Si le
jeûne du mois du
Ramadan présente des bienfaits avérés sur la
santé, notamment en favorisant la
détoxification de l’organisme et en améliorant la sensibilité à l’
insuline, il peut néanmoins comporter des risques pour certaines catégories de personnes. Selon le
Dr Ayman Aït Haj Kaddour,
médecin et conférencier, «le jeûne du mois du Ramadan n'est pas anodin pour tout le monde. Certaines personnes doivent impérativement consulter un professionnel de santé avant d'entreprendre le jeûne ».
Femmes enceintes et allaitantes : prudence requiseLes
femmes enceintes et allaitantes doivent être particulièrement vigilantes. «Le jeûne peut entraîner une diminution de l’apport calorique et hydrique, ce qui peut affecter la
croissance fœtale», précise le Dr Ayman Aït Haj Kaddour. De plus, les femmes enceintes ayant des antécédents de
diabète gestationnel sont plus exposées à un risque d’
acidocétose. Quant aux
femmes allaitantes, elles peuvent observer une baisse de leur production lactée due à la déshydratation.
Pour celles qui choisissent de
jeûner, il est recommandé de s’hydrater abondamment entre le
f'tour et le
s’hour et de consommer des aliments riches en
protéines et en
glucides complexes afin de maintenir un niveau énergétique optimal.
Personnes âgées : un suivi nécessaireAvec l’âge, le risque de complications liées au jeûne augmente. «Les
personnes âgées ressentent moins la soif, ce qui favorise la
déshydratation. De plus, la régulation de la
glycémie est souvent altérée, augmentant le risque d’
hypoglycémie ou d’
hyperglycémie», avertit le médecin.
Il est conseillé d’augmenter la consommation d’eau après le f'tour, en visant un apport quotidien de 1,5 à 2 litres. Une alimentation équilibrée, riche en protéines et en
fibres, ainsi qu'une limitation des
efforts physiques durant la journée, sont aussi préconisées.
Les maladies chroniques et le jeûne : une évaluation préalable indispensableLes patients atteints de
diabète, d’insuffisance rénale ou de
maladies cardiovasculaires doivent prendre certaines précautions avant d’entreprendre le jeûne. «Les
patients diabétiques de type 1 doivent s’abstenir de jeûner en raison du risque élevé d’
acidocétose diabétique. Pour les
diabétiques de type 2, un
suivi médical est essentiel afin d’adapter les doses d’insuline et d’antidiabétiques oraux», prévient le spécialiste.
Une surveillance glycémique régulière est indispensable, notamment avant et après le f'tour. Si le taux de
glucose sanguin descend en dessous de 0,7 g/l, il est impératif de rompre le jeûne immédiatement pour éviter des complications graves.
Jeûne et maladies cardiovasculaires : attention aux risquesChez les patients souffrant de maladies cardiovasculaires, le jeûne peut entraîner une augmentation de la
viscosité sanguine, favorisant ainsi les
thromboses. «Les déséquilibres électrolytiques en période de jeûne peuvent déclencher des
arythmies cardiaques, notamment chez les patients sous
diurétiques», explique le Dr Ayman Aït Haj Kaddour. Il est donc essentiel de consulter un médecin avant de jeûner afin d’ajuster les
traitements médicamenteux si nécessaire. Une hydratation suffisante et une alimentation équilibrée restent primordiales pour éviter tout risque de complications.
Un jeûne adapté à chacunLe jeûne du Ramadan est une expérience spirituelle et physique qui doit être adaptée aux besoins de chacun. «Il est primordial d’adopter une approche personnalisée et de ne pas hésiter à consulter un professionnel de santé en cas de doute. La santé prime avant tout. Il est essentiel de comprendre les limites de son corps et d’adopter des mesures préventives afin de tirer tous les bénéfices du jeûne en toute sécurité», conclut le médecin.
Pour préserver sa santé durant le Ramadan, il est essentiel d’adopter certaines précautions, notamment en matière d’alimentation, d’hydratation, de prise de médicaments et de gestion du sommeil.
Hydratation et alimentation équilibrée
Maintenir un bon apport en eau après la rupture du jeûne est primordial afin d’éviter la déshydratation. Il est également conseillé d’éviter les repas riches en graisses saturées pour prévenir les pics lipidiques, qui peuvent être néfastes pour la santé cardiovasculaire. Un s’hour équilibré joue un rôle clé pour éviter la fatigue en journée : il doit inclure des protéines lentes (œufs, fromage, yaourt), des glucides complexes (avoine, pain complet) et des fruits secs riches en minéraux comme le magnésium et le potassium.
Ajustement des traitements médicamenteux
La prise de médicaments doit être adaptée au rythme du jeûne. Les médicaments pris une fois par jour ne nécessitent généralement pas d’ajustement. Pour ceux nécessitant deux prises quotidiennes, il est recommandé d’espacer les prises entre le f'tour et le s’hour. Toutefois, certains traitements, notamment ceux nécessitant plusieurs prises quotidiennes, peuvent perdre leur efficacité en raison du jeûne prolongé. Dans ces cas, un avis médical est indispensable.
Voici quelques exemples d’adaptations spécifiques :
• Antihypertenseurs : privilégier les bêtabloquants pour éviter les chutes de tension.
• Insuline : ajuster les doses pour prévenir les hypoglycémies nocturnes.
• Antiépileptiques : maintenir une prise stable afin d’éviter les crises.
Préserver son sommeil durant le Ramadan
Le décalage des repas et des rythmes de vie entraîne des modifications hormonales pouvant perturber le sommeil. Pour limiter ces effets, plusieurs recommandations sont à suivre :
• Réduire la consommation de caféine après le f'tour pour éviter l’insomnie.
• Pratiquer une activité physique modérée deux heures après le f'tour afin de réguler le rythme circadien.
• Favoriser un éclairage tamisé avant le coucher pour améliorer la production de mélatonine.
• Intégrer une sieste de 30 à 40 minutes vers 15 h pour compenser le manque de sommeil nocturne.
Adopter ces bonnes pratiques permet de limiter la fatigue, d’optimiser son énergie en journée et de garantir un jeûne en toute sécurité. En cas de doute, une consultation médicale reste la meilleure approche pour adapter le jeûne aux besoins de chacun.