Abderrahman Ichi
18 Janvier 2024
À 19:23
Contrairement aux
équipes nationales de football, toute catégorie confondues, qui disposent de tous les moyens pour travailler dans les meilleures conditions, les clubs marocains sont dans le dur, du moins sur le plan financier. Beaucoup d’entre eux n’arrivent même pas à payer les salaires de leurs joueurs. Les cas du
Chabab de Mohammedia et de
l’Ittihad de Tanger sont les plus frappants. Les deux clubs, selon les informations que nous avons collectées auprès l’
Union marocaine des footballeurs professionnels, n’ont pas payé les salaires de leurs joueurs depuis le mois d’août. Plusieurs autres clubs ont des retards de paiement de 2, voire 3 mois.
Lire aussi : Botola : les litiges avoisinent les 300 millions de DH, l’IRT a le plus lourd passifPire encore, 12 clubs marocains, dont 8 de première division, 4 de 2e division et 1 club amateur ont été interdits de recrutement. Les clubs de D1 interdits de recrutement sont le
Hassania d’Agadir, l’
Ittihad de Tanger, le
Maghreb de Fès, le
Mouloudia d’Oujda, l’
Olympic de Safi, le
Raja de Casablanca, le
Chabab de Mohammedia et le
Wydad de Casablanca.
Les clubs de D2 sont le
Difaa Hassani El Jadidi, le
Raja de Béni Mellal et le
Rapide Oued Zem. À cette longue liste s’ajoute le club amateur de la
Jeunesse Kasbat Tadla.
La dette cumulée par les clubs de la
Botola D1 et D2 s’élève à plus de 289 millions de DH (MDH) jusqu’au 31 juillet 2023, selon les chiffres rendus publics par la Ligue nationale de football professionnel. Les clubs les endettés, selon la même source, sont l’Ittihad de Tanger, avec une dette de plus 44 MDH, suivi du Raja avec plus de 34 MDH. Le Moloudia d’Oujda arrive en troisième position avec plus de 28 MDH, devançant le Maghreb de Fès qui affiche un total de près de 27 MDH de dettes, tout comme le Moghreb de Tétouan. Des chiffres qui donnent le tournis et interpellent sur la manière dont sont gérés les clubs.
La souffrance des joueurs au quotidien
Difficile aujourd’hui de devenir un joueur de
football professionnel au Maroc. Le quotidien de la plupart des joueurs nationaux et étrangers est difficile. Les témoignages recueillis auprès de plusieurs joueurs de la Botola D1 font froid au dos. Des joueurs affirment être expulsés de leur appartement pour non-paiement de loyer. D’autres confient ne pas avoir reçu leur salaire depuis de 2 ou trois mois et avoir des difficultés à manger à leur faim ou à se déplacer pour s’entraîner. D’autres avouent subir des pressions pour renoncer à une grosse partie de leurs salaires et primes impayés s’ils veulent être libérés.
Le nombre de grèves observées par les joueurs de clubs de première division dès le début de cette saison 2023-2024 est incalculable. Il en dit long sur les difficultés qu’ont les clubs à honorer leurs engagements vis-à-vis de leurs joueurs. La situation des joueurs étrangers évoluant au Maroc est encore plus compliquée et cela donne une mauvaise image des clubs et du football marocain. La Ligue nationale de football professionnel, la
FRMF, ainsi que le ministère de tutelle doivent trouver en urgence une solution à la situation désastreuse des finances des clubs marocains. Sans une approche globale, les clubs marocains risquent de ne pas s’en sortir.