Culture

Festival international du cinéma d'auteur de Rabat 2025 : un palmarès qui célèbre le cinéma mondial

Portée par une sélection internationale ambitieuse, la 30ᵉ édition du Festival international du cinéma d'auteur de Rabat a livré un palmarès où se côtoient émotions fortes, regards engagés et propositions esthétiques singulières. Entre découvertes audacieuses et confirmations artistiques, cette édition confirme la place du Festival parmi les rendez-vous cinématographiques majeurs, célébrant la diversité des voix et des récits venus des quatre coins du monde.

16 Novembre 2025 À 16:21

La 30ᵉ édition du Festival international du cinéma d'auteur de Rabat (FICAR) s’est achevée dans une atmosphère de célébration, révélant un palmarès riche et éclectique qui met en lumière la diversité du cinéma mondial. Entre œuvres intimistes, récits engagés et mises en scène audacieuses, le jury a récompensé des films venus de tous horizons, confirmant le rôle majeur du festival sur la scène culturelle marocaine.

Grand Prix Hassan II : «Obraz» (Monténégro)

Le prestigieux Grand Prix Hassan II et le Prix de la meilleure interprétation masculine ont été attribués au film monténégrin «Obraz» et à son acteur Edon Rizvanolli.

Cette œuvre dramatique plonge le spectateur au cœur de la Seconde Guerre mondiale en Yougoslavie. L’histoire suit un enfant persécuté, fuyant une unité fasciste ayant massacré ses parents et incendié son village, qui trouve refuge chez un inconnu. Cet hôte, musulman, est confronté à un dilemme moral intense : livrer l’enfant, compromettant ses convictions, ou mettre en danger sa propre famille pour le sauver, alors même que les différences religieuses pourraient déterminer la vie ou la mort en ces temps troublés.

En seulement 36 heures intenses le long de la frontière monténégrine, le film explore les choix cruciaux et les sacrifices d’un homme osant s’opposer aux puissants. À travers ce récit, «Obraz» délivre un puissant message pacifiste : en temps de guerre, l’humanité et la compassion restent nos valeurs les plus essentielles, capables de triompher de la violence et de la destruction.

La performance magistrale d’Edon Rizvanolli traduit toute la complexité émotionnelle de cet homme pris dans l’étau de la guerre, tandis que la mise en scène de Nikola Vukčević allie suspense shakespearien et profondeur historique, faisant de ce film un moment fort et mémorable du festival.

Autres distinctions

Dans un rôle sensible et délicat, l'actrice iranienne Fereshteh Hosseini s’est vu décerner le Prix de la meilleure interprétation féminine pour le film «Dwelling Among the Gods», réalisé par Vuk Ršumović. Sa performance nuancée a profondément marqué le public et le jury.

Le jury du FICAR a octroyé le Prix du scénario au film japonais «River Returns». Dans cette œuvre poétique, Masakazu Kaneko propose un conte imprégné de réalisme magique, où la nature et les êtres humains se répondent dans un dialogue transmis de génération en génération. Le film explore cette relation ancienne, marquée par le respect et la révérence envers «l’autre», qu’il s’agisse d’êtres humains ou d’entités invisibles, et montre comment ces liens façonnent notre manière de vivre et de percevoir le monde. À travers son récit poétique, Kaneko célèbre la mémoire, la continuité et l’harmonie entre l’homme et son environnement, offrant une réflexion sur la valeur de chaque vie et sur la transmission de ces principes à travers les siècles.



Le Prix du jury a été attribué au film «Songs of Adam» du réalisateur irakien Oday Rasheed, qui explore les thèmes de l’innocence, de la mémoire et du passage du temps, faisant de la nature et des paysages de Mésopotamie des personnages à part entière. Le film offre une réflexion symbolique sur la permanence de l’humanité au milieu des changements sociaux et politiques, tout en laissant au spectateur la liberté d’interpréter les événements et les symboles qu’il met en scène.

«Songs of Adam» a également été distingué par la FIPRESCI, la prestigieuse Fédération internationale de la presse cinématographique, confirmant son impact critique et artistique.

Cette 30ᵉ édition du Festival international du film de Rabat a confirmé sa capacité à faire dialoguer les cultures, offrir une vitrine aux talents émergents et célébrer un cinéma engagé, créatif et universel. Entre projections, débats et rencontres avec les professionnels, l’événement s’affirme comme un rendez-vous incontournable pour les cinéphiles et les acteurs du secteur, valorisant à la fois le cinéma marocain et les productions internationales.

Palmarès des films documentaires

• Grand Prix : «Yalla Baba» – Anji Ubaid (Belgique, Liban, Pays-Bas, Qatar).

• Prix du jury : «The Dying of the Light» – Ivan Peric & Álvaro Congosto (Croatie).

• Mention spéciale du jury : «Shot the Voice of Freedom» – Zeinab Entizar (Afghanistan).

• Mention spéciale : «Amerz» de Hicham Ibrahimi (Maroc).

Palmarès des courts métrages

• Meilleur court métrage marocain : «Chikha – Queen» de Ayoub Layoussifi et Zahoua Raji (Maroc).

• Meilleur court métrage expérimental : « Scattered Sea» – Lia Saile (Allemagne).

• Meilleur court métrage d’animation : «Ibuka, Justice» – Justice Rutikara (Canada)..

• Meilleur court métrage de fiction : «Almajhool» – Mohammed Sulaiman Mohammed (Oman).

• Meilleur court métrage documentaire : «I Told You So» – Malak El Sayed (coproduction Égypte, Allemagne, États-Unis).

• Mention spéciale du jury : «Gaza Bride 1717» – Wassem Khair (Palestine).
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