblissent l’efficacité du système immunitaire. «Ce stress, combiné à la fatigue, rend notre organisme plus vulnérable qu’en été», insiste le Dʳ Hamdi.

Les infections les plus fréquentes

Rhumes, angines, rhinopharyngites, sinusites, otites : les infections virales sont les plus répandues. Le rhume, bien que bénin, reste très contagieux et peut survenir plusieurs fois par an.

La grippe saisonnière, quant à elle, survient généralement une fois par an et peut entraîner des complications chez les personnes fragiles : enfants, femmes enceintes, personnes âgées ou atteintes de maladies chroniques.

La Covid-19 demeure également présente. «Cette année, nous observons de nombreux cas de syndromes pseudo-grippaux – fièvre, maux de tête, toux, douleurs articulaires – pouvant correspondre à la grippe, à la Covid-19 ou à d’autres infections virales», précise le Dʳ Hamdi.

Il ajoute que la saison grippale n’a pas encore commencé, mais que la majorité des cas actuels seraient probablement liés à la Covid-19, notamment avec l’émergence d’un nouveau variant appelé «XFG», surnommé «Frankenstein» dans les médias.

Chez les nourrissons, les bronchiolites sont fréquentes, tandis que les allergies aux acariens augmentent en raison de l’humidité et du manque d’aération. Enfin, les troubles articulaires et la déprime saisonnière apparaissent souvent avec le manque de soleil et la fatigue accumulée.

Des gestes simples pour mieux se protéger

Le Dʳ Hamdi rappelle que la vaccination contre la grippe reste un geste essentiel, surtout pour les personnes vulnérables. «La grippe saisonnière cause chaque année entre 300.000 et 650.000 décès dans le monde. La vaccination est un devoir pour les personnes âgées, les patients chroniques, les femmes enceintes, mais aussi pour les professionnels de santé», souligne-t-il.

Se faire vacciner permet non seulement de se protéger, mais aussi d’éviter de transmettre le virus à ses proches ou à ses patients.

Pour renforcer naturellement ses défenses immunitaires, le spécialiste recommande de revenir à des gestes simples, mais essentiels : un sommeil régulier et réparateur, une bonne hydratation, une alimentation équilibrée et une exposition quotidienne à la lumière du soleil pendant une quinzaine de minutes.

Il insiste aussi sur la nécessité d’éviter les changements brusques de température et d’aérer fréquemment les espaces clos afin de limiter la concentration de virus et de bactéries dans l’air intérieur.

Quant aux compléments alimentaires souvent vantés pour «booster l’immunité», il est catégorique : «L’idée de stimuler l’immunité est fausse. Une alimentation variée et équilibrée fournit à l’organisme tout ce dont il a besoin, sans carence. Le corps fonctionne correctement avec une immunité stable et bien régulée», affirme-t-il, avant de conclure qu’«une immunité exagérée peut favoriser l’apparition de maladies auto-immunes».

Si l’automne met notre organisme à l’épreuve, les solutions pour rester en bonne santé demeurent simples : hygiène, repos, alimentation équilibrée et vaccination pour les plus vulnérables. L’objectif n’est pas de «booster» nos défenses, mais de leur permettre de fonctionner de façon optimale, malgré le froid et les virus saisonniers.
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