Société

Les noyades explosent au Maroc : +100% en 2025

L’été 2025 est marqué par une hausse préoccupante des noyades, avec plus de 9.400 personnes en difficulté recensées sur les plages du Royaume depuis le mois de mai, soit plus du double par rapport à la même période l’an dernier. Contactée par le journal «Le Matin», la Direction générale de la Protection civile alerte sur les causes de cette recrudescence, les comportements à risque et l’urgence de renforcer la prévention.

24 Juillet 2025 À 16:45

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Durant la saison estivale, les plages deviennent des lieux de fraîcheur, de détente et de plaisir. En famille ou entre amis, des milliers de Marocains s’y retrouvent pour échapper à la chaleur. Mais dans cette ambiance de vacances, beaucoup oublient que la baignade n’est jamais sans risque. Et chaque année, des vies basculent en quelques minutes. Des groupes d’amis, des fratries entières, parfois des enfants laissés sans surveillance, se retrouvent soudain happés par les courants, pris au piège d’une mer qui ne fait pas de cadeaux.



La Journée mondiale de prévention des noyades, célébrée ce 25 juillet, est l’occasion de tirer la sonnette d’alarme. Car les chiffres que nous révèle la Direction générale de la Protection civile sont frappants : l’été 2025 connaît une hausse préoccupante des incidents de noyade.

Depuis le début de la saison estivale, en mai 2025, quelque 9.413 personnes en difficulté ont été recensées le long des plages du Royaume, selon des données communiquées en exclusivité au journal «Le Matin» par la Direction de la Protection civile. Parmi elles, 9.365 ont pu être sauvées, mais 31 personnes ont perdu la vie et 17 autres sont toujours portées disparues.

«Nous avons enregistré une augmentation de plus de 100% des cas par rapport à la même période en 2024», soulignent les services de la Direction. En effet, entre mai et juin 2024, 3.743 cas avaient été enregistrés, dont 25 décès et 8 disparus. La comparaison est sans appel : le double de victimes cette année.

Cette explosion du nombre d’incidents s’explique, selon les Autorités, par deux facteurs principaux. «D’une part, la vague de chaleur enregistrée au début de la saison balnéaire a engendré un flux massif d’estivants, poussant nombre d’entre eux à se baigner dans des zones non surveillées ou dangereuses. D’autre part, l’ouverture de nouvelles plages pour la baignade, parfois sans encadrement adapté, a élargi les zones de risque.» Certaines régions du pays concentrent une part importante de ces accidents. À Kénitra, les chiffres sont passés de 300 personnes noyées l’année dernière à 1.921 cette année, soit une multiplication par plus de six. Même tendance à Tanger-Asilah, avec 1.302 cas en 2025 contre 303 un an plus tôt. Témara, elle, a enregistré 1.227 incidents contre 290 auparavant, et Berkane est passée de 306 à 822 cas. Seule Casablanca-Anfa a connu un léger recul, avec 1.016 cas cette année contre 1.425 en 2024. Mais ce chiffre reste très élevé et confirme le statut de zone à haut risque.

Face à ces dangers, la Protection civile a tenté de renforcer les moyens : «Nous avons procédé au renforcement des encadrants sur les plages et à la distribution de nouveaux équipements de sauvetage nautiques», précisent les responsables. Ils se disent satisfaits de l’efficacité du dispositif, «compte tenu des moyens disponibles».

Mais ils soulignent aussi que le principal obstacle reste le comportement des baigneurs. «La majorité des noyés a un âge inférieur à 20 ans», précisent-ils. Portés par l’enthousiasme et un esprit d’aventure, ces jeunes négligent trop souvent les consignes de sécurité dictées par les sauveteurs, même en cas de mer agitée.

Pour renforcer la surveillance, des expérimentations sont en cours dans certaines zones pilotes. «De nouveaux équipements de technologie de pointe sont actuellement testés, notamment à Agadir», révèlent les autorités, avec la perspective d’un déploiement national si les résultats sont concluants.

Cet été, les vacances ont déjà été endeuillées dans plusieurs familles. La mer, aussi belle soit-elle, reste un espace à risque. Et cette Journée mondiale est plus que jamais le moment de rappeler que la vigilance est le premier réflexe à adopter avant chaque baignade.

Que faire en cas de noyade ?

Selon la Protection civile, la manière de signaler une noyade dépend de la situation :

• Sur une plage surveillée, il faut immédiatement alerter les nageurs-sauveteurs secouristes (NSS) ou les encadrants présents sur place.

• Sur une plage non surveillée, il faut appeler les numéros d’urgence suivants : 15 ou 19 en zone urbaine, 177 en zone rurale.

En attendant les secours, il est impératif de ne pas s’exposer soi-même au danger, notamment si l’on ne sait pas nager ou si les conditions sont défavorables. Si la victime est déjà hors de l’eau, des gestes de premiers secours peuvent être prodigués, à condition d’y avoir été formé.
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