Nadia Ouiddar
12 Juin 2024
À 19:13
Le cinéaste palestinien tient absolument à raconter des histoires de sa ville natale, Gaza, en partageant ses propres expériences et points de vue, sans accepter les limites imposées par la politique internationale et une bureaucratie rigide. Bloqué dans l’Arctique du nord de la Norvège, ne pouvant communiquer avec sa famille qu’à travers Internet, il parvient avec le soutien de ses amis, à rester créatif et cultiver sa devise : la vie est belle. Ce documentaire autobiographique a remporté en 2024 le Prix du Jury de compétition internationale du meilleur film du Festival international du film documentaire sur les droits de l’Homme Jeden Svět (One World) à Prague. Cette production entre la Norvège, la Palestine et le Qatar est sur l’appartenance et l’identité nationale in absentia.
Dans «Life is beautiful», participant à la compétition officielle de la quinzième édition du Fidadoc, le réalisateur palestinien Mohammed Jabaly documente son déplacement entre Gaza et le nord de la Norvège. Jabaly aspire à exercer sa profession de cinéaste, mais il n’y parvient qu’après de longues épreuves. En effet, sans diplôme en réalisation d’un institut cinématographique, il achoppe sur le renouvellement de son séjour en Norvège. «Ce documentaire est entrecoupé de scènes d’archives montrant l’adolescence et la jeunesse du réalisateur à Gaza, raconte le critique Abdelkarim Ouakrim. Jabaly a commencé à filmer à l’époque où son père lui avait offert un téléphone portable avec une caméra. Il a réussi à intégrer ces scènes aux images brouillées dans le contexte général de la narration du film, comme des souvenirs et une nostalgie pour son pays et sa famille, alors qu’il souffre de l’exil dans le froid du nord de la Norvège.
On peut considérer une partie du film comme une documentation de la vie à Gaza, qui subit actuellement une destruction totale et un génocide des habitants et des lieux. En filmant son parcours personnel, Mohammed Jabaly capture également un parcours parallèle de la ville et de sa mémoire, vouée à l’effacement et à la destruction, bien qu’il ne sache pas encore que l’ampleur de la dévastation atteindrait son niveau actuel».
Pour le critique de cinéma marocain, «Life is beautiful» donne l’impression que son réalisateur ne se sépare jamais de sa caméra, que ce soit à Gaza ou en Norvège, comme si elle était collée à lui jour et nuit. Il semble avoir filmé de nombreuses heures dont il a extrait, lors du montage, les 93 minutes de son film.