Rochdi Mokhliss
14 Avril 2025
À 11:07
Dès l’ouverture, le ton est donné par le Chef du Gouvernement,
Aziz Akhannouch, qui affirme avec conviction :
« Nous ne devons pas rester un champ d’expérience, mais nous devons participer à la production. » Une déclaration qui illustre la volonté du Maroc d’en finir avec une posture passive face aux mutations technologiques et de se positionner comme acteur décisionnaire et producteur de solutions numériques à l’échelle continentale.
Dans cette dynamique, le Royaume entend faire de la cybersécurité un socle stratégique. Invité d’honneur du salon, le
Dr Mohamed Al Kuwaiti, président du Conseil de la cybersécurité des Émirats arabes unis, alerte : les
pertes liées aux cyberattaques dépassent désormais les montants investis dans les projets digitaux. Il insiste :
« Il ne peut y avoir de transformation numérique sans sécurité en amont. » Pour lui, la résilience des écosystèmes numériques africains dépend de leur capacité à intégrer des mécanismes de protection dès la phase de conception.
Cette approche est pleinement assumée par les autorités marocaines.
Amal El Fallah Seghrouchni, ministre déléguée chargée de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration, rappelle que
« nous entrons dans l’ère de l’intelligence », mais interroge : comment faire de cette ère une opportunité pour créer nos propres technologies, en phase avec les spécificités et ambitions du continent ? À travers la stratégie
« Maroc Digital 2030 », le pays ambitionne de devenir un acteur structurant, capable de concevoir, adapter et sécuriser ses propres innovations.
Cette vision prend forme dans un contexte d’effervescence sans précédent. Selon Sidi
Mohammed Drissi Melyani, directeur général de l’Agence de Développement du Digital (ADD), l’édition 2025 de Gitex Africa enregistre une participation record : plus de 1.500 exposants, 800 startups, 130 délégations officielles internationales et 350 investisseurs sont réunis à Marrakech, faisant de l’événement une véritable plateforme panafricaine d’innovation et d’action. L’édition de cette année anticipe également les grands chantiers à venir, à commencer par la Coupe du Monde 2030, que le Maroc coorganisera. Le numérique y jouera un rôle central, notamment via le thème
SportTech, pensé comme catalyseur de modernisation des
infrastructures sportives et d’innovation dans le secteur.
Dans cette optique,
Chakib Alj, président de la CGEM, présente une feuille de route pour faire du Maroc un hub régional de compétences numériques. Objectif : former et attirer 100.000 talents digitaux par an, marocains et étrangers. Pour y parvenir, le pays mise sur la compétitivité de son énergie verte, un accompagnement renforcé à l’entrepreneuriat technologique, et une généralisation de la
5G à 70% de la population d’ici 2030, condition indispensable à la maturité digitale du pays.
Au-delà des annonces, Gitex Africa Morocco 2025 met en lumière une conviction commune : la transformation numérique ne peut être ni rapide, ni durable sans socle de sécurité robuste. C’est à cette condition que le Maroc, et avec lui l’Afrique, pourra prendre pleinement part à la définition de la prochaine ère technologique mondiale, non comme simple utilisateur, mais comme co-auteur d’un avenir numérique souverain, inclusif et résilient.