Culture

«Stronger Together» : Barthélémy Toguo au Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain

Le Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain accueille l’illustre artiste Barthélémy Toguo pour une exposition solo exceptionnelle. À partir du mardi 9 juillet, l’exposition «Stronger Together» célébrera l’art de la céramique marocaine, qui a fortement inspiré l’artiste lors de sa résidence de création, produite par le MMVI.

06 Juillet 2024 À 17:19

Ce n’est pas la première fois que Barthélémy Toguo expose au Maroc. Habitué de la 1-54 Art Fair et de la Galerie 38, l’artiste connaît bien le Maroc et sa scène artistique. Son solo show au Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain (MMVI), en préparation depuis 2023, vient couronner le lien fort entretenu avec le Royaume. Attendue par les connaisseurs et les amateurs d’art, l’exposition «Stronger Together» mettra en lumière des œuvres d’art qui combinent le savoir-faire artisanal marocain et l’art contemporain universel. Le solo show est conjointement dirigé par la curatrice Androula Michael, historienne de l’art contemporain et professeure des universités à l’UFR (Unité de formation et de recherche) des arts à l’Université de Picardie Jules Verne, et Abdelaziz El Idrissi, directeur du MMVI.

Une inspiration marocaine

Avec cette exposition, le MMVI mise encore une fois sur une star internationale, afin de nourrir l’appétence et la culture de son public cible. En témoignent, pour ne citer que cela, son invitation au Musée Picasso de Barcelone en 2022, afin de confronter ses céramiques à celles du maître espagnol, ou encore son Installation éphémère sous la verrière de la pyramide du Louvre en 2023, intitulée «Le pilier des migrants disparus», en référence aux bagages emportés par les migrants dans leur traversée vers l’Europe.

Si Barthélémy Toguo réinvente constamment ses motifs, son travail se laisse imprégner par l’environnement dans lequel il crée. Chaque lieu, chaque culture qu’il côtoie influencent subtilement ses œuvres, apportant une richesse et une diversité uniques à son corpus. C’est ainsi que l’on découvre, par touches discrètes, des motifs géométriques issus de l’artisanat marocain, intégrés dans des œuvres célébrant le vivant, humain et animal, créant un dialogue visuel fascinant entre structures et nature.

Dans ses couleurs, l’artiste continue à privilégier les œuvres bicolores, créant un contraste saisissant qui renforce l’impact visuel de ses créations. Cette palette restreinte permet de mettre en lumière les formes et les motifs, accentuant la profondeur et la texture de chaque pièce. Cette approche colorimétrique minimaliste ouvre le champ à l’expérimentation et à l’interprétation.

Entre humour et provocation

Barthélémy Toguo est un bien étrange personnage. Ce natif de 1967 au Cameroun a commencé sa carrière en recopiant les sculptures classiques européennes, jusqu’à ce qu’un atelier de sculpture sur bois change radicalement son orientation en 1992. L’artiste plie bagage et s’envole pour poursuivre ses études à l’école supérieure d’art de Grenoble, avant de s’inscrire dans l’atelier de Klaus Rinke à la Kunstakademie de Düsseldorf.

Après la photo et la vidéo, il s’intéresse à la performance. Il entame alors la série des «Transit» en 1996. Ces performances, qui prennent place dans des aéroports, gares, ou autres lieux de passage, mettent Barthélémy Toguo dans des situations où l’humour jouxte la provocation, pour faire réfléchir à la condition du migrant. Tantôt, l’artiste se présente à l’embarquement de son vol à l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle, muni d’une cartouchière remplie de carambars. Tantôt, il prend place en première classe, habillé en éboueur.

Plus qu’un simple désir de provoquer, le travail de Barthélémy Toguo revêt une dimension politique qu’il ne cesse de brandir. Les flux humains se manifestent particulièrement dans son travail, et la condition du migrant ne lui est pas étrangère. Son engagement pour l’art africain se concrétise par son entreprise de créer un Musée d’art contemporain au Cameroun, ainsi que par son investissement dans la mise en lumière d’autres artistes africains.
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