Saloua Islah
13 Juin 2025
À 17:37
Et si l’on parvenait enfin à déloger
le VIH de ses cachettes les plus tenaces ? C’est le pari relevé par une équipe de chercheurs de l’Université de Melbourne, en
Australie, qui a franchi un cap inattendu dans
la lutte contre le sida. Leur étude, publiée le
29 mai dans la revue
Nature Communications, dévoile une méthode innovante : utiliser l’
ARN messager pour envoyer un signal directement à l’intérieur des cellules infectées, afin de forcer le virus à se révéler ,une première dans la recherche sur le VIH.
Si cette avancée suscite autant d’intérêt, c’est parce qu’elle s’attaque au mécanisme qui rend le virus si difficile à éliminer. Le
VIH a une capacité unique : il se cache dans certaines cellules du
système immunitaire, appelées lymphocytes T, sans provoquer de symptômes ni être détecté. Même avec les traitements actuels, qui contrôlent bien le virus, cette « réserve » invisible reste intacte. C’est ce qui oblige les personnes séropositives à suivre une thérapie à vie.
Pour la première fois, des chercheurs ont réussi à « réveiller » le virus en laboratoire. Leur méthode repose sur des molécules d’ARN messager , une technologie déjà utilisée dans les vaccins
anti-COVID, transportées à l’intérieur des cellules par de minuscules bulles de graisse, appelées nanoparticules lipidiques. Une fois à l’intérieur, ces molécules donnent l’instruction à la cellule de produire une protéine virale, ce qui oblige le VIH à sortir de sa phase silencieuse.
Les tests ont été réalisés in vitro, sur des cellules prélevées chez des personnes séropositives. L’objectif n’était pas d’éliminer le virus, mais de
prouver qu’il peut être forcé à se dévoiler. Pour les scientifiques, c’est une étape longtemps considérée comme impossible. « C’est, de loin, la meilleure chose que nous ayons jamais vue », confie la
Dre Paula Cevaal, co-auteure de la recherche, au Guardian.
La prochaine phase consistera à observer comment le système immunitaire réagit lorsque
le virus, d’ordinaire invisible,
devient détectable. Des tests sur animaux sont prévus, mais un éventuel traitement humain reste encore très lointain, selon l'étude partagée.
Cette avancée s’inscrit dans une dynamique plus large : depuis leur succès face à la COVID, les technologies à
ARN messager sont explorées dans de nombreux domaines , lutte contre la grippe, le paludisme, certains cancers... et aujourd’hui, peut-être, l
e VIH. En 2023, selon l’
ONUSIDA, près de
40 millions de personnes vivaient avec le virus VIH dans le monde. Toute percée dans ce domaine est donc scrutée de près.