Économie

Comment mettre en place un Cloud national de façon sécurisée

Toutes les données ne peuvent pas aller sur le Cloud. Surtout celles qualifiées de sensibles ou de critiques. Pour tout le reste, le Cloud n’est plus un «nice to have», mais un «must have». Mais ce passage ne doit pas comporter de risques. Classées par ordre d’importance, ces données doivent ensuite être confiées à des tiers de confiance, aux normes les plus avancées technologiquement. Le tout doit être accompagné juridiquement. L’objectif est de maintenir ces données sur le sol marocain, à travers un Cloud national public, qui serait accessible aux administrations, aux entreprises et startups. La première édition du Congrès national sur le Cloud computing s’attaque à la cybersécurité, un des paliers importants de cette transition.

08 Octobre 2024 À 16:35

La cybersécurité est accélératrice de la transition digitale. Sans elle, la transformation dans laquelle s’est engagé le Royaume serait même en péril. C’est l’un des principaux messages sur lesquels se sont accordés, lundi, les participants à la première journée du Congrès national du Cloud computing.

D’ailleurs, le thème choisi pour cette première édition de ce Congrès de deux jours, organisée sur Hautes Instructions de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, reflète l’importance de la question : «Ensuring Secure Cloud Migration – Unleashing Cloud Security : Present trends, innovations, and pathways to the future».



Lors de son intervention, Ghita Mezzour, ministre déléguée auprès du Chef du gouvernement, en charge de la Transition digitale et de la réforme de l’administration, a ainsi insisté sur l’importance de cette composante. «Pour une transformation digitale sûre, les données sensibles doivent être hébergées au Maroc», a-t-elle insisté. Un Cloud national public s’impose donc de facto pour assurer la Souveraineté numérique du pays, pour plusieurs raisons.
  • Premièrement, certaines solutions, nécessaires à la réussite de cette transformation, ne sont disponibles que sur le Cloud.
  • Deuxièmement, le Cloud permet de bénéficier des économies d’échelle qu’offrent les providers (fournisseurs).
  • Troisièmement, investir massivement dans l’infrastructure (serveurs...) et les équipes (très spécialisées) est un effort dont l’utilité n’est qu’éphémère. Les avancées technologiques étant très rapides, tout (infrastructure, sécurité et compétences) devient rapidement obsolète. «Au bout de 3 ans en moyenne», partage Mme Mezzour.
  • Quatrièmement, les providers offrent un niveau de sécurité élevé. «Il ne faut pas avoir peur des providers, mais des hackers», explique-t-elle. Et pour cause, les premiers sont toujours à la pointe de la technologie. Le tout est de s’assurer que les cadres réglementaires et techniques sont aux normes, estime-t-elle.
Et justement, «établir un cadre de confiance permet de protéger les données et l’intégrité des transactions», explique pour sa part le Général El Mostafa Rabii, DG de la Direction générale de la sécurité des systèmes d'information (DGSSI). «Une migration pas suffisamment sécurisée créerait des vulnérabilités critiques exploitables par des acteurs malveillants, mettant en péril notre Souveraineté», prévient-il.

Une cybersécurité renforcée, en revanche, garantirait la résilience des systèmes et offrirait la souplesse nécessaire à l’innovation.

En plus d’accélérer la transition digitale du pays, notamment la digitalisation des services publics, un Cloud national permettrait aux PME de se digitaliser plus rapidement, fait remarquer, pour sa part, Sara Lamrani, secrétaire générale au sein du ministère de la Transition numérique et de la réforme de l’administration. Mme Lamrani intervenait lors du premier panel de ce Congrès sur le thème «Accélérer et optimiser la digitalisation par le Cloud : Stratégies de migration sécurisée».

Les étapes d’un passage sécurisé vers le Cloud

Comment alors passer vers le Cloud de manière sécurisée ? En respectant certaines étapes, explique le Général Rabii : effectuer une classification des données concernées, connaître les mesures à appliquer à chaque catégorie, évaluer les vulnérabilités, mettre en place un plan de passage vers le Cloud, commencer par les données/systèmes les moins critiques, effectuer des formations au profit des équipes/utilisateurs...

Et pour réussir davantage cette transition vers le Cloud, il est aussi important de s’inspirer des expériences réussies de nos voisins du continent. C’est pour partager l’expérience sénégalaise que Bassirou Abdoul Ba, directeur général de Sénégal Connect Park, a fait le déplacement. Normes de protection des données personnelles, stratégie IA (Intelligence artificielle), qualité des Datacenters, confiance des utilisateurs ont été les principaux sujets de partage qu’il a abordés.

Pour sa part, Denyse Ntaganda, représentant le Smart Africa, s’est concentrée sur les différents défis liés au Cloud : infrastructures, accès au haut débit, manque de professionnels qualifiés... Elle a ensuite rappelé les différents services que sa structure propose aux pays membres.

De son côté, le deuxième panel de la première journée s’est consacré aux retours d’expériences des principaux ministères marocains qui ont franchi le pas de la digitalisation. Ministère de l’Enseignement supérieur, ministère de l’Agriculture, ministère de la Justice et ministère de l’Éducation nationale sont ainsi, tour à tour, revenus sur leurs projets respectifs et leur utilité.

Organisé au Centre des congrès de l’Université Mohammed VI Polytechnique, par le ministère de la Transition numérique et de la réforme de l’administration et la Direction générale de la sécurité des systèmes d'information (DGSSI), l’événement qui ferme ses portes rassemble les experts en sécurité Cloud de plusieurs pays, des décideurs politiques, des universitaires et des professionnels du secteur. Tendances, innovations et défis actuels et futurs du Cloud sont au centre des discussions. Le congrès vise ainsi à mettre l’accent sur la nécessité urgente d’adopter des solutions Cloud par les administrations et les entreprises tout en maintenant le plus haut niveau de sécurité que peuvent offrir la technologie et la réglementation.
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