Société

Soleil et troubles visuels : des enfants plus vulnérables que d’autres

Chez les enfants atteints d’hypermétropie ou de strabisme, les yeux sont déjà soumis à un effort constant et réagissent plus fortement à la lumière. En été, cette sensibilité s’accentue face au soleil. Pour éviter la fatigue visuelle, des protections comme les lunettes adaptées, les chapeaux et les zones ombragées deviennent indispensables.

08 Juillet 2025 À 17:35

Pendant les vacances, les enfants passent de longues heures à l’extérieur, entre plage, piscine et jeux en plein air. Mais pour ceux qui présentent une hypermétropie ou un strabisme, l’exposition prolongée au soleil peut entraîner des troubles visuels spécifiques. Une vigilance particulière s’impose.

Des yeux déjà très sollicités

Chez l’enfant hypermétrope, la mise au point se fait au prix d’un effort visuel permanent, même à courte distance. «Chez ces enfants, l’accommodation est sollicitée en permanence pour obtenir une image nette. Cette surcharge rend l’œil plus vulnérable à la lumière intense», explique Wiam El Jaï, orthoptiste.

Quant aux enfants atteints de strabisme, c’est l’équilibre même de leur vision qui peut être perturbé par une forte luminosité. «La coordination des deux yeux est souvent fragile : l’exposition à une forte luminosité peut perturber davantage cet équilibre et accentuer la déviation. Résultat : ils sont naturellement plus sensibles à l’éblouissement et fatiguent visuellement beaucoup plus vite en plein soleil», ajoute la spécialiste.

Des signes à repérer rapidement

L’exposition au soleil peut provoquer chez ces enfants une fatigue visuelle accrue, qui se manifeste par différents symptômes. «Le principal risque est la fatigue visuelle accrue, qui peut se traduire par des maux de tête localisés autour des yeux ou du front, des douleurs oculaires, une photophobie marquée et des clignements fréquents. Certains enfants ferment instinctivement un œil pour mieux supporter l’éblouissement, surtout en cas de strabisme ou de vision double», prévient Wiam El Jaï. Des signes qui doivent alerter les parents, surtout s’ils reviennent de manière répétée après une sortie en plein soleil ou s’ils sont accompagnés de frottements oculaires.

Des précautions simples, mais essentielles

Pour limiter ces désagréments, quelques règles de bon sens s’imposent : éviter les sorties entre 11 h et 16 h, lorsque les rayons UV sont les plus agressifs, et privilégier les promenades en début de matinée ou en fin d’après-midi. «Certains environnements accentuent encore plus la gêne, comme les plages de sable clair, les piscines ou les surfaces carrelées qui réfléchissent fortement la lumière», insiste l’orthoptiste. Dans la mesure du possible, il faut rechercher l’ombre et éviter les expositions prolongées.

Côté équipement, des lunettes de soleil adaptées sont incontournables. «Le premier réflexe est le port de lunettes de soleil adaptées, qui garantissent une filtration à 100% des UVA et UVB (indication CE, catégorie 3 ou 4)», recommande Wiam El Jaï. Elle suggère également de compléter cette protection par un chapeau à large bord ou une casquette longue. Enfin, pour les enfants particulièrement sensibles, des verres photochromiques sur leur correction optique peuvent s’avérer utiles pour améliorer leur confort visuel tout au long de la journée.

En résumé, les enfants hypermétropes ou strabiques ne doivent pas être privés de soleil, mais simplement bénéficier de mesures de protection renforcées. Car en été plus que jamais, leurs yeux ont besoin d’attention.

Questions à Wiam El Jaï, orthoptiste

Le Matin : Y a-t-il des critères particuliers pour choisir des lunettes de soleil pour un enfant avec un strabisme ?

Wiam El Jaï : En effet, certains points méritent une attention particulière au moment de choisir des lunettes de soleil pour les enfants sensibles. Il est ainsi recommandé d’opter pour des verres polarisants, qui réduisent les reflets parasites, notamment au bord de l’eau ou sur le sable. Ils offrent un meilleur confort binoculaire. La teinte des verres doit être homogène, de préférence gris neutre ou brun, afin de respecter les contrastes naturels sans altérer la perception des reliefs. La forme des lunettes a également son importance : un modèle enveloppant permet de limiter l’entrée latérale de lumière, souvent gênante pour les enfants déjà sensibles à l’éblouissement. Enfin, la monture doit être à la fois légère et bien ajustée, pour garantir un port stable et confortable tout au long de la journée.

Le port de casquettes ou chapeaux à larges bords suffit-il dans certains cas à protéger la vue ?

Non, c’est une excellente protection complémentaire, mais elle ne remplace pas les lunettes filtrant les UV. Un chapeau bloque surtout la lumière directe venant du dessus, mais ne protège pas contre la lumière diffuse ni les UV réfléchis par le sol ou l’eau. Pour un enfant hypermétrope ou strabique, l’association lunettes + chapeau reste la stratégie la plus efficace.

Y a-t-il des activités estivales déconseillées ou à surveiller de près chez ces enfants ?

Aucune activité n’est strictement déconseillée, mais certaines nécessitent plus de vigilance, comme lors des longues expositions au bord de l’eau ou sur le sable, qui renvoient fortement la lumière et augmentent la photophobie. Les sports nécessitant une vision binoculaire fine, comme les jeux de raquettes, peuvent aussi accentuer la fatigue visuelle chez un enfant strabique.

Il est important d’alterner avec des pauses régulières à l’ombre, d’assurer une bonne hydratation et de laisser l’enfant retirer ses lunettes de soleil dans un environnement moins lumineux pour détendre ses yeux.

Quels conseils simples donneriez-vous aux parents pour limiter les risques de gêne ou de complications en période estivale ?

Pour une protection optimale des enfants sensibles au soleil, plusieurs précautions sont à adopter. Il est essentiel de s’assurer que les lunettes de soleil portent la mention 100% UV ainsi que le marquage CE, garantissant une protection efficace contre les rayons ultraviolets. Les parents doivent rester attentifs à tout signe d’inconfort chez l’enfant : clignements fréquents, œil qui se ferme instinctivement, frottements répétés ou plaintes de maux de tête peuvent traduire une gêne.

En conclusion, protéger les yeux d’un enfant hypermétrope ou strabique pendant l’été repose sur quelques mesures simples, mais essentielles : des lunettes de soleil de qualité, un couvre-chef adapté, le choix des bons moments pour sortir, et surtout une écoute attentive des signes d’inconfort. Cela leur permettra de profiter pleinement des beaux jours en toute sécurité visuelle.
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