Hajjar El Haïti
21 Septembre 2023
À 23:31
Les fake news suite au
séisme d’Al Haouz continuent de se propager sur la Toile, deux semaines après la catastrophe. De
fausses informations qui parviennent à semer la panique, voir la terreur parmi de nombreux citoyens. Il s’agit essentiellement de fausses alertes à de nouvelles
fortes secousses qui toucheraient plusieurs régions du Maroc d’ici la fin du mois de septembre ou même le risque d’un
tsunami sur les côtes marocaines... Des gens y croient tellement qu'elles cherchent à avoir une date au cas où... D'autres, vivant dans des bâtisses âgées, continuent de passer une bonne partie de la nuit dehors. Les exemples de tels comportements sont légions, le partage de nouvelles vidéos ravivant les craintes.
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Que faut-il en penser ? Les spécialistes assurent que toutes ces informations qui circulent sur les réseaux sociaux sont infondées. «Il est impossible aujourd’hui de prédire les séismes à n’importe quel endroit du monde et par n’importe quelle équipe de recherche, même les plus performantes. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de travaux de recherche sur cette thématique fondamentale surtout dans les zones à fort potentiel sismique. Ces zones sont très bien connues des géologues et correspondent généralement à des limites de plaques tectoniques qui se déplacent et libèrent de l’énergie», déclare au «Matin» Hasnaa Chennaoui Aoudjehane, professeure en géochimie et en planétologie et présidente de la Fondation Attarik. La spécialiste souligne qu’il est, en revanche, possible d’identifier un séisme quelques secondes avant sa survenue avec son épicentre et sa magnitude du fait qu’il y a un léger décalage entre les vitesses de propagation des différentes ondes produites lors d’un séisme. «Ce système n’est pas parfait et présente quelques limites, mais c’est le seul qui existe jusqu’à aujourd’hui. Il y a plusieurs équipes de sismologues qui travaillent à améliorer la détection des séismes. Dans les zones fortement sismiques comme au Japon ou la côte ouest des États-Unis, les cellules de veille sont toujours vigilantes et font un suivi très strict. Dès qu’il y a une détection, des alertes sont envoyées immédiatement par différents canaux, notamment par SMS, à la population avec des orientations de comment réagir», explique Pre Chennaoui. Et d’ajouter que «dans ces régions, il y a une préparation avec des simulations d’évacuation des lieux publics y compris des écoles et des hôpitaux. Il y a une sensibilisation de la population aux risques naturels. De même, le contrôle du respect des normes de constructions est très rigoureux. Cela n’empêche pas les catastrophes de survenir, mais les effets peuvent être atténués».
Notre interlocutrice appelle ainsi les citoyens à être plus méfiants et vigilants vis-à-vis de ce qui est diffusé sur les
réseaux sociaux. «Le problème avec les informations véhiculées sur Internet et les réseaux sociaux c’est qu’elles ne sont soumises à aucun contrôle et aucune vérification. N’importe qui peut publier n’importe quoi qui devient une référence pour les internautes non avertis. Plus l’information est sensationnelle, plus elle rapporte de "vues”, de "likes” et plus de notoriété de la source sans aucune garantie de véracité de l’information», affirme la présidente de la Fondation Attarik. «C’est maintenant un "métier” de vendre du
buzz, peu importe les conséquences, l’essentiel pour les personnes qui publient n’importe quoi est la visibilité. Il n’y a aucune éthique derrière», regrette-t-elle.
Pour s’assurer de la véracité des informations, Pre Chennaoui, recommande aux internautes de se référer à des sites officiels de centres de recherche, d’universités, d’écoles supérieures et surtout aux publications scientifiques. «Ces dernières ne sont pas facilement compréhensibles par tous, mais certains médias sont spécialisés dans le journalisme scientifique et ont la capacité de transcrire les résultats scientifiques qui semblent complexes en une formulation que nous pouvons tous comprendre», indique-t-elle. «Certains grands journaux scientifiques font eux même la diffusion de communiqués de presse ou publient des articles de simplification des concepts publiés par les scientifiques. En tous cas, on ne prend certainement pas l’information scientifique de la bouche de n’importe qui sur les réseaux sociaux qui n’a aucune compétence et aucune capacité à lire les informations scientifiques ni à les transcrire correctement», développe la spécialiste.