Au Maroc, 18,4 % des étudiants souffrent de migraine, avec une prédominance féminine
Nuits écourtées, pression académique, équilibre fragile entre études et bien-être… La migraine s’invite désormais dans la vie des étudiants de la région MENA. D’après une étude publiée en 2025 par BMC Public Health, près de 26 % d’entre eux en souffrent. Au Maroc, le taux atteint 18,4 %, avec une nette prédominance féminine. Le manque de sommeil, principal déclencheur, traduit le stress et la fatigue d’une jeunesse sous tension.
LE MATIN
03 Novembre 2025
À 11:29
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La migraine, souvent sous-estimée, se révèle être un véritable fardeau pour les étudiants universitaires. Dans une enquête menée auprès de près de 6.000 étudiants issus de 11 pays de la région MENA, un quart des participants présentent des symptômes compatibles avec cette pathologie neurologique. Les taux les plus élevés ont été observés en Irak (38,9 %) et en Algérie (31,5 %), tandis que l’Égypte (19,9 %) et le Maroc (18,4 %) enregistrent les prévalences les plus faibles.
L’étude met également en évidence un lien étroit entre migraine et troubles psychologiques : 72,5 % des étudiants migraineux souffrent de dépression sévère et près de 30 % présentent une anxiété modérée. Ces troubles aggravent la fréquence et l’intensité des crises, perturbant la concentration, la productivité et la performance académique. Une corrélation négative, bien que faible, a d’ailleurs été observée entre le score de handicap lié à la migraine et la réussite scolaire. Près d’un quart des étudiants migraineux (23,2 %) présentent un handicap sévère qui les empêche de suivre normalement leurs cours ou leurs activités sociales. Pour 49,2 %, l’incapacité est légère ou inexistante, tandis que 27,6 % rapportent un handicap modéré. Les chercheurs parlent d’une atteinte fonctionnelle marquée au sein d’une population jeune en pleine période d’apprentissage.
Les principaux facteurs à l’origine des migraines
Les principales causes de déclenchement identifiées sont les troubles du sommeil (59,7 %), le bruit (47,4 %), l’exposition au soleil (45,6 %), l’anxiété (44,9 %) et le stress (44,4 %). D’autres facteurs aggravants, comme les périodes d’examens, l’usage excessif d’écrans et la consommation quotidienne de caféine, ont également été relevés. À l’inverse, un sommeil régulier, une bonne hydratation et une activité physique fréquente contribuent à réduire significativement le risque de migraine.
L’étude note par ailleurs que les femmes sont deux fois plus touchées que les hommes, un écart attribué à des facteurs hormonaux, génétiques et psychologiques. Les étudiants des filières non médicales sont également plus concernés que ceux issus des études de santé, probablement en raison d’une meilleure connaissance de la maladie et de comportements préventifs plus adaptés.
Des pistes d’action pour mieux les prévenir
Face à ces constats, les chercheurs appellent les universités du monde arabe à mettre en place des programmes de dépistage, de sensibilisation et de soutien psychologique pour mieux accompagner les étudiants migraineux. Ils soulignent l’importance du sommeil, de l’hydratation, de la gestion du stress et de la santé mentale dans la prévention de ces crises. Bien qu’elle figure parmi les principales causes d’incapacité dans le monde, la migraine reste largement sous-diagnostiquée et sous-traitée dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, où la stigmatisation et le manque d’accès aux soins spécialisés en accentuent encore le fardeau.