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Créances en souffrance, montée du cash... : les révélations de Abdellatif Jouahri

Le wali de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, est revenu, à l’occasion du point de presse à l’issue du Conseil de la Banque le 19 mars, sur différents sujets en rapport avec la politique monétaire. Ainsi, pour le projet de structure de défaisance des créances en souffrance, le gouverneur de l’Institut d’émission espère une installation de ce marché d’ici la fin d’année, si des complications ne surgissent pas dans les 100 derniers mètres du projet. Évoquant la montée du cash dans les transactions, le wali ne cache pas son inquiétude tout en révélant un projet d’enquête menée par son département de recherche sur la question. Au sujet, d’Intelaka, Jouahri alerte surtout sur le taux de rejet des dossiers qui s’élève à 40%.

Abdellatif Jouahri.
Abdellatif Jouahri.
Le fameux projet de marché secondaire des créances en souffrance entrevoit le bout du tunnel. Selon le gouvernement de Bank Al-Maghrib (BAM), Abdellatif Jouahri, le texte de loi portant cette future plateforme devra être fin prêt d’ici la fin de cette année. Le gouverneur de la Banque centrale qui s’exprimait lors du point de presse à l’issue du conseil de l’institution, tenu le 19 mars, tient à préciser que ce projet est dans les 100 derniers mètres. «Très souvent, les 100 derniers mètres sont les plus difficiles et réservent parfois des complications», relève Jouahri qui affirme avoir tenu récemment une réunion avec toutes les parties prenantes de ce projet, dont le secteur bancaire, les sociétés de financement, les ministères de la Justice, du Commerce et des Finances et la présidence du Ministère public. «Nous avons pris dans ce cadre les remarques des uns et des autres afin de finaliser les conditions de cession des créances en souffrance à des tiers», révèle Jouahri.



Le processus de mise en place de la future structure de défaisance implique également la Direction générale des impôts (DGI) avec laquelle BAM mène également des discussions autour des aspects fiscaux de ce projet. «Bien sûr, la cession des créances sur ce marché sera contractuelle entre la banque qui cède et celui qui achète. Dans ce processus surgit le problème du provisionnement qui doit être fait ou pas. De toute façon, la DGI est autour de la table. J’espère que ce projet aboutit d’ici la fin de l’année. Je dis bien j’espère, car je me méfie toujours des 100 derniers mètres», détaille le wali de l’Institut d’émission qui salue au passage le pilote de ce projet, à savoir le secrétariat général du gouvernement (SGG). Selon les données de BAM, les créances en souffrance sont montées de 5,6% en 2023 et leur ratio à l’encours du crédit bancaire a marqué un recul à 8,6%. Dans le détail, la Banque centrale indique que ces créances se sont accrues de 6,5% pour les entreprises non financières privées et de 4,2% pour les ménages avec des ratios respectifs de 12,6 et 10%.

La montée de la circulation du cash préoccupe Jouahri

La montée de la circulation du cash figure parmi les préoccupations de BAM. «Nous constatons en effet que le cash est en constante croissance année après année. Il y a quelques années, le rythme de croissance du cash ne dépassait pas les 6 à 7%. Un niveau acceptable d’ailleurs eu égard à la croissance démographique. Mais aujourd’hui, le cash affiche une progression de 11,5%. Un niveau qui est très élevé», s’alarme le wali de la Banque centrale. Face à cette situation, Jouahri affirme que l’ensemble de l’écosystème se mobilise afin de favoriser une digitalisation accrue des transactions commerciales. «Le fait est qu’il y a encore une certaine réticence vis-à-vis des transactions digitales et qui tient à des facteurs culturels», note le patron de BAM.

Pour cerner les différents aspects et enjeux qui entourent cette problématique liée à la circulation du cash, Jouahri affirme avoir chargé son département de recherche de mener une enquête. Celle-ci devra ainsi décrypter les différents facteurs pouvant expliquer la prédominance du cash. De même, la Banque centrale entend redoubler d’efforts dans son travail de sensibilisation du public en diffusant des capsules en darija et en amazigh sur l’importance et les avantages des transactions digitales. De même, souligne-t-il, l’appui de l’État est très important. En effet, l’État pourra contribuer à lutter contre l’utilisation du cash en digitalisant davantage les transferts et les aides octroyés aux citoyens à l’instar de ce que fait l’Inde. Rappelons qu’en 2023, la progression de la circulation fiduciaire a connu un ralentissement passant de 11,9 à 11,4%.

Cession de Société Générale : Jouahri n’en révèle pas grand-chose

En abordant le sujet d’une possible cession de la filiale marocaine du groupe bancaire français, Société Générale, le wali de BAM pèse ses mots. Ainsi, on n’en saura pas plus que cette rencontre du management de groupe bancaire tricolore avec le gouverneur de BAM. Le groupe français a fait ainsi part à Jouahri de son intention de vouloir céder sa filiale marocaine. Réponse de Jouahri : «Quand vous serez prêts, nous étudierons votre dossier». Pour Jouahri, le cadre juridique est clair pour ce genre d’opération. Selon lui, tout changement de contrôle d’une banque devra faire l’objet d’un renouvellement de l’agrément par le repreneur. De même, souligne Jouahri, le dossier de l’opération est minutieusement étudié par le régulateur qui doit, entre autres, analyser le projet industriel porté par l’acquéreur, son business plan et sa valeur ajoutée pour le secteur. À ce moment-là, poursuit Jouahri, si l’opération revêt un intérêt pour le secteur et pour l’État, le feu vert est donné.

Intelaka : un rapport de la Cour des comptes arrive

Un peu plus de 8 milliards de dirhams ont été décaissés dans le cadre du Programme intégré d’appui et de financement des entreprises (Intelaka) profitant ainsi à des milliers de bénéficiaires. Malgré ce niveau de décaissement, le wali de BAM alerte sur le taux de rejet des dossiers qui demeure élevé, soit 40%. «Ce que nous avons essayé de faire c’est de renforcer les mesures d’accompagnement à travers les CRI (Centres régionaux d’investissement). Les mesures d’accompagnement qui ont été mises en place sont déployées au fur et à mesure du déroulement du projet. D’ailleurs, le budget dédié à l’accompagnement et qui était de 100 millions de dirhams a été doublé afin que cette opération puisse se faire dans les meilleures conditions», souligne le gouverneur de BAM. Eu égard aux perturbations qu’aurait connues ce programme, la Cour des comptes s’y était intéressée. La Juridiction financière a ainsi établi un projet de rapport sur ce programme. Jouahri n’en révélera aucune conclusion se contentant d’avancer que «nous sommes en train de voir (le ministère des Finances et BAM) ce rapport avec la Cour des comptes parce qu’il y a des choses qui ont été mal interprétées». Ce document, une fois finalisé, sera présenté aux différentes parties prenantes, poursuit le gouverneur de la Banque centrale.
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