LE MATIN
24 Octobre 2024
À 18:55
Monsieur l’Envoyé personnel du Secrétaire général,
J’ai lu avec beaucoup d’intérêt le point d’information que vous avez présenté au
Conseil de sécurité des Nations unies le 16 octobre 2024 et qui m’inspire les remarques suivantes :
1. Vous avez raison de vous préoccuper du sort des populations qui résident dans les
camps de Tindouf et je comprends que vous soyez frappé par «la misère des conditions de vie et l’absence de perspective d’une vie meilleure». Sauf que j’aurais aimé que vous préconisiez, comme le demande le Conseil de sécurité depuis plusieurs années, le recensement de ces populations et permettre, à celles qui le veulent, de regagner le
Maroc et, pourquoi pas, permettre aux
populations sahraouies vivant au
Maroc de regagner
Tindouf si elles le désirent.
2. Vous avez souligné, un peu hâtivement, les «initiatives bilatérales» de soutien reçues par le
Plan d’autonomie de la part de divers pays, sans vous attarder, pourtant c’est important pour le devenir du dossier, sur le nombre de ces soutiens, de leur provenance et que dans le cas des pays arabes, c’est toute la
Ligue Arabe qui soutient la
souveraineté marocaine. Ce qui est aussi le cas du
Conseil de coopération du Golfe qui regroupe six pays.
3. Vous avez raison de vous abstenir de commenter la décision de la
Cour de justice européenne confirmant l’annulation des accords commerciaux UE – Maroc, en insistant sur le fait que les dirigeants de la Commission européenne et le Conseil des affaires étrangères ont tous deux réitéré «la grande valeur» que l’
Union européenne attache à son partenariat stratégique avec le
Maroc.
Cependant, traitant de l’affaire du
Sahara, vous auriez pu rappeler que 19 États membres de l’
Union européenne, et non des moindres, ont adhéré au
Plan d’autonomie présenté par le
Maroc.
4. J’ai noté que vous avez demandé au ministre des Affaires étrangères marocain que le «moment était venu pour le
Maroc d’expliquer et de développer sa proposition d’autonomie de 2007». Sur ce point, je me permets de rappeler la mission que le
Conseil de sécurité vous a confiée lors de votre nomination, celle de «rapprocher les points de vue des parties en vue de trouver une solution politique, réaliste, pragmatique, durable qui repose sur le compromis». Formule qui revient dans les résolutions du Conseil de sécurité depuis 2007 (n° 1754) jusqu’en 2023 (n° 2703).
Autrement dit, il faut d’abord que le
Conseil de sécurité affirme, clairement, que la solution politique qu’il préconise, c’est l’Autonomie dans le cadre de la souveraineté marocaine dont il a pris note depuis 2007, en «se félicitant des efforts sérieux et crédibles faits par le Maroc pour aller de l’avant vers un règlement» écartant tout recours au référendum. C’est suite à cette affirmation que commenceront les négociations sur les détails et le contenu de l’autonomie et c’est en ce moment là qu’intervient votre rôle en tant que facilitateur pour rapprocher les points de vue des Parties.
5. Dernier point : celui où vous dites que «discrètement» vous avez revisité et développé le «concept» d’une partition du territoire déjà évoqué par James Baker II», il y a plus de 20 ans.
Devant cette affirmation étonnante, je me permets de vous poser les questions suivantes :
• Pourquoi, vous ne vous êtes pas référé à la première mouture du plan de
James Baker qui préconise une large
autonomie du Sahara, dans le cadre de la
souveraineté marocaine, sachant qu’en 2001, Baker avait déclaré devant le Conseil de sécurité que le plan de partage auquel vous vous référez est une proposition algérienne faite par Bouteflika le 2 novembre 2001 ? Je me permets de vous rappeler que le Plan d’autonomie présenté par M. Baker en 2001, présenté par le Maroc au Secrétaire général le 11 avril 2007 n’est pas venu du néant. Il est en parfaite conformité avec la Résolution 742 (VIII) du 27 novembre 1972 où l’Assemblée générale a considéré que l’Autonomie accordée à un territoire non autonome est une solution valable pour que ce territoire perde son statut de non-autonomie.
• Au lieu de vous référer au plan de partage de Baker, pourquoi ne vous êtes-vous pas référé à la déclaration plus récente de l’Envoyé spécial du Secrétaire général, M. Van Walsun devant le
Conseil de sécurité où il affirme :
«L’indépendance du Sahara n’est pas une solution réaliste et un objectif atteignable ? Le statut actuel est intolérable : il est trop aisément accepté par les partisans inconditionnels du front polisario qui ne vivent pas eux-mêmes dans les camps et qui sont convaincus que ceux qui vivent préfèrent y demeurer indéfiniment plutôt que d’opter pour une solution négociée qui soit en deçà de l’indépendance totale». (Déclaration rapportée par «Le Monde» du 22 avril 2008).
• Vous affirmez que certains pays de la région et «d’ailleurs» ont manifesté un certain intérêt pour cette division du territoire.
Pourquoi n’avoir pas cité nommément ces pays ? Ne s’agit-il pas de l’Algérie (pays de la région) et de l’Afrique du Sud où vous vous êtes déplacé dans le cadre de votre mission sans que personne ne sache pourquoi vous avez consulté l’Afrique du Sud et non un autre pays comme la Malaisie ou l’Argentine ?
Pourquoi alors, n’avez-vous pas exposé votre option, plutôt, au «Groupe des amis du Sahara» composé de la France, la Russie, l’Espagne, le Royaume-Uni et les États-Unis» ?
La réponse est claire : trois de ces pays sont pour le Plan d’autonomie sous Souveraineté marocaine.
Enfin, vous déclarez que ni le Maroc, ni le polisario n’ont accepté le plan de partage auquel vous avez pensé. Pourquoi alors en parler devant le Conseil de sécurité ?
Monsieur l’Envoyé personnel,
Je terminerai par ce sentiment que vous avez ressenti, celui de «l’absence d’une vie meilleure» des populations qui vivent dans les camps de Tindouf en Algérie.
Si vous voulez sauver ces populations de cette situation, optez pour la seule «solution politique, réaliste, pragmatique et durable préconisée par le Conseil de sécurité depuis 2007. Celle de l’Autonomie dans le cadre de la Souveraineté marocaine, car c’est la seule solution qui tienne compte de la réalité sur le terrain.
Pour le reste, nous savons tous qui est derrière les obstacles à l’adoption de cette solution et pour quelles raisons.