LE MATIN
24 Novembre 2025
À 17:50
Sous l’effet d’une nouvelle circulaire, les directions régionales et provinciales sont appelées à resserrer les règles de
présence médicale, à assurer une
occupation permanente des services d’urgence et à afficher
les listes des médecins en exercice et de garde, une mesure portée par le ministère de la Santé pour remettre de l’ordre dans l’organisation des gardes et la continuité des soins. L’objectif affiché est d’assurer une disponibilité optimale des équipes soignantes tout en renforçant la transparence au sein des établissements.
Une orientation saluée par
la Fédération démocratique du travail, dont le responsable de la communication,
Hamza El Ibrahimi, estime que la transparence et la bonne organisation des gardes sont essentielles à la continuité du service public. Il insiste toutefois sur la nécessité d’une vision globale qui prenne en compte
les contraintes du terrain et les réalités professionnelles du personnel médical. Pour le syndicat, l’application de ces instructions doit impérativement s’inscrire dans une démarche participative garantissant un équilibre entre les droits et les devoirs des professionnels, et reposant sur des
conditions de travail décentes et des
ressources humaines suffisantes pour assurer une mise en œuvre efficace.
Cette lecture nuancée est partagée par
la Fédération nationale de la santé affiliée à l’union générale des travailleurs du Maroc. Son membre du bureau national,
Adel Aouine, rappelle que le recours aux circulaires obligatoires ne suffit pas à corriger les dysfonctionnements d’un système de santé marqué par le
manque de moyens et la pression quotidienne exercée sur les équipes soignantes. Il s’interroge sur la capacité réelle des hôpitaux et centres de santé à se conformer strictement au régime des gardes, notamment en l’absence de médecins, d’infirmiers et de techniciens en nombre suffisant, ainsi que du matériel et des conditions de sécurité nécessaires, particulièrement dans
les services d’urgence.Pour ce syndicat, la multiplication des rappels administratifs, y compris ceux relatifs au
décret 98-15 encadrant la garde et la continuité du service, montre ses limites. Les carences structurelles persistent et pèsent lourdement sur la qualité du service rendu, alors même que les professionnels ne bénéficient ni des
périodes de repos réglementaires ni d’
indemnités proportionnées à l’effort supplémentaire exigé. Les conditions de travail difficiles,
le risque d’agressions et l’absence d’incitations adéquates rendent l’exercice des gardes encore plus éprouvant.
Dans ce contexte, Adel Aouine plaide pour une réforme en profondeur centrée sur l’amélioration des conditions de travail, la mise à niveau des infrastructures sanitaires et la participation des ressources humaines aux décisions qui les concernent. Il appelle également à valoriser les efforts des professionnels qui assurent, malgré les contraintes, la continuité des soins et le fonctionnement des services d’urgence. Selon lui, seule une
réforme structurelle, intégrant le renforcement des effectifs et la revalorisation des compensations, permettra de donner à ces nouvelles directives une portée réelle et durable.