Société

Plages marocaines : ce qu’il faut savoir sur la présence des méduses cet été

Alors que les plages continuent d’attirer des milliers d’estivants, la présence éventuelle de méduses inquiète certains vacanciers, en particulier sur les côtes méditerranéennes. Pourtant, selon l’Institut national de recherche halieutique, la situation reste globalement maîtrisée : les spécimens observés sont peu nombreux, localisés et rarement dangereux.

26 Juillet 2025 À 11:10

Si de nombreuses personnes sont déjà en vacances, beaucoup préfèrent attendre le mois d’août pour partir. Et avant de prendre la route des plages, une question revient souvent : va-t-on croiser des méduses cette année ? Sont-elles de retour sur les côtes marocaines ? Cette inquiétude est particulièrement vive chez les vacanciers qui choisissent la Méditerranée, d’autant plus que les alertes récurrentes sur les plages espagnoles ces dernières années ont laissé des traces dans les esprits. Mais d’après l’Institut national de recherche halieutique (INRH), certaines zones de l’Atlantique marocain ne sont pas totalement épargnées, même si l’état des lieux reste globalement rassurant.

Une présence intermittente, selon l’INRH

Contactée par «Le Matin», la Dre Farah Hounaida Idrissi, chercheuse au Laboratoire Biologie-Écologie du Centre régional INRH de Casablanca, explique que l’été 2025 est marqué par «une présence ponctuelle et localisée d’espèces gélatineuses sur le littoral marocain, observée grâce à des campagnes en mer et à un réseau côtier de veille scientifique». Elle précise toutefois que «ces apparitions restent modérées à ce stade».

Les espèces signalées présentent des niveaux de toxicité variables. Certaines sont inoffensives, d’autres peuvent provoquer des piqûres urticantes. Les observations sur le terrain confirment leur répartition étalée : des Physalia physalis ont été repérées entre Mohammedia et Casablanca dès le mois de mai, des méduses-boîtes ont été détectées ponctuellement au large d’El Jadida, et des cténophores inoffensifs ont été signalés à Skhirate.

En Méditerranée, la méduse Pelagia noctiluca est réapparue dans la zone entre M’diq et Cabo Negro, un phénomène bien connu des scientifiques. «C’est une espèce semelpare, dont la présence coïncide souvent avec la fin de vie des individus adultes», indique Dre Idrissi. Cette résurgence est aussi favorisée par «des conditions météorologiques instables, notamment les vents de type Chergui, qui poussent les méduses vers la côte».

Des apparitions ponctuelles ont également été signalées à Cap Beddouza. «Les données de suivi montrent que certaines détections coïncident avec les cycles de marées et des événements météorologiques localisés, ce qui renforce la probabilité d’échouages temporaires», précise la chercheuse.

Pas de prolifération inquiétante pour l’instant

«Ce type de phénomène reste conjoncturel et ne présente pas de signe de prolifération massive à ce stade», rassure Dre Idrissi. Les analyses effectuées entre 2023 et 2024 montrent également une abondance faible à moyenne, que ce soit en Méditerranée ou sur la façade atlantique. Les échouages signalés correspondent en grande partie à des cycles naturels.

«Il faut savoir que les méduses prolifèrent plus volontiers dans des eaux chaudes, riches en nutriments et marquées par un fort gradient de thermocline. Ce sont des conditions propices à leur reproduction. D’autre part, leur présence est souvent liée aux dérèglements des courants, qui les transportent vers de nouveaux habitats ou les rejettent sur les plages», explique Dre Idrissi.

Les activités humaines ont également leur part de responsabilité : «La surpêche des prédateurs naturels des méduses, comme les tortues ou les poissons-lunes, ainsi que la pollution plastique, favorisent leur prolifération.» En effet, les déchets en mer peuvent servir de supports aux formes larvaires.

En Méditerranée marocaine, «les méduses sont plus fréquentes lorsqu’elles sont entraînées par des courants venant du sud-est, en provenance du large, et relativement rares lorsque les courants longent la côte dans le sens nord-ouest».

Le lien avec les côtes espagnoles

La Méditerranée occidentale est marquée par une forte activité biologique, notamment au sud de l’Espagne, où le phytoplancton est abondant. Cette richesse attire aussi des méduses. «Certaines d’entre elles peuvent ensuite être transportées vers les côtes marocaines via le gyre occidental de la mer d’Alboran, notamment en cas de vents forts d’Est», souligne Dre Idrissi.

Mais ce n’est pas le cas de toutes les espèces. «Physalia physalis, par exemple, possède un cycle d’apparition bien défini et récurrent. Elle vit généralement en haute mer, mais peut être rejetée sur les plages par les vents et les courants.» Elle précise que cette espèce, bien reconnaissable par sa couleur bleu-violet et ses longs tentacules, est «un siphonophore colonial, flottant à la surface grâce à un flotteur rempli de gaz».

La chercheuse rappelle, par ailleurs, que la plupart des méduses présentes sur les côtes marocaines «ont un cycle de vie court, variant de quelques semaines à quelques mois, selon les conditions environnementales». Cela signifie que leur présence, aussi gênante soit-elle pour les baigneurs, reste temporaire.

Rester prudent face aux piqûres

«Aucune des espèces dangereuses ou mortelles n’est recensée sur nos côtes», affirme Dre Idrissi. Néanmoins, la prudence reste de mise, car certaines piqûres, notamment celles de Pelagia noctiluca ou Physalia physalis, peuvent être douloureuses. «Elles provoquent généralement une douleur vive, une rougeur en forme de coup de fouet, parfois des gonflements, et dans certains cas, des réactions allergiques».

En cas de piqûre, il est recommandé de rincer la zone touchée avec de l’eau de mer, de retirer les éventuels tentacules avec précaution (sans contact direct), et de consulter un médecin si les symptômes persistent ou s’aggravent.

«L’INRH poursuit son dispositif de veille scientifique, en mer comme à terre, afin de cartographier les zones affectées, de suivre l’évolution des espèces, d’analyser leurs indicateurs biologiques et de comprendre leur lien avec les facteurs océanographiques», conclut Dre Idrissi.
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