LE MATIN
22 Mai 2024
À 20:05
Les pays africains sont bien conscients des retombées de l’intégration, a-t-il avancé, notant que de nombreuses initiatives avaient été lancées dans ce sens et avaient conduit notamment à la constitution des Communautés économiques régionales. Dans ce sillage, il a rappelé le lancement de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), faisant observer que cet accord constituait une lueur d’espoir au regard de ses retombées potentielles. En effet, bien que largement approximatives, les différentes évaluations réalisées sur ses impacts montrent des gains substantiels.
M. Jouahri a également relevé que les simulations effectuées par le
Fonds monétaire international (FMI) indiquent que la mise en place de cette zone, si elle est accompagnée des réformes facilitant les échanges, pourrait augmenter la médiane des
échanges commerciaux de l’Afrique avec le reste du monde de 15% et avec les pays africains de 53%, ce qui contribuerait à une hausse du PIB médian par habitant de plus de 10%. Il a, par ailleurs, estimé que l'Afrique a un long chemin à parcourir, dans la mesure où elle a besoin de valoriser son
capital humain pour tirer profit de son
dividende démographique, de réformer en profondeur ses économies pour mieux fructifier ses richesses et de combler son énorme déficit en infrastructures.
Le wali de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, est revenu, à l’occasion du point de presse à l’issue du Conseil de la Banque le 19 mars, sur différents sujets en rapport avec la politique monétaire. Ainsi, pour le projet de structure de défaisance des créances en souffrance, le gouverneur de l’Institut d’émission espère une installation de ce marché d’ici la fin d’année, si des complications ne surgissent pas dans les 100 derniers mètres du projet. Évoquant la montée du cash dans les transactions, le wali ne cache pas son inquiétude tout en révélant un projet d’enquête menée par son département de recherche sur la question. Au sujet, d’Intelaka, Jouahri alerte surtout sur le taux de rejet des dossiers qui s’élève à 40%.
Cela nécessite des ressources conséquentes dans un contexte caractérisé par l’amenuisement des marges budgétaires et le durcissement des conditions de financement, a-t-il recommandé, notant que selon la
Banque africaine de développement (BAD), les besoins non satisfaits de financement pour l’infrastructure se situent entre 68 milliards et 108 milliards de dollars par an. Et d'ajouter qu'outre les
ressources financières, la réussite de la mise en œuvre d'un tel agenda de réformes nécessite d’abord un environnement de stabilité politique et de sécurité, qui fait malheureusement défaut aujourd’hui dans certaines régions du continent.
L'Afrique a pourtant un potentiel de développement énorme, a poursuivi M. Jouahri, soulignant que la première richesse du continent n'est autre que sa démographie avec une population jeune et en forte croissance. Il a également noté que malgré le contexte international difficile, l'Afrique était appelée à émerger et à trouver sa place au sein de l’échiquier mondial, faisant observer que l'accès de l'Union africaine en 2023 au statut de membre permanent au sein du
G20 et la décision récemment de l’attribution d’un troisième siège au continent au sein du Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) ne sont que les signes précurseurs de l’ascension inéluctable de l’Afrique vers la position qui lui échoit au niveau international.
Parallèlement, le wali de BAM a indiqué que le continent africain avait toujours occupé une place centrale dans les orientations stratégiques du Maroc, faisant savoir que
S.M. le Roi Mohammed VI avait «souvent appelé à un codéveloppement gagnant-gagnant et lancé des chantiers d’envergure à l’instar du Gazoduc Maroc-Nigeria qui devrait contribuer à la diversification de l’approvisionnement énergétique pour de nombreux pays et de sa participation à garantir la sécurité alimentaire au continent, ainsi que l’Initiative Atlantique qui vise à faciliter l’intégration commerciale de plusieurs pays enclavés».
Les
politiques publiques en matière d’échanges commerciaux et d'investissement consacrent en général un traitement largement spécifique et favorable aux relations avec le reste du continent, facilitant ainsi l'installation de nombreux groupes marocains dans les services financiers, le secteur minier, les télécoms et l’immobilier, entre autres, a-t-il noté. Dans cette lignée, M. Jouahri a indiqué que BAM, conformément à la Vision Royale, a incité et accompagné le
secteur bancaire dans le développement de ses relais de croissance externe en Afrique.
Les banques marocaines sont aujourd’hui présentes dans plus d’une trentaine de pays sur le continent où elles réalisent près de 23% de leur activité, a-t-il précisé. «En tant que Banque centrale, nous entretenons des relations étroites de partage d’expériences et d’expertise avec de nombreux régulateurs sur le continent, soit de façon bilatérale, soit dans le cadre d’instances telles que l’Association des Banques centrales africaines, la Commission économique pour l’Afrique ou encore l’Union africaine», a-t-il fait valoir.
Initiée par BAM, le Laboratoire de recherche en innovation, responsabilités et développement durable (INREDD) de l'
Université Cadi Ayyad de Marrakech et Bernoulli Center for Economics (BCE) de l’Université de Bâle, en collaboration avec le
Conseil régional de Dakhla-Oued Eddahab, cette édition des JIMF est marquée par la présentation de 18 travaux de recherche en lien avec la thématique de l'événement, réalisés par des chercheurs issus de 12 universités nationales et internationales. Ces journées sont rehaussées par la participation de plusieurs intervenants, dont des ambassadeurs de plusieurs pays du Sahel, des présidents de Conseils économiques, sociaux et environnementaux et des acteurs locaux de plusieurs villes et régions du continent, ainsi que des présidents d’universités africaines de renom.