Société

Lutte contre la rougeole : seule une action collective et concertée permettra de gagner le pari

La lutte contre la rougeole exige une action collective et coordonnée, mobilisant divers acteurs. Elle ne pourrait être menée à bien par le seul ministère de la Santé. En effet, pour endiguer cette épidémie, il est crucial de conjuguer les efforts des autorités publiques, des organisations de la société civile, des médias et des communautés locales. C’est la principale conclusion qui ressort d’un webinaire organisé récemment sous l’égide de l’Observatoire national des droits de l’enfant et du ministère de la Santé et de la protection sociale.

06 Février 2025 À 15:40

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Depuis septembre 2023, le Maroc est confronté à une épidémie de rougeole, une maladie hautement contagieuse qui a déjà affecté plus de 25.000 personnes et causé 120 décès. Face à cette situation alarmante, diverses initiatives ont été lancées à l’échelle nationale pour sensibiliser la population à la gravité de la maladie et encourager l’adoption de mesures préventives, notamment la vaccination.



Dans ce contexte, l’Observatoire national des droits de l’enfant (ONDE) et le ministère de la Santé et de la Protection sociale ont organisé un webinaire intitulé «Tous mobilisés pour réussir la riposte contre la rougeole», réunissant des experts, notamment des membres de la communauté scientifique pédiatrique, afin de réfléchir aux solutions les mieux à même de stopper cette maladie.

L’appel à la vaccination

Lors des débats qui ont marqué cette rencontre, il a été largement reconnu que la lutte contre la propagation du virus nécessite une réponse collective et coordonnée à tous les niveaux de la société. Dans cette optique, Ghizlane Benjelloun, vice-présidente de l’ONDE, a mis en lumière l’importance vitale de la vaccination, rappelant que la rougeole peut entraîner de graves complications, voire la mort, tant chez les enfants que chez les adultes. Elle a particulièrement insisté sur l’extension de la couverture vaccinale dans les zones rurales et reculées, où l’accès aux soins reste limité. Dans la même optique, Mohamed Lyoubi, directeur de l’Épidémiologie et de lutte contre les maladies au ministère de la Santé, a précisé que la recrudescence des cas de rougeole était directement liée à un faible taux de vaccination. «Le virus touche toutes les tranches d’âge et toutes les régions du pays. Il est donc impératif d’atteindre une couverture vaccinale de 95% pour enrayer cette épidémie», a-t-il souligné, tout insistant sur l’urgence d’une action collective et concertée.

Le rôle crucial des médias

Parallèlement aux efforts menés par les services de santé, le rôle des médias dans la lutte contre la rougeole s’avère fondamental. Moulay Saïd Afif, président de la Société marocaine des sciences médicales, a tenu à le souligner. «Les médias jouent un rôle incontournable dans la sensibilisation de la population. Ils sont des relais essentiels pour diffuser des informations fiables et encourager la population à adopter les bons comportements», a-t-il affirmé. Cette idée a été appuyée par Wahid Amine, journaliste à «Al Ittihad Al Ichtiraki» qui a relevé qu’«au-delà de la simple diffusion de nouvelles, les journalistes doivent endosser une responsabilité plus grande en sensibilisant le public, en déconstruisant les fausses informations et en incitant la population à adopter des comportements protecteurs, notamment la vaccination». Toutefois, pour que cette mobilisation soit pleinement efficace, Wahid Amine a insisté sur l’importance de la collaboration entre les journalistes, les scientifiques et les autorités publiques. Il est impératif que tous ces acteurs travaillent de concert pour diffuser un message clair, cohérent et crédible.

«Le Matin», média citoyen, vecteur de promotion de la culture sanitaire

Le groupe «Le Matin» était représenté lors de cette rencontre par une journaliste de la rédaction francophone, Nabila Bakkass. Cette dernière, de par l’intérêt qu’elle porte aux questions sanitaires et son engagement pour la diffusion de la culture médicale, a souligné l’importance du rôle des médias en période de crise. Selon elle, le journaliste a la responsabilité d’influencer positivement le comportement des citoyens. C’est un rôle, a-t-elle dit, qu’il doit pleinement assumer, plutôt que de laisser des personnes sans formation ni légitimité s’exprimer sur des sujets scientifiques aussi sérieux que les épidémies. Elle a, également, insisté sur le fait que les journalistes doivent être soutenus dans leur fonction et avoir un accès facilité à l’information pour pouvoir remplir efficacement leur mission. À cet égard, Mme Bakkass a rappelé l’exemple frappant de la crise de la Covid-19, où les journalistes avaient joué un rôle de premier plan pour informer, guider et rassurer la population face à l’incertitude, tout en combattant la désinformation qui circulait à tout-va.
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