Saïd Naoumi
27 Décembre 2024
À 13:35
Bonne nouvelle pour les
producteurs d’oignons dans la
région de Fès-Meknès. Le projet de mise en place d’une unité moderne de
stockage et de conditionnement dédiée à ce produit est pratiquement bouclé. Son entrée en service permettra aux agriculteurs de la région d’éviter la perte de 30% de cette importante récolte et, partant, d’améliorer la qualité et l’
exportation des oignons vers les marchés nationaux et internationaux.
Le projet, exécuté par l’
Agence régionale d’exécution des projets de Fès-Meknès, compte huit compartiments d’une capacité de stockage de 4.000 tonnes et couvre une superficie totale de 4.672 m2. Sa réalisation aura nécessité une enveloppe budgétaire de 18,5 millions de dirhams, financé en intégralité par le conseil régional. La plateforme est située dans l’
Agropolis de Meknès. La culture d’oignon figure en bonne place dans la filière maraîchère du Royaume. En effet, dans les superficies agricoles réservées au maraîchage de saison et qui s’élèvent à près de 200.000 hectares, la
culture d’oignon pèse pour 10%, se situant après la pomme de terre (24%) et le melon-pastèque (21%) et devançant la tomate (8%) et la carotte (5%).
La production nationale totale en bulbes est estimée entre 300.000 et 400.000 tonnes par an, soit un rendement moyen variant entre 18 et 21 tonnes par hectare. La
région de Fès-Meknès tient la corde des principaux bassins de production suivie de
Béni Mellal-Khénifra et
Marrakech-Safi. Notons que la majorité des besoins en oignon sont assurés par la production nationale. Selon une étude menée en 2023 par deux chercheurs marocains,
Bouchra Hamidi et
Brahim Bourkhiss, sur la rentabilité de la
production d’oignons au Maroc, cette culture procure des revenus aux agriculteurs bien qu’elle ne soit pas très profitable à tous.
Pour les producteurs qui utilisent un système d’irrigation gravitaire, leur niveau de rentabilité pourrait être contraint par le coût élevé de la production dont la source serait l’inefficacité d’utilisation de l’eau d’irrigation. Pour les petites exploitations, la baisse de rentabilité est due à une utilisation d’intrants non expliquée et la non-maîtrise de la technicité de la culture. Les résultats de l’analyse corrélationnelle réalisée par les deux chercheurs ont mis en évidence l’effet significatif et positif du type d’irrigation et le niveau d’instruction sur le revenu net. Il s’avère, selon eux, nécessaire pour les exploitants de choisir les techniques agricoles nouvelles et innovantes qui augmentent la productivité et l’efficacité de la production et convertir leur irrigation au goutte à goutte.
En outre, la rentabilité de l’oignon s’est aussi montrée sensible à la diminution inattendue de la production qui pourrait être due aux différents risques agricoles. Il est essentiel que les exploitants aient une bonne compréhension de ces risques afin de pouvoir gérer la sensibilité de leur production vis-à-vis un certain nombre de facteurs susceptibles de causer une diminution de la rentabilité. Spécifiquement pour le coût de production, la corrélation positive avec le revenu agricole net souligne l’importance des investissements dans les activités de production agricole. En outre, indique l’étude, étant donné que la rentabilité est sensible au niveau du coût de production, il est crucial de maîtriser ce dernier. Ceci demanderait à certains producteurs de prêter attention à leurs choix lorsqu’ils prennent des décisions concernant les investissements et l’allocation des fonds, assurer un encadrement technique et des formations aux agriculteurs sur la technique d’irrigation localisée connue plus efficiente et encourager la minorité des agriculteurs utilisant l’irrigation gravitaire de passer à l’irrigation localisée. Les résultats de la recherche montrent que la production d’oignons dans la région de Fès-Meknès est toujours rentable. Si elle remplit toutes ces conditions, l’oignon maintiendra sa qualification de culture de sécurité alimentaire au marché marocain et africain.