Économie

Quand l’alerte porte sur des concombres français, le silence domine

Alors que les tomates cerises marocaines ont récemment fait l’objet d’une attention médiatique accrue en France, nourrie de critiques exagérées et infondées sur leur impact environnemental ou leur conformité sanitaire, une alerte sérieuse sur des concombres cultivés en France semble passer inaperçue dans les mêmes médias. Une différence de traitement qui soulève des questions sur la cohérence et l’impartialité de certaines campagnes d’opinion autour des produits agricoles importés.

17 Septembre 2025 À 17:10

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Le 11 septembre 2025, le site officiel Rappel Conso, portail gouvernemental français dédié aux alertes sur les produits dangereux, publiait un avis de rappel portant sur plusieurs lots de concombres cultivés en France. L’alerte évoque une « non-conformité chimique » liée au dépassement des limites autorisées en produits phytosanitaires. Les risques encourus pour les consommateurs sont jugés suffisants pour que les autorités recommandent explicitement de ne plus consommer les produits en question, de les rapporter au point de vente, et de cesser immédiatement leur usage.



Malgré le caractère sérieux de l’alerte, aucune large couverture médiatique n’a été observée, ni dans la presse grand public, ni sur les plateaux des chaînes d’information en continu. Cette discrétion tranche singulièrement avec le traitement réservé aux tomates cerises marocaines, qui ont fait l’objet ces derniers mois d’une campagne virulente remettant en cause leur présence sur le marché français. Pourtant, aucune alerte sanitaire officielle, ni dépassement des seuils de résidus phytosanitaires, n’a été notifié à leur encontre.

Un contexte commercial sous tension

Cette différence de traitement intervient alors que les importations de concombres en France ont progressé de 9% entre janvier et avril 2025, atteignant 31.500 tonnes, tandis que les exportations françaises de ce légume n’augmentaient que de 2%, pour un volume de 6.400 tonnes. Ce déséquilibre commercial, avec un déficit net de 25.100 tonnes (+10% sur un an), confirme la forte dépendance de l’Hexagone aux importations, notamment en période estivale, période de pic de consommation.

Dans ce contexte, les attaques répétées contre les produits marocains sont une forme de protectionnisme déguisé, visant à contenir la compétitivité de l’offre agricole du Royaume sur le marché européen. Le Maroc, dont les filières agricoles sont de plus en plus alignées sur les normes sanitaires européennes, demeure pourtant un fournisseur de premier plan, notamment pour les produits frais de saison comme les tomates, les poivrons ou les agrumes. L’unique rappel sanitaire en lien avec les tomates cerises ces derniers mois ne concernait pas le Maroc, mais bien d’autres origines.
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