Hajjar El Haïti
31 Janvier 2024
À 18:00
Plus de quatre ans se sont écoulés depuis l’apparition des premiers cas de la
Covid-19. Si cette
maladie n’inquiète plus beaucoup aujourd’hui, les effets ressentis par certaines personnes qui développent le
Covid long restent préoccupants. Mais après avoir longtemps tâtonné face au mystère de cette maladie difficile à diagnostiquer et à prendre en charge, il semblerait qu’on commence à y voir plus clair. En effet, une équipe de
chercheurs de l’
Université de Zurich en Suisse a découvert que certaines
protéines du sang sont présentes en plus grande quantité chez les personnes souffrant d’un
Covid long.
«Les chercheurs ont analysé plus de 6.500 protéines du sang de 39 personnes qui n’avaient jamais été infectées par le virus SARS-CoV-2 et de 113 personnes ayant présenté un Covid-19, parmi lesquelles 40 avaient développé un Covid long. Les résultats font état, chez ces dernières, de l’élévation de la quantité de protéines bien particulières et assez méconnues des non-immunologistes, qui sont des alliées essentielles pour aider le système immunitaire à détruire les microbes et se débarrasser des cellules endommagées», indiquent les auteurs de l’étude publiée la semaine dernière dans la revue «Science». Et d’ajouter que «l’ensemble de ces protéines s’appelle le "complément”. Ce dernier serait anormalement actif chez les personnes présentant un Covid long. Ainsi, lorsque le complément reste activé après la phase aiguë de l’infection, il finit par se retourner contre les cellules saines de l’organisme, ce qui expliquerait la variété des symptômes décrits dans le Covid long, parmi lesquels l’inflammation chronique, les thromboses et les atteintes de divers organes».
Les scientifiques estiment qu’une telle découverte est importante, car elle pourrait ouvrir la voie à l’élaboration d’un traitement ciblé. «Le Covid long est aujourd’hui considéré comme un problème de santé publique, puisqu’il touche entre 10 et 30% des personnes qui ont déjà eu un Covid. Le fait d’identifier un biomarqueur, comme c’est le cas de cette étude suisse, facilitera le travail des médecins dans le diagnostic de cette maladie», déclare au «Matin» Dr Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé.
«Les patients atteints de Covid long souffrent de douleurs, d'essoufflement, d'une fatigue chronique, d'atteinte des capacités cognitives, de problèmes cardiaques... il est donc très dur de le dépister. Les professionnels de santé procèdent généralement à ce qu’on appelle le diagnostic par élimination, ce qui fait perdre beaucoup de temps, puisque le patient doit faire tout une série d’examens et analyses. Mais cette découverte permettra de mieux comprendre ce syndrome et pourrait améliorer non seulement le diagnostic, mais aussi la prise en charge du Covid long et envisager des traitements spécifiques», affirme le médecin.