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En forme de vœux pour le Sahara marocain (Tribune)

Il en est des souhaits comme des vœux, car ils se conjuguent en termes d’espérance, un sentiment qui relève de la probabilité de réalisation de nos désirs. Ainsi doit-on souhaiter que 2025 s’inscrive comme la date de rétablissement des droits du Royaume du Maroc sur son prolongement saharien.

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Par Hubert Seillan, président de la Fondation France-Maroc, paix et développement durable, avocat au barreau de Paris

La fiabilité d’une probabilité est directement subordonnée à ces deux données qui depuis la nuit des temps se combattent tout en s’enrichissant, je veux dire les faits et les idées. Plus les faits sont nombreux et vérifiés, plus le calcul probabiliste est en mesure de produire des certitudes sur l’avenir. Il en est ainsi, on ne peut plus hésiter, des schémas qui prolongent le réchauffement climatique. En revanche, lorsque les données factuelles sont sous l’emprise de sentiments ou d’idéologies générales et abstraites, la nature des intentions, généreuses ou criminelles, n’important pas, les meilleurs raisonnements probabilistes ne peuvent déboucher sur aucune réalité tangible.

Parce que notre calcul est essentiellement fondé sur des faits, la probabilité de la reconnaissance définitive des droits du Maroc sur son territoire du Sud en cette année 2025 est grande. Nous l’avons déjà montré, en termes d’espace et de temps dans notre livre «Le Sahara marocain» (2e éd. La Croisée des Chemins). Il n’est pas nécessaire d’y revenir ce jour du 31 décembre 2024. Ce sont les seuls faits du moment qui doivent retenir notre attention.

Une question de méthode

Comme l’ont démontré les philosophes grecs, puis musulmans et chrétiens, et ce avant le siècle des Lumières et les juristes modernes, les faits, avant toute analyse, doivent être dépouillés de leur coque, comme il en est des amandes, des marrons et des châtaignes. Or, pour des motifs divers, dont certains peuvent être généreux et d’autres tendus par des sentiments égoïstes et hostiles, des idéologies et des croyances du moment cachent les réalités des territoires du Sud. En conséquence, on se doit d’écarter tous les instruments de camouflage du raisonnement probabiliste. C’est là une exigence méthodologique fondamentale.

Mais à l’usage, l’exercice se révèle délicat. C’est qu’en effet la mise à jour des faits n’est pas aussi facile que celle des amandes et autres marrons. Dans le champ social et politique, les faits et les idées sont si fortement entrelacés et enracinés que dire ce qui relève de chacun peut faire l’objet de nombreuses objections. En vérité les idées et les faits vivent dans une sorte de combat permanent, les idées s’efforçant soit de réduire soit de prolonger l’expression des faits. Ainsi l’analyste qui souhaite construire un raisonnement objectif sur des réalités factuelles, doit savoir les nettoyer de leurs enveloppes idéologiques. Les juristes, parce qu’ils sont régulièrement confrontés à cet exercice préalable de distinction, savent combien il est parfois très compliqué.

Une méthode qui oblige les États et les Institutions internationales

Rappelons que la discussion internationale sur le Sahara marocain a été engagée par le Royaume en 1963 sur la base des termes du chapitre XI de la Charte des Nations unies, selon laquelle les «territoires dont les populations ne s'administrent pas encore complètement elles-mêmes» sont qualifiés de non autonomes. Le territoire était alors une colonie espagnole. Depuis le 6 novembre 1975, date de la Marche Verte ayant permis le rétablissement de la souveraineté du Royaume, il fait l’objet d’une contestation par une république ad hoc, organisée de toute pièce par l’Algérie.

Le contentieux est porté devant la quatrième Commission des Nations unies. À l’aube de l’année 2025, 17 territoires sont considérés comme «non autonomes». 15 sont des îles du Pacifique et de l’Atlantique. Le 16e, Gibraltar, est anglais et en Espagne et le 17e est le Sahara marocain. Cette analyse géographique permet d’observer que le Sahara est le seul territoire attaché physiquement à l’État qui l’administre. La portée de cette attache physique, qui fut et reste la source logique et évidente, d’autres attaches culturelles, cultuelles et économiques, mérite d’être considérée comme déterminante. Cette caractéristique est unique. Mais elle n’est pas suffisamment soulignée dans les instances internationales.

Un autre regard sur les facteurs nés de la colonisation complètera utilement cette vision cartographique. Il est bien connu que la France a créé des emprises sur des territoires marocains qui profitent aujourd’hui à l’Algérie, notamment avec la région de Tindouf et sans doute à la Mauritanie. Or le Maroc est respectueux des frontières issues de la colonisation.

Les analyses doivent porter aussi sur la réalité de ce qu’a été la souveraineté du Royaume au cours des siècles et jusqu’à ce jour. Le pays s’est toujours reconnu dans son Sultan, aujourd’hui dans son Roi, synthèse de sa souveraineté, et il peu important que certaines de ses régions aient été tenues avec une longe souple (bled Siba) ou administrées étroitement (bled Makhzen). D’ailleurs cette indifférence historique pour la rigidité du concept européen de frontière s’explique par le fait que le Royaume a toujours été reconnu internationalement comme un empire.

Pour conclure dans cette espérance pour 2025, j’observe que les faits sont là ! Qu’ils témoignent ! Qu’ils démontrent ! Il en va de la responsabilité du monde d’en accepter la leçon.
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