Rochdi Mokhliss
17 Octobre 2024
À 10:26
Lors de sa toute première intervention en tant que président du conseil d’administration de la
Bourse de Casablanca,
Brahim Benjelloun Touimi, a souligné l'importance du partenariat avec la WFE, une organisation qui regroupe 250 membres et plus de 55 000 sociétés cotées.
"Nous sommes dans une étape de transformation de la Bourse de Casablanca," a-t-il déclaré, ajoutant que la collaboration avec des instances internationales telles que la WFE est essentiel pour l’évolution des marchés émergents.
Des défis juridiques et avancées prometteuses
Le marché à terme fait face à des défis d'ordre juridique, comme l'a expliqué
Bassil Zekri, chef du département des marchés à l'
Autorité Marocaine du Marché des Capitaux (AMMC). Le Dépositaire Central n’a pas encore pleinement reconnu ses droits de règlement, posant ainsi des obstacles à la compensation des produits financiers. Cependant, Zekri a assuré que des avancées ont été réalisées, notamment en ce qui concerne la standardisation des instruments financiers et la protection accrue des investisseurs.
"La loi permet également l’ouverture à l’international, autorisant le traitement d’instruments financiers de droit étranger, tels que les CDS et swaps de crédit," a-t-il souligné, renforçant l'importance d'une démarche progressive dans le déploiement du marché à terme.
Tous les intervenants ont mis en avant l’importance de l’implication des différents acteurs du marché, qu’il s’agisse des banques, des brokers ou des investisseurs.
Amin Maamri, président de l’
Association Professionnelle des Sociétés de Bourse (APSB), a salué l’initiative :
"Ce nouveau marché va contribuer à améliorer la liquidité des marchés financiers marocains, en réduisant les spreads et en attirant un plus large éventail d’investisseurs, notamment des investisseurs individuels."Le lancement du marché à terme de la Bourse de Casablanca représente une étape clé dans la modernisation des infrastructures financières du Maroc. Si les défis juridiques et réglementaires restants sont surmontés à temps, il pourrait devenir un outil essentiel pour le développement des marchés de capitaux du pays, consolidant ainsi la place Casablancaise en tant que centre financier régional.
La présence d’experts internationaux, notamment de la WFE et de la Deutsche Börse, a souligné l'importance stratégique des marchés à terme pour les économies émergentes.
Nezha Hayat, présidente de l’AMMC, a confirmé que
« ce marché apportera une nouvelle dimension aux marchés financiers marocains, en offrant des outils supplémentaires pour la gestion des risques financiers et en contribuant à une plus grande profondeur du marché. » Infrastructure Technologique et Coordination Régionale
Adel ElAroussi, représentant du groupe
compensateur au sein de
GPBM (Groupement Professionnel des Banques du Maroc), a mis l'accent sur l’importance d’une infrastructure technologique sécurisée pour gérer le risque de crédit. Il a souligné la nécessité de standardiser les processus et de reconnaître des conventions internationales pour faciliter les transactions transfrontalières.
ElAroussi a également mentionné les progrès réalisés dans la mise en place des systèmes de trading et de compensation, tout en soulignant la collaboration avec d'autres marchés africains, notamment la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM). "La coopération régionale est essentielle pour renforcer la compétitivité du marché marocain à terme," a-t-il ajouté.
Formation et préparation des ressources
Un point clé soulevé durant le symposium est la formation des ressources humaines spécialisées. Les intervenants ont unanimement insisté sur la nécessité de former des opérateurs capables à gérer les complexités du marché à terme. Le développement de ce marché repose non seulement sur des infrastructures solides, mais aussi sur des compétences humaines qualifiées pour répondre aux exigences du marché.
Le marché à terme de Casablanca, bien qu'encore en phase de
préparation, s’annonce comme un levier stratégique pour le renforcement des marchés de capitaux marocains. Le symposium a permis de mettre en lumière les efforts collectifs des différents acteurs du marché, tout en restant réaliste quant aux défis restant à surmonter, notamment sur le plan réglementaire et technologique. Comme l’a affirmé Brahim Benjelloun Touimi, "ce n’est pas un pari, c’est une conviction et une prédiction raisonnable." Le Maroc, grâce à une vision stratégique partagée, pourrait bien s’imposer comme un modèle de gouvernance et d'innovation sur le continent africain.